Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
Alors que Taïwan est le premier producteur mondial de semi-conducteurs, la Suisse refuse de renforcer ses liens scientifiques avec elle. Notre pays aurait pourtant beaucoup à y gagner, mais il ne veut pas contrarier la Chine.
Dans cette sélection, je vous parlerai également de ce paradoxe: la Suisse, puissance pharmaceutique incontestée, est à court de médicaments dans de nombreux domaines. Il sera aussi question de Viola Amherd, qui a rencontré à Bruxelles le chef de l’Otan, ainsi que d’un véhicule militaire suisse repéré en Ukraine.
Bonne lecture,
Si les pays du globe ne reconnaissent pas officiellement Taïwan, de nombreuses nations industrialisées cherchent d’une manière ou d’une autre à développer leurs relations scientifiques avec l’île revendiquée par Pékin. Mais la Suisse se fait un point d’honneur à ne pas le faire.
Taïwan est le leader mondial de la production des semi-conducteurs. Et dans ce domaine, son expertise scientifique est bonne à prendre. Dans de nombreux pays, des organisations et instituts de recherche l’ont bien compris: ils ont développé des programmes d’échange avec Taïwan.
La Suisse se refuse à le faire. Car signer des traités avec l’île irait à l’encontre du principe de la «Chine unique», qui impose de n’avoir de relations diplomatiques qu’avec un seul État souverain reconnu sous le nom de Chine.
Dommage. Taïwan est leader mondial dans des domaines comme les micros et nanotechnologies. Renforcer la coopération scientifique et technologique avec elle aurait été une bonne chose. Mais le gouvernement suisse, qui chapeaute les instituts de recherche, montre une attitude très rigide.
En conséquence, différentes tentatives d’approfondir la coopération avec Taïwan dans le secteur de la science, la technologie et l’innovation ont été rejetées. La Suisse préfère privilégier ses accords économiques avec Pékin. Et faire l’impasse sur les connaissances de Taïwan dans le développement de puces électroniques et des semi-conducteurs. Des secteurs pourtant cruciaux pour l’industrie de pointe.
Des parlementaires s’offusquent de cette attitude. Selon eux, il est géopolitiquement important que la Suisse renforce ses liens avec une démocratie menacée, dont elle partage les valeurs. L’un d’eux déclare: «S’il y a un pays avec lequel la Suisse devrait établir de bonnes relations en Asie, c’est bien Taïwan.»
- Lire l’articleLien externe de Sara Ibrahim
- Première visite de l’Allemagne en 26 ansLien externe, RFI
- L’enjeu taïwanaisLien externe, Radio Canada
Avec Roche et Novartis, la Suisse a beau avoir deux des plus grands fabricants de médicaments au monde, il n’empêche que depuis quelques mois elle se retrouve en pénurie de divers produits pharmaceutiques. Comment l’expliquer?
Antibiotique amoxilline, analgésiques courants comme l’ibuprofène ou traitements pour des maladies chroniques comme le Parkinson, les maladies cardiaques ou l’épilepsie: tous ces produits sont en manque depuis plusieurs mois en Suisse.
Le pays est pourtant considéré comme une puissance pharmaceutique, mais au moins 1000 préparations sur ordonnance étaient indisponibles au début du mois de mars. En février, les autorités helvétiques ont qualifié la situation de «problématique» et ont mis en place un groupe de travail pour trouver des solutions immédiatement.
Selon l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays, environ 140 médicaments essentiels ont subi des retards de livraison, ont été en rupture de stock pour une durée indéterminée ou complètement retirés du marché début mars, contre 48 en 2017.
Les pénuries ne sont pas rares. Mais l’éventail des articles épuisés, la rapidité avec laquelle ils ont disparu des rayons des pharmacies et la durée des indisponibilités ont suscité l’inquiétude. L’une des principales raisons de cette pénurie est que les différentes agences gouvernementales n’ont qu’une vision partielle de la chaîne d’approvisionnement.
- Lire l’article de Jessica Davis Plüss
- La pénurie s’aggrave en SuisseLien externe, RTS
- Liste actuelle des ruptures de stockLien externe, admin.ch
Viola Amherd était à Bruxelles mercredi pour rencontrer le chef de l’Otan Jens Stoltenberg. Le but de cette visite était de présenter le désir de la Suisse de renforcer la collaboration avec l’alliance de défense.
La conseillère fédérale en charge de la Défense, Viola Amherd, s’est rendue à Bruxelles en milieu de semaine pour y rencontre le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg. Dans un tweet, la ministre dit avoir mené une réunion constructive.
Viola Amherd déclare également que «la Suisse considère l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord comme un partenaire et s’engage à renforcer la coopération dans les domaines d’intérêts mutuels.»
Concrètement, la Suisse aimerait davantage être impliquée dans les exercices de l’Otan, au nom de l’article 5 du traité fondateur de l’Otan. Toutefois, le pays jugera sa participation au «cas par cas». Du côté de l’Otan, il n’y a eu aucune opposition.
L’article 5 de l’Otan est la clause dite d’«assistance»: si un pays de l’organisation est attaqué, les autres membres de l’alliance promettent de lui porter assistance. Le souhait de la Suisse de vouloir renforcer sa collaboration avec l’Otan s’inscrit bien sûr dans le contexte de la guerre en Ukraine.
- Lire l’articleLien externe, RTS
- Dans l’arène de l’OtanLien externe, Le Temps (abonnés)
- Une visite délicateLien externe, RTS
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Mais que fait ce véhicule militaire de fabrication suisse sur les champs de guerre de l’Ukraine? Sur une photo prise le 18 mars, on aperçoit clairement un Mowag Eagle I égaré dans les ruines d’Adviivka, une ville ukrainienne. Comment est-il arrivé-là?
Le président de la Confédération Alain Berset l’avait pourtant répété, au risque de s’attirer les foudres des autres chancelleries de l’Europe: «Les armes suisses ne doivent pas être utilisées dans des guerres». Alors comment se fait-il qu’un Mowag Eagle I se retrouve dans les ruines d’une ville ukrainienne?
Sur une photo prise dernièrement, on voit clairement le véhicule: sa marque ne fait donc aucun doute et il est bien de fabrication suisse. Le Mowag Eagle I est un engin de reconnaissance. Mais sa tourelle peut supporter une mitrailleuse, ce qui fait qu’on peut considérer ce blindé comme une arme.
D’où vient cet engin, qui sert à l’armée ukarinienne? Le seul pays, à part la Suisse, à qui le fabricant a vendu ce modèle est le Danemark. L’armée royale danoise en a reçu 36 et les a utilisé en Irak notamment. Avant de les mettre au rebut en 2008. Mais en 2013, le Danemark en a ressorti 25 pour les vendre à une société allemande.
Cette dernière a signé une clause stipulant que les 27 véhicules resteraient en Allemagne. La société était également soumise au droit suisse pour «l’obtention de l’autorisation suisse de transfert hors d’Allemagne.» L’entreprise a-t-elle respecté son contrat? Le Secrétariat d’Etat à l’économie prend en tout cas l’affaire très au sérieux.
- Lire l’articleLien externe de La Liberté
- Le bon choix des mots selon Alain BersetLien externe, Le Temps
- Ils se déchaînent sur la SuisseLien externe, 20minutes
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