Aujourd’hui en Suisse
Chers et chères Suisses du monde,
En Suisse, la démission d’un ministre surprend rarement, pas plus qu’elle ne marque une rupture. Après 40 ans de politique, dont 12 à la tête de l’UDC et 13 au Conseil fédéral, le grand argentier Ueli Maurer s’en ira donc à la fin de l’année. Les hommages affluent et la question se pose déjà de savoir si le parti de la droite conservatrice va présenter une femme à sa succession, ce qui serait une première.
Aujourd’hui, nous tirons également le bilan de la session d’automne des Chambres fédérales, nous donnons la parole à deux élus suisses sur les vives critiques formulées ici par cinq opposants russes de premier plan et nous faisons le point sur la perspective de voir une future COP sur le climat se tenir en Suisse.
Bonne lecture et excellent week-end,
Après quatorze ans au gouvernement et trois décennies dans la Berne fédérale, le conseiller fédéral UDC Ueli Maurer annonce sa démission. Il quittera ses fonctions à la fin de l’année. Le Zurichois avait déjà pris cette décision au cours de l’été dernier, a-t-il précisé. Il avait pourtant assuré qu’il resterait jusqu’à la fin de la législature.
Le doyen de fonction du gouvernement tire donc sa révérence à presque 72 ans, dont treize ans comme ministre. Élu le 10 décembre 2008, Ueli Maurer a succédé à son collègue de parti Samuel Schmid, qu’il avait qualifié de «conseiller fédéral cliniquement mort». Il a d’abord pris les rênes de la Défense, puis récupéré les Finances en 2016. Avant d’être élu au Conseil fédéral, Ueli Maurer s’était surtout fait un nom en tant que président de l’UDC de 1996 à 2008.
La course à la succession est désormais ouverte. La question est de savoir si l’UDC présentera pour la première fois une femme sur son ticket. La fille de Christoph Blocher, Magdalena Martullo-Blocher, est le premier nom qui vient à l’esprit. Mais son profil pourrait ne pas faire l’unanimité. L’ancienne députée Natalie Rickli, également zurichoise, pourrait être une option plus consensuelle.
- Ueli Maurer, le chef de clan devenu conseiller fédéral – retour sur sa carrière en images et vidéos, RTS Info
La session d’automne des Chambres fédérales s’est achevée ce vendredi, sur fond de crise énergétique et de flambée des prix. Elle aura vu une alliance de circonstance entre la gauche et le Centre venir au secours du pouvoir d’achat des retraitées et retraités.
Ensemble, les socialistes, les Verts et le Centre ont réussi à faire passer une adaptation intégrale des rentes vieillesse et invalidité au renchérissement dès le 1er janvier 2023. L’alliance a en revanche moins bien fonctionné au Conseil des États (Chambre haute), qui a renvoyé en commission deux propositions visant à amortir le choc de l’augmentation des primes maladies.
La menace d’une pénurie d’électricité pour l’hiver et de factures d’électricité record a aussi plané sur cette session. Face à la crise énergétique, les élu-es ont adopté d’importantes mesures en faveur du climat. Le contre-projet indirect à l’initiative pour les glaciers ancre pour la première fois l’objectif zéro émission nette de CO2 d’ici 2050 dans la loi. Le parlement a également débloqué deux milliards de francs pour aider les propriétaires à remplacer les chauffages polluants et voté des mesures pour promouvoir l’énergie solaire.
- Le bilan de la session – Katy Romy
Plus
La Suisse se cache-t-elle derrière sa neutralité pour se montrer complaisante envers Moscou? Deux députés fédéraux, un socialiste et un UDC, tous deux membres de la Commission de politique extérieure répondent aux accusations des opposants russes, formulées dans nos colonnes.
Dans une série d’interviews, des opposants russes émettent des critiques sévères à l’encontre de la Suisse: ils lui reprochent notamment d’abriter les fonds de proches de Vladimir Poutine, d’avoir refusé une aide médicale aux soldats ukrainiens blessés en invoquant la neutralité et d’avoir dans le même temps livré à la Russie des biens frappés de sanctions.
Le député socialiste Fabian Molina partage ces critiques. Il estime que la Suisse doit tout mettre en œuvre pour empêcher le président russe de mener une guerre «illégale et brutale». Cela signifie en premier lieu que la guerre ne doit pas être financée par la Suisse.
A l’inverse, Franz Grüter, député UDC (droite conservatrice), qualifie ces reproches de «vieux clichés sur la Suisse». «La Suisse a repris toutes les sanctions de l’UE», rappelle-t-il, ce qui signifie pour lui qu’elle a abandonné sa neutralité. Et il le regrette.
- L’article de Sibilla Bondolfi
- Les opposants à Vladimir Poutine critiquent la Suisse – Elena Servettaz
Une Conférence des Nations Unies sur le climat en Suisse? L’idée se précise. Le Conseil fédéral statuera dans quelques semaines. Genève, Zurich, Bâle et Berne sont sur les rangs pour accueillir une COP qui pourrait être celle de 2026. Une candidature commune pourrait aussi émerger.
La Suisse plongera-t-elle dans ce défi hors normes, après les avancées décevantes de la COP 2021 à Glasgow? Une COP signifie accueillir quelque 30’000 participants venus de 200 pays durant une dizaine de jours, dont de nombreux chefs d’État. Les besoins sécuritaires, très importants pour ces sommets, et la capacité hôtelière sont aussi des enjeux de taille.
Une COP aurait un double avantage pour la Suisse. Politiquement et diplomatiquement, tout d’abord, le pays organisateur se retrouve au centre de l’actualité mondiale et une conférence sur le climat est une carte de visite. Économiquement ensuite, comme tout grand événement, les retombées sont considérables pour l’économie locale, avec notamment près d’un demi-million de nuitées.
- L’article et les vidéos de RTS Info
- Point fort SWI – La Suisse, petit pays, grosse empreinte carbone
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative