Aujourd’hui en Suisse
Helvètes du monde, bonjour,
La Suisse mérite sans aucun doute son surnom d’île au milieu de l’Europe, tant les crises qui affectent ses voisins semblent passer sur les plumes de sa politique comme sur celles d’un canard. À une année des élections fédérales, elle paraît inébranlable. J’en veux pour preuve le premier baromètre électoral publié ce mercredi.
Pour le reste, ce sera un menu très varié teinté de migration, d’évangélisme, de cigarettes électroniques et de monuments russes en Suisse.
Bonne lecture,
À un an des élections fédérales, les Vert-e-s perdent un peu de terrain, tandis que les Vert’libéraux et libéraux-radicaux progressent légèrement. C’est que qui ressort du premier baromètre électoral de la SSR.
Depuis les dernières élections fédérales en 2019, la force des différents partis nationaux n’a que peu évolué, selon le sondage réalisé par l’Institut d’études sociales et politiques de Zurich (Sotomo). Seuls deux des six partis principaux enregistrent une variation de leur part d’électrices et d’électeurs de plus d’un point de pourcentage.
Si les Vert’libéraux parviennent à gagner 1,5 point, les Vert-e-s sont en revanche en perte de vitesse. D’une part, une partie de l’électorat gagné au détriment du parti socialiste est déçue de la politique des Vert-e-s et s’en détourne de nouveau; d’autre part, «comme l’écologie est désormais un thème dans tous les partis, il n’y a plus que les électrices et les électeurs de gauche qui votent pour les Verts», analyse la politologue Sarah Bütikofer.
Si la vague verte semble se tasser, le dérèglement climatique reste toutefois la principale préoccupation des Suisses. Il fait partie des trois défis politiques majeurs pour 43% de l’électorat. Les deux autres étant la politique énergétique pour 36% des personnes sondées et la protection sociale (sécurité sociale et coût de la vie) pour 29%.
- L’article de ma collègue Katy Romy
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- Retour sur les résultats des élections de 2019
- La dernière élection présidentielle française vue par des Suisses de France
Même si la Suisse est avant tout un pays de transit pour les migrant-es, la situation devrait l’inciter à mettre en place une politique migratoire commune avec ses voisins. C’est l’avis d’Etienne Piguet, vice-président de la Commission fédérale des migrations.
Selon ce spécialiste des frontières et des flux migratoires, bien que les chiffres soient en hausse, la situation ne devrait toutefois pas atteindre celle de 2015, car les paramètres d’alors ne sont pas réunis. Pour Etienne Piguet, l’augmentation du nombre actuel de migrant-es est principalement due à la levée des restrictions Covid qui bloquaient les populations.
La plupart de ces personnes ne souhaitent de toute façon pas rester en Suisse, et les autorités les laissent facilement transiter vers des pays voisins. Ce faisant, «la Suisse viole les accords de Dublin». Pour le spécialiste, il s’agit d’une stratégie à courte vue: «Plutôt que de faire cavalier seul, les États devraient jouer la carte d’une collaboration européenne pour gérer la migration conjointement.»
Pour ce faire, il préconise de demander aux pays qui reçoivent peu de requêtes de manifester leur solidarité autrement, par exemple à travers des contributions financières. Il considère également que les conditions d’accueil en Europe devraient être harmonisées, afin que les migrant-es n’aient pas plus de chances d’être protégés dans un pays plutôt que dans un autre.
- L’interview d’Étienne Piguet
- La Suisse octroie une protection spéciale aux victimes de la guerre en Ukraine
- Combien de personnes réfugiées la Suisse accueille-t-elle réellement?
Une mouvance évangélique brésilienne tente de séduire les jeunes romands en difficulté. Pour comprendre son fonctionnement, un journaliste du quotidien Le Temps s’est fait passer pour l’un d’eux.
L’attention de Sami Zaïbi a été attirée par des enveloppes blanches accrochées dans l’espace public près des établissements scolaires ou des lieux sensibles comme les ponts. À l’intérieur, un mot d’encouragement et un numéro de téléphone portable, que le journaliste a composé, pour tomber, au bout de la ligne, sur une fidèle du «Centre d’accueil universel» (CAU).
Cette mouvance évangélique, qui a soutenu le président brésilien sortant Jair Bolsonaro lors des élections de 2018, est considérée comme une secte en France. Mais pas en Suisse, où elle organise tous les jours des réunions – qui s’apparentent plutôt à des cérémonies religieuses – destinées aux jeunes en difficulté.
On y invite les fidèles à monter sur l’estrade pour présenter leur dîme, soit 10% de leurs revenus mensuels. Interrogé par le quotidien sur l’emploi de cette manne, le CAU indique que «les offrandes servent à soutenir les activités et l’évangélisation en Suisse exclusivement.»
En conclusion de son enquête, Sami Zaïbi dit comprendre pourquoi des jeunes égarés sont séduits par cette «famille» qui donne un chemin à suivre. Mais il trouve difficile de rester impassible devant certaines démarches visant les jeunes en difficulté et des intérêts financiers qui en découlent.
- L’enquêteLien externe du Temps (sur abonnement)
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- Le boom évangélique touche aussi la Suisse (2011)
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Les cigarettes électroniques seront taxées au même titre que les cigarettes traditionnelles, mais à un taux plus faible. Le Conseil fédéral a transmis en ce sens un projet au Parlement mercredi.
Les e-cigarettes sont séparées en deux catégories: les réutilisables et les jetables. Pour les premières, seuls les liquides contenant de la nicotine seront soumis à l’impôt sur le tabac, à hauteur de 20 centimes par millilitre. Il s’agit ainsi de ne pas décourager les fumeurs désireux d’arrêter de fumer d’utiliser la cigarette électronique comme possible moyen de sevrage.
Le taux montera à 1 franc par millilitre de liquide pour les cigarettes électroniques à usage unique, qu’elles contiennent ou non de la nicotine. Le but est de dissuader les jeunes, principaux utilisateurs des e-cigarettes à usage unique, de se mettre à fumer.
Les recettes supplémentaires seront affectées au cofinancement de l’AVS et de l’AI. Elles sont estimées à environ 13,8 millions de francs par an.
- La dépêche ATS sur l’imposition des cigarettes électroniques
- La Suisse est l’un des pays où le lobby du tabac est le plus influent
Vladimir Poutine voudrait installer des caméras près d’un monument à l’effigie d’un maréchal russe dans le canton d’Uri. C’est le journal local «Boten der Urschweiz» qui révèle l’information.
Pour appuyer ses dires, le journal se base sur une entrée de blog de la société russe Orthodox Caus selon laquelle le département russe des Affaires économiques extérieures et internationales, responsable du monument dans le canton d’Uri, aurait l’intention d’y installer des caméras. Motif: protéger le monument.
Ledit monument est une croix de 12 mètres érigée en mémoire des soldats russes tombés dans une bataille de 1799 contre les troupes de Napoléon à cet endroit. Il a été barbouillé des couleurs du drapeau ukrainien au mois de mai dernier, en signe de protestation contre la guerre menée par la Russie dans ce pays.
La commune d’Andermatt, sur laquelle se situe la croix, n’a pas connaissance d’un tel projet. Et, si les Russes venaient à souhaiter l’installation de caméras, l’aval de la commune et du canton serait nécessaire. «Il n’est en principe pas autorisé que des privés exploitent des installations de vidéosurveillance sur le domaine public ou surveillent le domaine public», explique le président de la commune, Peter Baumann.
- L’articleLien externe du quotidien Blick
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