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Les Suisses de l’étranger se distinguent par une confiance plus basse dans la politique suisse

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Comment vont les Suisses établis hors du pays? Entre pression professionnelle et retraite au soleil, leurs réalités sont contrastées. Une vaste enquête mandatée par la SSR montre qu’ils et elles sont globalement très satisfaits de leur vie, mais plus critiques envers la politique et le système social de leur pays d’origine.

«Comment ça va la Suisse?» Pour la troisième fois en trois ans, l’institut de recherche gfs.bern a mené, pour le compte de la SSR, une enquête d’opinion représentative auprès de la population suisse ainsi que des Suisses de l’étranger. Sa conclusion: la bonne appréciation générale, qu’on vive en Suisse ou ailleurs, demeure remarquablement stable.

Parmi les Suisses de l’étranger, 84% des personnes interrogées se déclarent satisfaites de leur vie, un chiffre en hausse par rapport à 2024 (82%).

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Les données montrent que la plupart des Suisses de l’étranger qui ont participé à l’étude ont grandi en Suisse. Ces personnes emportent avec elles à l’étranger des valeurs fondamentales, ainsi que leur satisfaction à l’égard de la vie», explique Urs Bieri de gfs.bern, co-directeur de l’enquête.

Les incertitudes mondiales, telles que les guerres ou les recompositions géopolitiques, sont perçues de manière similaire qu’on vive en Suisse, dans un pays voisin ou à l’autre bout du monde. «Les nuages noirs sont encore au loin, mais on sent qu’ils se rapprochent», poursuit Urs Bieri. L’inquiétude concerne moins leur situation personnelle que l’avenir des enfants et des jeunes générations.

La carrière et la retraite sont les principaux motifs d’émigration

Les Suisses de l’étranger se répartissent en deux groupes distincts, comme cela était déjà le cas lors de la précédente enquête SSR il y a un an.

Le premier groupe est constitué des personnes qui ont émigré pour des raisons professionnelles. Elles ressentent une pression plus forte que leurs compatriotes travaillant en Suisse. «Les personnes qui quittent le pays pour travailler montrent souvent une plus grande volonté de performance, elles veulent donner davantage», note Urs Bieri. Leur choix de formation est d’ailleurs plus orienté vers la progression de carrière et la formation continue.

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De même, les valeurs matérielles comptent davantage pour ce groupe, comme une récompense du travail fourni. «En Suisse, on accorde plus de valeur au temps libre, à la nature ou à l’amitié», souligne le politologue.

Les personnes qui se sont expatriées pour leur retraite composent le deuxième groupe de Suisses de l’étranger. «Ces personnes ont plus de 65 ans et leur regard sur la vie – à l’instar de celui de leurs pairs restés au pays – est plus détendu», selon Urs Bieri.

Mais la question financière les préoccupe davantage. «Certaines personnes ont choisi de passer leur retraite à l’étranger pour des raisons économiques et cela se reflète dans leurs réponses», poursuit-il.

Les Suisses de l’étranger jugent aussi plus sévèrement les assurances sociales en Suisse. Alors que près de 60% des personnes interrogées dans le pays pensent que «grâce au système social, personne n’a à souffrir de la faim ou du sans-abrisme en Suisse», cette affirmation n’est partagée que par 45% des Suisses de l’étranger ayant pris part au sondage.

«J’imagine que certaines de ces personnes ont fait l’expérience de la difficulté de vivre avec peu de moyens en Suisse», avance le politologue.

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Sur le thème de l’argent toujours, les membres de la diaspora helvétique semblent plus discrets sur leurs finances. Ils et elles sont plus nombreux à déclarer disposer d’économies secrètes, dont même leurs proches n’ont pas connaissance.

Un regard plus critique sur la politique

Lorsque les Suisses de l’étranger évoquent leur pays d’origine, ils et elles expriment surtout des sentiments positifs, parfois idéalisés – sauf en matière de système politique.

Cela surprend, car le premier sondage réalisé en 2023 avait donné une image différente. Alors qu’à cette époque 77% des Suisses de l’étranger considéraient le système de milice comme une recette à succès, leur proportion est tombée à 59% en 2025, soit nettement moins que celle de la population nationale (74%).

La confiance dans la classe politique est également plus faible: beaucoup de Suisses de l’étranger estiment en effet que leurs représentants et représentantes se sont déconnectés de la population.

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Les raisons restent difficiles à cerner, mais pourraient être liées aux expériences vécues dans le nouveau pays de résidence. «Vivre dans un pays marqué par la corruption peut rendre plus critique vis-à-vis de la politique en général», avance Urs Bieri, tout en rappelant qu’il ne s’agit là que d’une explication parmi d’autres.

Les résultats du sondage montrent également que les bouleversements géopolitiques et économiques liés à Donald Trump ont laissé des traces dans l’opinion publique. Lisez notre article à ce propos:

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Autre constat: l’expérience de la vie à l’étranger semble renforcer la sensibilité aux questions d’égalité entre les genres. Les Suisses de l’étranger se montrent ainsi plus favorables à une représentation équilibrée des femmes et des hommes aux postes de direction (62% contre 49% en Suisse). Ils et elles se montrent aussi plus critiques à l’égard de l’affirmation selon laquelle l’évolution des rôles de genres accablerait les hommes.

«Sur ce point, le fait de se trouver en ‘minorité’ pourrait jouer un rôle. On observe souvent que les personnes qui appartiennent à une minorité sont plus sensibles aux injustices », analyse Urs Bieri.

L’étude « Comment ça va la Suisse? » repose sur une enquête représentative menée auprès de 55’006 personnes résidant en Suisse et Suisses de l’étranger, entre le 12 mai et le 15 juin 2025. Au total, 1196 Suisses de l’étranger ont participé à l’enquête. Réalisée pour la troisième fois en trois ans par gfs.bern sur mandat de la SSR, elle reprend en grande partie les questions des éditions précédentes, avec quelques nouveautés.

3000 personnes ont été sélectionnées dans un panel en ligne afin de refléter la population suisse de 16 ans et plus, selon la langue, l’âge et le genre.

Les autres participants et participantes ont répondu au questionnaire en ligne sur une base volontaire, après avoir été sollicités par la SSR. Pour corriger les biais, gfs.bern a appliqué des méthodes spécifiques de pondération et de validation des données. La marge d’erreur est de ± 1,8 point, avec un niveau de confiance de 95%.

Texte relu et vérifié par Samuel Jaberg, traduit de l’allemand par Pauline Turuban à l’aide d’un outil de traduction automatique

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