Aujourd’hui en Suisse
Suisses du monde, bonjour,
La capitale fédérale a été secouée lundi par l’évacuation du Palais fédéral et de ses environs. Un individu en tenue de combat avait mis les forces de l’ordre en alerte pendant des heures. Résultat: l’homme a été interné et personne n’a été blessé dans l’incident. Plus de peur que de mal donc, mais cela aura mis au jour certaines failles de sécurité.
Dans cette sélection, je vous parlerai aussi de la pénurie de main-d’œuvre qui attire les travailleurs et travailleuses de l’Union européenne, et du Grand Prix de la littérature suisse décerné aujourd’hui.
Bonne lecture,
En ce début d’année électorale, la droite conservatrice suisse a déclaré la guerre à la «terreur du genre» et la «folie du wokisme». L’Union démocratique du centre (UDC) n’a rien inventé, puisque le thème a déjà été largement exploité à l’étranger, mais il ne fait pas forcément recette.
«Aujourd’hui, je dois me demander si je suis encore normale en tant que femme hétérosexuelle. Je me sens vraiment ‘old school’», déclarait récemment la députée UDC Ester Friedli au journal Tages-Anzeiger. Elle annonçait ainsi que son parti comptait combattre par tous les moyens le wokisme, notamment en supprimant les bureaux de l’égalité et en interdisant l’écriture inclusive.
«Actuellement, le wokisme est uniquement utilisé par la droite conservatrice pour désigner celles et ceux qu’elle n’aime pas, les féministes, les antiracistes, les personnes trans ou homosexuelles», constate Alex Mahoudeau, docteure en sciences politiques. Ce n’est toutefois rien de nouveau, à ses yeux. «Il s’agit du discours de la droite conservatrice tel qu’il a toujours existé. Avant, on appelait cela la bien-pensance ou le politiquement correct.»
En se lançant dans l’anti-wokisme, l’UDC ne devrait pas gagner beaucoup d’électrices et électeurs, estime le politologue Sean Müller, mais cette stratégie a permis au parti d’attirer l’attention et de mobiliser sa base. «Je pense surtout que la droite conservatrice a lancé ce débat à titre de test, pour voir quelles sont les discussions qui émergent», dit-il.
- Lire mon article sur le sujet
- Le baromètre électoral un an avant les élections
- Les objectifs des partis en vue des législatives fédérales
Le jeune homme qui avait provoqué l’évacuation du Palais fédéral et de plusieurs bâtiments à Berne lundi a été placé en institution. L’alerte la bombe a par ailleurs révélé des failles de sécurité et déclenché de nombreuses critiques.
Après avoir été arrêté, le Valaisan qui a voulu accéder au Palais fédéral, vêtu d’une tenue de combat contenant des traces d’explosifs, a subi des examens médicaux pour évaluer sa santé psychique et physique. Un médecin a ensuite ordonné son placement à des fins d’assistance.
La mère du jeune homme, interrogée par le quotidien valaisan Le Nouvelliste, assure qu’il n’y avait rien de malveillant dans le comportement de son fils. Celui-ci «souffre d’une maladie psychique et suit un traitement. Il n’est pas méchant», a-t-elle dit.
L’homme suspect et sa voiture noire garée sur la Place fédérale avaient mis la capitale suisse en état d’urgence pendant plusieurs heures. La procédure d’évacuation du cœur du pouvoir politique helvétique a par la suite été la cible de vives critiques. Certains parlementaires ont notamment critiqué la lenteur de l’opération. La présidente de Conseil des États, qui travaillait dans son bureau, a, elle, été oubliée par les forces de l’ordre.
Le Conseil fédéral estime que l’évacuation des bâtiments administratifs devrait être évaluée et adaptée si nécessaire. Il considère cependant que l’opération s’est déroulée conformément aux exercices. L’alarme a été donnée. Les personnes se sont rassemblées à un endroit donné, sans être entravées dans leur sortie.
- Lire l’articleLien externe de la RTS sur le sujet
- Les critiquesLien externe évoquées par le Tages-Anzeiger (en allemand)
- La dépêche de Keystone-ATS
La pénurie de main-d’œuvre qui sévit en Suisse a provoqué la hausse de l’immigration de travail en 2022: le nombre de travailleuses et travailleurs étrangers a augmenté de 26% par rapport à 2021, a indiqué aujourd’hui le Secrétariat d’État aux migrations (SEM).
Les personnes qui viennent s’établir en Suisse proviennent avant tout de pays de l’UE. Les Italiens sont les plus nombreux, devant les Allemands, les Portugais et les Français. Le total des ressortissant-es étrangers-ères venu-es s’établir en Suisse a dépassé de plus 81’000 celui des personnes qui sont parties.
La forte hausse de l’immigration dans le pays s’explique essentiellement par les besoins de main-d’œuvre dans les services, l’industrie et la construction. Les branches traditionnelles d’immigration comme la planification, le conseil et l’informatique, l’hôtellerie, la construction, le commerce et la santé ainsi que l’industrie ont enregistré les plus fortes hausses du nombre de séjours longue durée.
Ces statistiques reflètent «l’évolution positive de la croissance économique et le cadre politico-économique stable» du pays, selon le SEM. Un effet de rattrapage après la crise du coronavirus a aussi stimulé la demande de main-d’œuvre.
Le Grand Prix de littérature suisse est attribué cette année à la Grisonne Leta Semadeni. Poète, romancière, auteure de livres pour enfants, la lauréate a écrit presque toute son œuvre aussi bien en romanche qu’en allemand.
«Le romanche est ma langue maternelle, l’allemand est mon premier amour», confiait Leta Semadeni au quotidien Le Temps, en 2016. L’espagnol, l’italien et le français lui sont également familiers. L’Office fédéral de la culture a choisi cette année de récompenser la Grisonne pour l’ensemble de son œuvre.
Née en 1944 à Scuol, en Engadine, Lea Semadeni a commencé à écrire sur le tard et publié son premier recueil de poèmes en 2001. La vie rurale et la nature des Grisons sont au cœur de son œuvre, proche du conte et toujours charnelle, même si l’auteure a également séjourné de nombreuses fois à New York.
Trois francophones ont également été primés. Eugène pour «Lettre à mon dictateur», qui raconte, avec humour et gravité, son passé familial et celui de la Roumanie sous la dictature de Ceausescu. Anne-Sophie Subilia, pour le style subtil et ciselé de «L’Épouse». Enfin, Fanny Desarzens, 30 ans, est récompensée pour son premier roman, Galel.
- Lire la dépêcheLien externe de Keystone-ATS
- En 2016, Leta Semadeni se confiaitLien externe au Temps
- Un articleLien externe de RTS sur Fanny Desarzens
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative