Aujourd’hui en Suisse
Chères et chers Suisses d’ici et du monde, bonjour,
Vue de l’extérieur, la politique helvétique semble un long fleuve tranquille. Il est vrai que les turbulences sont rares, si l’on compare la scène fédérale au spectacle qu’offrent parfois les dirigeants chez nos voisins et amis. Mais à y regarder de près, il se passe quand même parfois des choses. Et il va s’en passer encore en 2023.
Outre ces perspectives, je vous propose aujourd’hui un règlement extrajudiciaire (de plus) pour Novartis aux États-Unis, un bilan des actions suisses de promotion de la paix et l’histoire unique d’un Valaisan devenu forgeron de sabres au pays des Samouraïs.
Bonne lecture,
Énergie, Europe, immigration, élections fédérales: ces dossiers devraient dominer l’année politique suisse 2023. Et les trois premiers nommés pourraient avoir une nette influence sur les résultats du quatrième, les législatives de l’automne. Même s’il ne faut pas s’attendre à une révolution.
«Le baron du pétrole» à la tête du Département de l’Énergie, de l’Environnement et des Transports: si la formule brandie par les Verts est un peu réductrice, il n’en reste pas moins que l’UDC Albert Rösti a présidé les lobbies du pétrole et du nucléaire et a même pu passer pour climatosceptique avant de devenir ministre. Ses premiers pas au Conseil fédéral seront donc observés de près.
Après l’échec de l’accord-cadre, la Suisse veut aborder ses relations avec l’UE «par paquets». Une chance de régler l’avenir des accords bilatéraux de manière sectorielle, c’est-à-dire au coup par coup. Mais à Bruxelles, on ne l’entend pas de cette oreille, et on insiste pour que les choses aillent vite: la Commission actuelle arrivera en fin de mandat à la mi-2024. La Suisse saura-t-elle mettre le turbo?
Migration: le retour. Rien qu’en septembre, la Suisse a enregistré 2700 demandes d’asile, record mensuel depuis la crise des réfugiés de 2015-16. Avec les quelque 70’000 personnes réfugiées d’Ukraine qui auront également demandé le statut de protection S d’ici fin 2022, le système suisse est à bout de souffle. En cette année électorale, la droite conservatrice (UDC) ne va pas manquer d’exploiter cet afflux.
Pour autant, la révolution n’est pas au calendrier et la composition des Chambres fédérale ne devrait pas être bouleversée cet automne. Selon le premier baromètre électoral de la SSR, les Verts libéraux et le PLR (droite) pourraient gagner quelques sièges, et les Verts en perdre quelques-uns. En effet, à une époque où tous les partis se soucient d’écologie, il n’y a plus guère que les électeurs de gauche qui votent pour les Verts.
- Ce qui attend la Suisse: les grands dossiers politiques de 2023 – Samuel Jaberg et Marc Leutenegger
- Ce qui attend la Suisse: les perspectives économiques pour 2023 – Samuel Jaberg, Jessica Davis Plüss et Matthew Allen
Plus
Novartis va verser 277 millions de francs pour régler une procédure collective à son encontre aux États-Unis. Trois groupes de plaignants lui reprochaient d’avoir agi illégalement pour retarder le lancement d’un générique d’Exforge, son traitement contre l’hypertension artérielle.
La procédure porte sur un accord de brevet conclu en 2011 entre Novartis et Par, filiale du groupe américain Endo International. Les plaignants accusent Par d’avoir accepté de ne pas lancer de générique d’Exforge pendant deux ans après l’expiration d’un brevet, et Novartis de s’être engagé à ne pas concurrencer son partenaire en lançant rapidement son propre générique.
Cet accord extrajudiciaire, qui doit encore recevoir le blanc-seing des juges américains, «mettra fin à toutes les réclamations en suspens liées à cette affaire pour Novartis». Selon des documents judiciaires cités par l’agence de presse Reuters, les ventes annuelles d’Exforge aux États-Unis dépassaient les 400 millions de dollars avant la commercialisation des versions génériques.
- Novartis conclut un accord après une plainte sur un générique aux États-UnisLien externe – RTS Info
- Est-ce la fin de la médecine abordable? – Jessica Davis Plüss et Pauline Turuban, SWI novembre 2022
La Suisse a fait de la promotion de la paix une de ses spécialités diplomatiques. Avec quel succès? Depuis deux mois, nous vous avons proposé une série d’articles et de vidéos sur le sujet. En cette période où devrait normalement régner la trêve des confiseurs, il est temps de faire le point.
L’attaque de la Russie contre l’Ukraine a mis fin à deux décennies de paix en Europe. Le monde n’a plus connu de tensions géopolitiques aussi graves depuis la chute du mur de Berlin. Cette guerre a aussi ébranlé les certitudes. Même la Suisse, neutre, est aux prises avec son identité.
Pour cette série, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui se consacrent à la promotion de la paix. C’est le cas de la soldate Iris Probst au Kosovo, de Laurent Götschel, président de l’ONG Swisspeace, de Leandra Bias, politologue qui nous explique en quoi la guerre est affaire d’hommes, de Pierre Hazan, du Centre pour le dialogue humanitaire à Genève, et de quelques autres.
- #MaintiendelaPaix: tout comme la guerre, quelqu’un doit commencer la paix – Marc Leutenegger, May Elmahdi Lichtsteiner, Céline Stegmüller, Ariane Lüthi, Carlo Pisani, Julia Crawford, Andrea Tognina
Un jeune Valaisan sera le premier étranger à devenir forgeron de sabres au Japon. Au printemps, Johan Leutwiler aura terminé sa cinquième et dernière année d’apprentissage chez le maître Yoshihiro Kubo, un des garants de cet art millénaire, que jusqu’ici seuls les Japonais étaient capables de maîtriser.
Comparable à une œuvre d’art, le sabre traditionnel, hérité des samouraïs, requiert un total de six mois de travail. «Un sabre de qualité doit pouvoir trancher, mais être en plus très élégant», explique Yoshihiro Kubo. Son prix varie entre 20’000 et 30’000 francs.
Après avoir appris le japonais et s’être investi sur le long terme, Johan Leutwiler ne considère pas le retour en Suisse comme une option. «L’apprentissage de forgeron représente quinze ans de travail dans ma vie. Une fois que je l’aurai fini, je vais ouvrir ma forge ici, au Japon, et devenir forgeron indépendant». Et son maître appuie cette décision: «Il a très bien appris le japonais. Il est venu au Japon dans le but d’y rester. C’est pour cela que je l’ai pris, non pas parce qu’il est étranger».
- Le grand format (vidéo)Lien externe de la RTS sur Johan Leutwiler et son travail au Japon
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative