Aujourd’hui en Suisse
Suisses du monde, bonjour,
Privilèges parfois contestés, les forfaits fiscaux pour les riches étrangers sont en perte de vitesse en Suisse. Une tendance mise en lumière par l’affaire du milliardaire français Patrick Drahi aux prises avec le fisc genevois.
À chaque jour son nouveau scandale autour de la Coupe du monde au Qatar. Ce lundi n’échappe hélas pas à la règle. Mon collègue Ian Hamel a enquêté sur la coopération entre l’émirat et l’Organisation internationale du travail. Une adolescente suisse du Qatar nous livrera également son regard sur l’événement et ses controverses.
Bonne lecture,
Les démêlés du milliardaire français Patrick Drahi avec le fisc genevois relancent la controverse autour de la pratique des forfaits fiscaux. Le fameux impôt sur la dépense n’a plus la cote en Suisse. Tous les cantons romands constatent des baisses. En cause: des contrôles plus stricts, des règles durcies et la concurrence internationale.
Le peuple suisse est très attaché au système des forfaits fiscaux ou de l’impôt sur la dépense, qu’il a refusé d’abolir en votations fédérales en 2014. Il permet à de riches étrangers ou étrangères de bénéficier d’une taxation avantageuse à condition d’être domicilié en Suisse, mais de ne pas y travailler. Le nombre de bénéficiaires est pourtant en baisse.
Cette érosion s’explique premièrement par le durcissement de législation, ainsi que des offres plus attrayantes à l’étranger. «Il fallait rendre les forfaits plus chers et avec des règles strictes pour qu’ils soient encore acceptés par le peuple suisse», expose Philippe Kenel, avocat fiscaliste à Lausanne.
Les forfaits fiscaux ne sont plus non plus promus aveuglément. Dans la commune valaisanne de Verbier, le président Christophe Maret souligne qu’il se soucie de la réputation des candidat-es à cet impôt. En 2016, la commune avait toutefois accueilli Roman Abramovitch, ex-président du Chelsea FC et proche de Vladimir Poutine, avant que la Confédération ne bloque son autorisation de séjour pour des soupçons d’appartenance à la mafia.
- Lire l’articleLien externe de 24heures (sur abonnement)
- Notre enquête de 2020 sur le sujet
- L’articleLien externe de la RTS sur les forfaits fiscaux
- L’enquêteLien externe d’Heidi.news sur les démêlés de Patrick Drahi avec le fisc suisse
Où finissent les vêtements placés dans des bennes de récupération en Suisse? Grâce à des systèmes de géolocalisation cachés, l’émission Mise au Point de la RTS a mené l’enquête.
L’objectif de l’enquête était de comprendre le destin des habits usagés, démodés ou déchirés que les Suisses jettent chaque année. Les journalistes ont dissimulé des systèmes de géolocalisation dans 16 vêtements ou souliers, qu’ils ont déposé dans des points de collecte en boutique ou dans des bennes de récupération en Suisse romande. Pendant 250 jours, leur localisation a été enregistrée quotidiennement.
Conclusion: la promesse que ces vêtements seront recyclés pour protéger l’environnement n’est pas tenue. Certains habits avaient parcouru 17’000 kilomètres pour être vendus dans des marchés en Moldavie ou en Afghanistan, alors que d’autres finissent dans des décharges à ciel ouvert.
Souvent, cette récupération s’apparente à de l’exportation de déchets. En Moldavie, une des vendeuses d’un marché à ciel ouvert regrette d’être obligée de trier à nouveau les habits, beaucoup étant trop usés ou démodés pour sa clientèle. Près de 50% sont jetés à la poubelle.
- L’enquêteLien externe de la RTS
- Un autre sujetLien externe de la RTS sur le circuit de la fripe
- L’article de Samuel Jaberg sur le recyclage des montres
Les scandales autour de la Coupe du monde de football au Qatar ne cessent de s’accumuler. L’enquête de mon collègue Ian Hamel montre que l’émirat a versé 25 millions de dollars à l’Organisation internationale du travail (OIT) pour apporter un soutien aux personnes migrantes dans le pays. Une collaboration légale, mais qui remet en cause l’indépendance de l’agence onusienne.
En 2014, la presse révèle les conditions de travail désastreuses des ouvriers étrangers qui construisent les infrastructures de la Coupe du monde de football au Qatar. Le directeur général de l’OIT dépose une plainte contre le gouvernement du Qatar pour violation de la convention n°29 sur le travail forcé et de la convention n°81 sur l’inspection du travail. D’après celle-ci, le travail forcé au Qatar touche environ 1,5 million de travailleurs migrants et beaucoup en meurent.
En novembre 2017, les critiques virulentes se taisent soudainement. Cette date coïncide avec la signature d’un contrat prévoyant que le Qatar verse 25 millions de dollars à l’OIT. Un accord qui n’est pas illégal. Il s’agit de l’un des mécanismes de financement disponible au sein de l’agence onusienne, explique l’agence de l’ONU.
L’OIT peut-elle encore se montrer critique envers un pays qui lui a versé de telles sommes? Ces versements interrogent. De nombreuses ONG estiment que le Qatar n’a pas mis en œuvre les réformes du droit du travail promises.
- Lire l’article de Ian Hamel
- L’enquêteLien externe du site d’information Blast
- Le communiquéLien externe d’Amnesty International sur les promesses non tenues
Plus
Moins d’une semaine avant le premier match de cette Coupe du monde, nous terminons notre série consacrée aux Suisses du Qatar. Rendez-vous aujourd’hui avec Lina Guidoum, une adolescente qui vit au Qatar depuis l’âge de 7 ans.
«Nous sommes venus ici parce que mon père a monté sa propre entreprise à Doha. J’ai deux frères et une sœur, mais l’un d’entre eux est rentré en Suisse pour ses études. Je veux en faire de même l’année prochaine», raconte la jeune fille.
Lina Guidoum a entendu les critiques à l’encontre de l’émirat, notamment sur le fait que les personnes LGBTIQ ne soient pas acceptées.«Nous vivons ici dans un pays avec une certaine culture et religion, et il faut les accepter», commente-t-elle.
La Coupe du monde va également chambouler la vie de l’étudiante: «Ces dernières semaines, les heures de cours ont été réduites et pendant le tournoi, le gymnase sera complètement fermé». Elle soutient la Suisse, mais suivra les matchs à la télévision, car elle n’a pas de billet pour se rendre au stade.
- Lire l’article de ma collègue Mélanie Eichenberger
- L’épisode 3 de la série sur les Suisses du Qatar
- L’épisode 2
- L’épisode 1
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