Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
On préférerait ne plus avoir à en parler, on aurait même voulu n’avoir jamais à en parler, mais bon… c’est encore Credit Suisse qui occupe notre une aujourd’hui.
La SSR a commandé à gfs.bern un sondage sur ce traumatisme national. Il montre que les Suisses sont en colère et inquiets. Pour les emplois, pour les dégâts d’image et pour l’avenir sous le règne d’une UBS toute puissante.
Et qui va la surveiller? Selon un insider de la Paradeplatz la FINMA «n’a servi à rien» dans l’affaire Credit Suisse. C’est que nous ne sommes pas aux Etats-Unis, où les agents de la SEC peuvent arrêter des banquiers au saut du lit et leur infliger des amendes à coups de millions. La Suisse, longtemps en amour avec ses banques, a le gendarme des marchés financiers qu’elle a bien voulu se donner…
Bonne lecture, et excellent week-end
Credit Suisse: suite et pas fin. Face à un choc comme il n’en a plus connu depuis la mort de Swissair, le pays n’en finit pas de se frotter les yeux. Un sondage, des explications, des analyses et des craintes sur la future mega-UBS constituent le plat de résistance du menu du jour.
Un sondage à chaud réalisé cette semaine sur un peu plus de 14’000 personnes montre des Suisses sceptiques, en colère et inquiets. Sceptiques quant à la solution choisie (reprise par UBS), en colère contre les managers défaillants et trop gourmands et inquiets pour les emplois et la réputation de l’économie suisse.
Lukas Hässig, animateur du site Inside Paradeplatz, ne mâche pas ses mots sur Credit Suisse. Pour le journaliste économique, la FINMA s’est avérée «inutile», le Conseil fédéral «incapable» et les pontes de la banque qui avaient déposé plainte pénale contre lui pour le faire taire ont fait preuve «de stupidité et d’arrogance».
Pour tout savoir sur les coulisses de l’affaire Credit Suisse, il ne fallait pas lire la NZZ, ni même Inside Paradeplatz, mais le Financial Times. Le quotidien britannique a été le seul à tout dévoiler en détail. Il est vrai qu’il y a mis les moyens, tant pour collecter que pour vérifier les informations. Sa rédactrice en chef raconte.
A la fin de l’année, il ne devrait plus y avoir qu’une seule banque sur la Paradeplatz de Zurich. Quels risques cette monstrueuse Union de Banque Suisse (qui n’aura jamais aussi bien porté son nom) fera-t-elle courir au pays, voire à l’économie mondiale? Les avis divergent.
- Le peuple suisse en colère après la chute de Credit Suisse, les résultats du sondage, par Katy Romy
- «Credit Suisse s’est autodétruit», l’interview de Lukas Hässig, par François Pilet, de Gotham City
- Comment le Financial Times a tout su des coulisses de l’affaire Credit Suisse – Patrick Chaboudez/oang (RTS)
- Une mégabanque UBS est-elle trop dangereuse pour la Suisse?, par Matthew Allen
Qui a peur de la FINMA, l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers? Apparemment, pas les banquiers. Certes, elle a le droit de retirer des licences bancaires ou de confisquer des avoirs illégaux, mais son pouvoir de surveillance et de régulation paraît bien faible en comparaison avec celui des gendarmes des marchés d’autres pays.
La FINMA mène des analyses et des tests, adresse des recommandations aux banques, mandate des audits et organise des visites, mais elle n’a pas le pouvoir d’infliger des amendes. Du coup, les banques «savent que la FINMA est un acteur inférieur. De plus, elle a trop peu de personnes pour pouvoir vraiment et sérieusement contrôler», estime Peter Kunz, professeur de droit économique à l’Université de Berne.
Cette faiblesse «n’est qu’un miroir de la politique suisse, qui n’a pas voulu donner à la FINMA davantage de possibilités d’intervention», note Peter Kunz. Pourtant, des élus politiques réclament depuis des années un renforcement de l’organe de surveillance. Au vu des récents événements, nul doute que d’autres propositions émergent bientôt au Parlement.
Plus
44 Suisses en situation de handicap ont tenu session ce vendredi au Palais fédéral, pour interpeller le monde politique sur les progrès à faire en matière d’inclusion. Nous avons rencontré Irene Stüssi, étudiante malvoyante de 20 ans, qui sait que son handicap ne l’empêche pas d’avancer.
Dans dix ans, elle compte bien avoir son diplôme de théologie et un emploi dans lequel elle sera reconnue pour ses compétences. Elle est très au clair sur le type de soutien professionnel dont elle a besoin pour atteindre son objectif. Or, aujourd’hui, un tel soutien fait défaut.
Bien que la Suisse ait ratifié la Convention de l’ONU sur les droits des personnes handicapées dès 2014, sa mise en œuvre est jusqu’à présent insuffisante. Cela a récemment incité le Conseil fédéral à proposer une révision partielle de la loi sur l’égalité des personnes handicapées. La Session d’aujourd’hui s’est conclue par une résolution appelant à une meilleure représentation politique et à une inclusion active.
- «Je n’ai pas besoin de pitié, mais d’un soutien concret», le portrait en vidéo d’Irene Stüssi, par Patricia Islas
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