Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
Au menu du jour, vous trouverez une évaluation provisoire de la vague pandémique qui fond sur l’Europe, une présentation d’un objet financier lors des votations de février prochain, un redressement fiscal qui frappe une multinationale en Suisse, tout comme un témoignage sur les entraves à l’indépendance des médias en Ukraine.
Bonne lecture,
Un nouveau coup dur pour l’indépendance de la presse en Ukraine. Après 26 ans d’existence, l’hebdomadaire anglophone Kyiv Post a suspendu sa parution le mois dernier. Nous vous proposons le témoignage de l’un de ses journalistes, Dylan Carter.
Libéral et pro-occidental, Kyiv Post était la principale source d’informations sur le pays pour les ambassades, les organisations internationales et les personnes expatriées, situe le quotidien Le Monde. Propriétaire de l’hebdomadaire depuis trois ans, l’homme d’affaires Adnan Kivan a brutalement annoncé la fermeture, annoncée comme provisoire, du titre et le licenciement avec effet immédiat de sa rédaction.
Pour Dylan Carter, comme pour ses collègues, le motif de cette décision ne fait aucun doute: «Nous avons été licenciés après que notre propriétaire, Adnan Kivan, un oligarque milliardaire d’Odessa, en a eu assez de notre journalisme professionnel.»
Pourtant, note mon confrère Bruno Kaufmann, l’Ukraine tente de développer une société civile plus forte et une démocratie plus solide. C’est même au nom de ces valeurs libérales et démocratiques que les pays occidentaux soutiennent Kiev face à Moscou. À ce propos, une conférence internationale sur la réforme de l’Ukraine doit se tenir à Lugano, en Suisse, l’année prochaine.
- Le témoignage d’un journaliste licencié du Kyiv Post (swissinfo.ch)
- En Ukraine, arrêt brutal du « Kyiv Post », journal indépendant anglophone de référence (Le Monde/abonnésLien externe)
- Notre série sur la liberté d’expression
A ce jour, la progression exponentielle des infections au variant Omicron produit deux types de réactions en Europe.
Comme le déclare au New York Times Antoine Flahault, directeur de l’Institute of Global Health à Genève, les pays d’Europe du Nord ont «tendance à être plus proactifs, à agir rapidement en ne voulant pas que leurs hôpitaux soient submergés». Pour les pays du Sud, les restrictions et les blocages sont «toujours un acte de dernier recours».
La Suisse se situe résolument sur la ligne des pays du Sud, tout en suivant de près la situation des hôpitaux, dont plusieurs avertissent atteindre les limites de leur capacité. Cette situation ne s’explique pas uniquement par davantage de patients Covid, selon le site Heidi.news.
«Les hôpitaux du pays accueillent actuellement moins de patients Covid qu’à l’automne 2020, mais plus de malades souffrant d’autres pathologies», écrit la journaliste spécialisée Annick Chevillot sur la base des données disponibles.
Pour faire face à la nouvelle vague de Covid, les hôpitaux sont en pleine réorganisation. Cela alors que les effets des autres vagues se font toujours sentir, sur le personnel hospitalier, comme sur les finances de ces centres médicaux.
D’autant que «les patients Covid passent beaucoup plus de temps aux soins intensifs que les autres malades», souligne Annick Chevillot. Or même avec Omicron, les vaccins semblent toujours diminuer le risque de développer une forme grave de Covid. Se vacciner, c’est aussi protéger les capacités hospitalières de sa région.
- Les hôpitaux suisses sont-ils vraiment saturés? (Heidi.news/abonnésLien externe)
- Crack Down Hard, or Wait and See? Europe Splits on Omicron Response (New York Times/abonnésLien externe)
- Coronavirus, la situation en Suisse
Plus
La taxation des grandes compagnies financières est au menu des prochaines votations fédérales, le 13 février 2022.
SWI swissinfo.ch poursuit la présentation des enjeux des votations avec ce référendum lancé par la gauche. Le Parlement suisse propose de supprimer l’impôt prélevé lorsqu’une entreprise veut lever des fonds en émettant des titres (actions, parts sociales, etc) pour un montant supérieur à un million de francs. La taxe représente 1% du montant émis et rapporte 250 millions de francs par année à la Confédération.
C’est pour ne pas affaiblir le budget de l’Etat que la gauche s’oppose à cette mesure et a lancé un référendum. D’autant que cet allégement exonère un secteur de la finance déjà exempté de la plupart des impôts.
Pour la droite et les milieux économiques, il s’agit d’abandonner une taxe déjà supprimée dans nombre de pays européens. Elle représente donc un désavantage concurrentiel pour la place économique suisse, alors qu’une amélioration de l’attractivité du secteur financier helvétique permettra une hausse des recettes sur le long terme.
- La suppression d’un impôt sur les grandes entreprises soumise au verdict des urnes (swissinfo.ch)
- Comment allez-vous voter le 13 février? (swissinfo.ch)
C’est un jugement du Tribunal fédéral qui fera date. Monsanto devra payer dix ans d’impôts non perçus entre 2005 et 2014 dans le canton de Vaud. La somme totale s’élève à plus de 34 millions de francs.
La multinationale américaine, active dans les semences agricoles et mère du controversé Roundup, avait bénéficié d’une exonération fiscale du canton de Vaud lorsqu’elle était installée à Morges. Rachetée par Bayer en 2018, elle avait quitté Morges pour Bâle deux ans plus tard. Or, une clause prévoyait que l’entreprise devait rester encore dix ans dans le canton après la fin de son exonération, faute de quoi elle devrait rembourser les impôts non payés.
Dans un premier temps, Monsanto n’avait pas obtempéré et obtenu partiellement gain de cause au Tribunal cantonal. Mais le canton a recouru à son tour au Tribunal fédéral et vient donc de l’emporter: Monsanto devra rembourser la somme précise de 34’009’916 d’impôts cantonaux et communaux. Une manne inattendue et non budgétisée qui pourrait être affectée à des projets de défense du climat.
- Lire le compte-renduLien externe de la RTS
- L’articleLien externe du Temps consacré au même sujet
- Notre article de fond sur la nouvelle réforme fiscale mondiale des multinationales
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative