Aujourd’hui en Suisse
Suisses du monde, bonjour,
Aujourd’hui nous allons parler des relations Suisse-Union européenne, avec une interview d’Angie Gago. Chercheuse à l’Université de Neuchâtel, elle a analysé pourquoi la directive relative au droit des citoyens de l’Union était devenue un point de discorde. Si la Suisse pense que cette directive va favoriser le tourisme de l’aide sociale, la politologue balaie ces craintes.
Seront également évoqués dans cette sélection: l’Afrique qui revendique sa part du gâteau (au chocolat) de l’Europe, l’antisémitisme toujours bien présent en Suisse romande, et des tampons hygiéniques moins taxés.
Bonne lecture,
C’est une directive qui ne fait pas partie de l’accord-cadre. Et pourtant, elle représente une pierre d’achoppement entre la Suisse et l’Union européenne. La directive relative au droit des citoyens de l’Union va-t-elle vraiment favoriser le tourisme de l’aide sociale, comme le craint Berne? La politologue Angie Gago ne le voit pas ainsi.
Dans une interview accordée à swissinfo.ch, Angie Gago, chercheuse au Centre de compétence Migration et mobilité de l’Université de Neuchâtel, déclare: «Personne n’émigre parce les assurances sociales sont plus généreuses». En ce sens, la politologue rejette les craintes de Berne.
Angie Gago, qui étudie les effets de l’UE sur les politiques sociales et du marché de l’emploi, rappelle ainsi: «Des études ont montré à plusieurs reprises qu’il n’y a pas de tourisme de l’aide sociale. L’hypothèse selon laquelle les gens déménagent dans un pays donné pour vivre de l’aide sociale n’a pas été confirmée par la recherche.»
De nombreux cantons et communes accordent par ailleurs, sans que cela ne soit prévu dans les accords avec l’UE, une aide sociale aux citoyens de l’Union. L’UDC, le parti de la droite conservatrice, demande de cesser de leur accorder cette aide. Mais cette demande reste symbolique. Car la compétence de l’aide sociale est donnée aux cantons et aux communes, et les partis ne peuvent qu’agir au niveau fédéral.
Pour Angie Gago, les problèmes sont ailleurs. Notamment: la diversité des systèmes de sécurité sociale des pays membres. «Ce ne sont pas seulement les prestations qui diffèrent d’un pays à l’autre, mais aussi leur financement». Dans certains pays, l’argent vient de cotisations individuelles, dans d’autres, des impôts, ou des deux à la fois. L’UE reconnaît donc la nécessité d’agir. Mais elle n’est pas prête à accorder des exceptions à certains pays, comme la Suisse.
- Lire l’interview d’Angie Gago, par Sibilla Bondolfi
- Le fonctionnement de la libre circulation des personnesLien externe, sur le site du Département des Affaires étrangères
- Cassis rencontrera le commissaire européenLien externe, Léman Bleu
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En Afrique de l’Ouest, les producteurs de cacao en ont assez. Plus question de laisser l’Europe manger la plus grande part du gâteau de ce marché. La révolution est en marche depuis quelques années. Pour ces pays africains, il s’agit désormais de se mettre à la transformation du cacao, une activité à marge plus élevée.
En 2021, alors que le marché mondial du chocolat valait 113 milliards de dollars, l’Europe se taillait la part du lion: 47%. De quoi faire saliver l’Afrique de l’Ouest, qui se contentait de cultiver et d’exporter des fèves brutes, activités volatiles et à faible marge. Aussi, ces pays ont pris le virage de la transformation du cacao, bien plus rentable.
La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de fèves de cacao, qui représente environ 43% du total mondial, a ouvert la voie. Son président Alassane Ouattara a même fixé, en 2020, l’objectif de transformer d’ici 2030 100% des fèves de cacao ivoiriennes sur le sol national.
Des mesures incitatives ont été mises en place pour faire de l’œil aux sociétés étrangères, afin qu’elles investissent dans le secteur de la transformation. La société zurichoise Barry Callebaut, premier fabricant mondial de chocolat, en a profité. Et investi 55 millions de francs pour faire accroître sa capacité de transformation dans le pays.
La Chine est évidemment sur le coup. Elle est devenue l’une des principales sources de financement dans le secteur de la transformation du cacao en Côte d’Ivoire. Elle a jusqu’à présent accordé quelque 354 millions de francs suisses de prêts, qui couvrent également la construction de deux entrepôts de stockage, d’une capacité totale de 300’000 tonnes.
- Lire l’article d’Anand Chandrasekhar, François Hume et Helen James
- Cacao et déforestationLien externe (Le Monde, abonnés)
- Chocolat, le côté obscurLien externe (BBC News Afrique)
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Cela va faire plaisir à au moins 50% de la population: les protections hygiéniques seront désormais moins taxées. Après le National, le Conseil des Etats a tacitement soutenu mardi, lors de la session de printemps, un abaissement du taux de TVA.
Les tampons ou autre serviettes hygiéniques seront désormais moins taxés. Le Conseil des Etats a suivi mardi le Conseil national et décidé d’un abaissement du taux de TVA de 7,7% à 2,5%, dans une révision plus large de la loi.
La TVA étant une taxe de consommation, elle doit régulièrement être adaptée. Et c’est un sujet complexe, où il est difficile de tout comprendre, a laissé entendre la ministre des Finances Karin Keller-Sutter.
Le National avait adopté la disposition sur les produits d’hygiène menstruelle en mai. L’UDC et une partie du PLR n’en voulait pas. La Chambre des cantons n’a pas connu un tel débat nourri. L’affaire a été conclue tacitement.
Par ailleurs, parmi les autres sujets traités hier, le Parlement s’est mis d’accord pour compenser les rentes du 2e pilier. Il veut également qu’un contre-projet à l’initiative sur les primes soit opposé à l’initiative socialiste visant à limiter les primes à 10% du revenu.
- Lire le suivi de la sessionLien externe par RTS Info
- Voir la motionLien externe de Jacques-André Maire (PS), déposée en 2018
- La taxe qui rend les menstruations encore plus douloureuses (swissinfo)
Selon un rapport, l’antisémitisme serait toujours bien présent en Suisse romande. Ce rapport dénombre 562 actes commis en 2022. La Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD), auteure du rapport, estime que le phénomène continue de croître.
La CIDAD précise qu’elle a élargi son enquête à d’autres sources qu’elle n’avait pas l’habitude de surveiller, comme la messagerie Telegram ou le réseau social VKontakte. D’où une hausse des cas.
Mais la coordination insiste: même sans ça, la hausse est réelle. En se basant sur les mêmes sources que l’année précédente, la CICAD comptabiliserait 283 actes, contre 165 en 2021.
En matière de négationnisme, un Genevois a réussi l’exploit, entre janvier et juillet, de publier 260 propos négationnistes et antisémites sur son site web. Jusqu’à ce que la justice ne se saisisse de son cas.
- Lire l’articleLien externe de Blick.ch
- Voir le rapport de la CICADLien externe
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L’antisémitisme en Suisse (swissinfo.ch)
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