Aujourd’hui en Suisse

Chers et chères Suisses d’ici et du monde,

Il y a quelques jours, nous nous demandions pourquoi la Suisse n’a pas encore sa Sanna Marin, vous savez, la Première ministre finlandaise, qui a une fille de 5 ans… C’est que si les mères helvétiques sont louées dans les discours, on les aime moins quand il s’agit de faire carrière en politique. Aujourd’hui, nous vous racontons les chicanes qu’affrontent les jeunes mamans parlementaires.

Au menu également, les apprentis suisses qui quittent leur formation, une arnaque internationale sur fond de cryptomonnaies et de dérive sectaire et une réflexion historique sur la neutralité si chère à la Suisse.

Bonne lecture,

© Keystone / Alessandro Della Valle

En Suisse, les femmes qui siègent dans des parlements sont confrontées à un dilemme pendant leur congé maternité. Si elles exercent leurs fonctions politiques, elles sont privées de leurs allocations de maternité. Mais des solutions à ce problème se dessinent.

«Les mères sont certes idéalisées, mais elles ne sont pas considérées comme véritablement part de la société», constate une parlementaire du canton de Bâle, qui en 2018 s’est vue refuser l’entrée de la salle du Grand Conseil au prétexte qu’elle portait son bébé et qu’il ne faisait pas partie des personnes élues. Ce «babygate» avait alors suscité un émoi international.

Pourtant, les femmes sont de plus en plus nombreuses en politique, et des solutions à ce genre d’absurdités se dessinent. C’est notamment le cas dans les cantons du Valais, du Jura, de Genève et de Neuchâtel, avec l’élection de suppléants et suppléantes, qui votent lorsque les parlementaires sont absents. Mais au niveau fédéral, l’instauration d’un tel système nécessiterait une modification de la Constitution.

• L’article de Benjamin von Wyl, dans notre série sur l’inclusion
• Pourquoi n’y a-t-il pas de Sanna Marin suisse? – Benjamin von Wyl

Keystone / Ennio Leanza

Près d’un quart des jeunes apprentis en Suisse interrompent leur formation avant terme. Les chiffres n’ont jamais été aussi élevés, constate l’Office fédéral de la statistique. La pandémie de Covid-19 a certainement joué un rôle, avec ses longues périodes d’inactivité forcée, dans l’hôtellerie par exemple, ou la surcharge dans des secteurs comme les soins. Mais cette évolution traduit aussi une modification du rapport au travail.

Sans surprise, les résiliations touchent en premier lieu les métiers les plus pénibles. C’est que le passage de l’école au monde du travail se fait très tôt, dès 15 ans. «C’est un moment de la vie où il faut avoir le droit de se tromper et de se réorienter», souligne Nadia Lamamra, professeure en formation professionnelle. Et de rappeler que «l’apprentissage est parfois un choix par défaut, pour des élèves qui n’ont pas les résultats pour aller ailleurs».

Et cela ne signifie pas que tous ces élèves se retrouvent sans diplôme. Environ 80% d’entre eux reprennent ensuite une formation. Toujours selon Nadia Lamamra, «les jeunes ne sont pas moins investis que par le passé, mais ils réfléchissent davantage aux conditions qu’ils sont d’accord d’accepter et à la manière dont ils veulent vivre à côté du travail».

• L’articleLien externe du quotidien Le Temps (abonnés)
• Apprentissage, le système suisse de formation duale, en entreprise et à l’école – SWI

Keystone / Sascha Steinbach

Arnaque internationale sur fond de cryptomonnaies et de dérive sectaire: une «académie» qui vend des cours de trading en ligne et promet la fortune se retrouve soupçonnée de publicité mensongère, escroquerie, association de malfaiteurs, manipulation mentale et menaces par la justice espagnole. Elle recrutait aussi en Suisse.

Le 3 octobre dernier, 10’000 jeunes du monde entier se réunissent au Hallenstadion de Zurich, pour une grosse opération de recrutement. Sur la scène, de jeunes convertis qui clament gagner 10’000, voire même 25’000 dollars par mois. Mais certains déchantent vite, comme ce jeune Espagnol de 23 ans, que la RTS a retrouvé à Madrid.

L’académie semble fonctionner comme une arnaque pyramidale. «Pour gravir les échelons, j’ai dû recruter trois personnes, qui devaient à leur tour en recruter trois autres», détaille le repenti. «À l’inscription, on doit indiquer pourquoi on a besoin d’argent, par exemple pour aider nos familles. Et dès qu’on doute, ils nous demandent: ‘tu as pensé à tes parents?’», poursuit-il. Un mode de fonctionnement typique des sectes.

En avril dernier, l’unité de lutte contre la délinquance économique a arrêté huit responsables espagnols de cette académie. «Je suis persuadé qu’on va aboutir à un procès, mais ça va prendre du temps, des années sûrement», dit l’avocat Carlos Bardavio, spécialiste des mouvements sectaires. Et Marie Bolinches, auteure de l’enquête pour l’émission Mise au Point, explique que le cas n’est pas isolé. Ce genre d’arnaques fleurissent partout.

• Les dérives sectaires d’une académie de cryptomonnaie qui recrute en SuisseLien externe – avec deux vidéos, RTS

Keystone / Str

La neutralité suisse n’a pas été inventée en 1515 à Marignan. En fait, la notion évolue avec les époques. Au XVIe siècle, elle n’empêche pas les Confédérés de s’engager comme mercenaires dans les guerres européennes. Piqûre de rappel avec l’historien Christophe Farquet.

En 1798, par exemple, l’invasion par les troupes révolutionnaires fait de la Suisse un pays-satellite de la France, transformé en champ de bataille. La neutralité est suspendue pendant dix-sept ans, jusqu’à la chute de Napoléon en 1815. C’est alors que les puissances européennes garantissent une neutralité perpétuelle au pays.

Pour autant, la neutralité n’a pas constitué, du jour au lendemain, un axe définitif de la politique étrangère helvétique. En témoigne le mémorandum du général Wille de juillet 1915, invitant la Suisse à entrer dans la Première Guerre mondiale aux côtés des puissances centrales. Et quel sens comporte la neutralité entre 1940 et 1943, alors que le pays est entouré par l’Allemagne nazie et ses alliés?

• Le papier d’opinion de Christophe Farquet
• Point Fort SWI – À quel point la Suisse est-elle vraiment neutre?