«On n’a pas le droit d’aider financièrement, mais parfois, on déroge à la règle»
Au Maroc, le rôle du consul honoraire suisse Max Rosari consiste la plupart du temps à fournir des renseignements. Il arrive toutefois que certains cas précaires le touchent plus particulièrement.
«Parfois, des Suisses sans plus aucun moyen se présentent à mon bureau, avec leurs valises, et demandent de l’aide.» Depuis plus de trois ans qu’il occupe la fonction de consul honoraire à Marrakech, Max Rosari a déjà dû assister des ressortissantes et ressortissants suisses en grand besoin à quelques reprises.
«Normalement, on n’a pas le droit de les aider financièrement, mais parfois, on déroge à la règle», déclare ce Bernois d’origine italienne de 61 ans. «Je me dis toujours que si cette personne faisait partie de ma famille, j’aimerais que quelqu’un lui vienne en aide.»
Lorsque de tels cas surviennent, le rôle d’un consul honoraire est d’assurer un travail de coordination avec l’ambassade. «C’est ensuite cette dernière qui prend les choses en main, et nous exécutons», précise-t-il.
Un bureau de renseignements
D’un point de vue officiel, un consul honoraire doit effectuer un travail de représentation en «favorisant les relations entre la Suisse et le pays hôte, et en contribuant à renforcer la présence de la Suisse sur place», selon le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). La fonction implique aussi d’«entretenir des contacts avec la communauté suisse à l’étranger».
Sur le terrain, cela se traduit pour Max Rosari par des contacts réguliers avec les autorités locales – ce qui lui ouvre également des portes sur le plan professionnel – ou des discours, notamment lors de commémorations.
Il déclare cependant que, 90% du temps, son rôle consiste à fournir des renseignements aux Suisses, mais aussi aux citoyennes et citoyens marocains qui se présentent à son bureau.
La majorité des personnes s’adressent à lui pour des demandes de visas, parfois plusieurs fois par jour. Or, il n’est pas en mesure de les leur fournir. «C’est le travail de l’ambassade à Rabat», indique-t-il.
Un engagement bénévole
Ces interruptions régulières sont quelquefois pénibles, car le bureau de consul honoraire est aussi le lieu de travail de Max Rosari, qui est entrepreneur et développeur informatique. Il gère ses entreprises et développe des logiciels pour les télévisions des hôtels et des hôpitaux parallèlement à sa fonction de consul honoraire, laquelle n’est pas rémunérée.
Une indemnisation annuelle de 6500 francs suisses lui est néanmoins versée pour compenser les frais divers de représentation.
En moyenne, ses activités de consul honoraire l’occupent quelques heures par semaine, avec des exceptions de temps à autre: «Il y a peu, le problème juridique d’un Suisse m’a accaparé durant trois jours. Mais c’est justement dans ces situations-là que nous sommes utiles», dit-il.
Aimer rendre service
Le Bernois apprécie particulièrement de pouvoir rendre service aux Suisses de Marrakech. Environ 70% des Helvètes de la région sont des personnes retraitées, estime-t-il. Il s’occupe ainsi souvent de problèmes de renouvellement de passeports et, parfois, de cas de décès.
D’après Max Rosari, nombre de ces personnes ne résident pas officiellement au Maroc, mais effectuent des aller-retours entre les deux pays. «Ces Suisses aussi ont besoin de nos services», indique-t-il.
Officiellement, 1599 citoyennes et citoyens suisses vivaient au Maroc fin 2024. En plus de l’ambassade à Rabat et de Max Rosari à Marrakech, trois autres consuls honoraires représentent la Confédération dans le pays, à Essaouira, Tanger et Casablanca.
Un processus de recrutement exigeant
Le Bernois officie depuis trois ans et demi. S’il apprécie ce poste, Max Rosari ne cherchait pas à l’occuper au départ: «Je faisais partie du cercle suisse de Marrakech, et son président trouvait que j’avais le profil idéal. Alors j’ai postulé.»
Après un processus de recrutement qu’il qualifie d’intensif, notamment parce qu’il a eu lieu au moment de la pandémie de Covid-19, il a pris ses fonctions en avril 2022.
Ce premier mandat prendra fin en avril 2026. Il aimerait poursuivre lors d’un deuxième mandat, «mais cela dépendra de Berne».
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Relu et vérifié par Pauline Turuban
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