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Le marivaudage, un jeu qui marche

Portrait de Marivaux par Van Loo. alalettre.com

Hasard du calendrier: trois pièces de Marivaux sont à l'affiche des scènes suisses.

Preuve de l’intérêt que suscite encore cet auteur chez le public et chez les metteurs en scène. Selon ces derniers, le célèbre dramaturge français reste très moderne.

Les amateurs d’intrigues amoureuses sont servis: Marivaux est sur tous les fronts. Oui, le célèbre inventeur du «marivaudage», né en 1688, séduit nos metteurs en scène. Et pour cause, il est éminemment moderne, reconnaissent aujourd’hui ceux qui portent sur les planches ses pièces.

Trois d’entre elle, justement, sont présentées presque en même temps sur les scènes suisses: «La fausse suivante», «La dispute», et «L’île des esclaves».

Point commun aux deux premières pièces: l’amour et le sexe. Deux moteurs qui, depuis que le monde est monde, font turbiner les cœurs et les corps.

Deux mécaniques, aussi, au fonctionnement indémodable, que Marivaux a bien huilées pour faire avancer son théâtre à toute allure et en toute finesse.

Ancrage dans le présent

Il n’est donc pas étonnant que ce théâtre-là fasse salle comble. C’était le cas lorsque nous sommes allés voir «La fausse suivante» et «La dispute», toutes deux actuellement à l’affiche des salles romandes. Toutes deux également ramenées à la réalité d’aujourd’hui grâce à leurs metteurs en scène respectifs: Martine Charlet et Alain Maratrat.

Pour Charlet, «La fausse suivante» est une battante qui affiche une féminité virile, en plein essor de nos jours. Jeune fille riche et belle, elle se déguise en chevalier pour mieux percer le cœur de l’homme qu’on lui destine comme mari.

C’est donc une frondeuse. Sa féminité moderne s’oppose à celle obsolète de la Comtesse qui, sur scène, avance armée d’une élégance d’un autre âge.

Autre ancrage dans notre société, «La dispute» ici projetée dans l’univers de la télé-réalité. Pour Alain Maratrat, son metteur en scène, Marivaux suggère dans cette pièce une expérience de laboratoire qui, trois siècles plus tard, sera en vogue. Avec notamment le reality-show «Big Brother» et ses nombreux avatars, comme «Gran Hermano» «Loft Story» ou «Star Academy».

A chacun donc son expérience clinique de «la bête humaine». Chez Marivaux cela se fait évidemment avec beaucoup plus de finesse qu’à la télé.

Un prince promet un jour à sa princesse de lui offrir une fête au cours de laquelle apparaîtront deux jeunes couples élevés séparément, et jusqu’à leur majorité, à l’écart du monde. Une fois adultes, ils sont livrés à la vie et découvrent l’amour, ses tentations, ses plaisirs et ses trahisons.

Tel est l’argument de «La dispute». Un conte, donc, qui sur scène dresse devant le public «le miroir de l’humanité», avec beaucoup d’humour et de gaieté.

A suivre

Ce miroir ne fait pas défaut à «L’Ile des esclaves», conte initiatique également, qui nous mène sur une île où des marins ont échoué après un naufrage. Là, ils vont réapprendre à vivre.

On n’en dira pas plus pour le moment sur cette pièce que Gino Zampieri, directeur du TPR (Théâtre populaire romand), créera à la Chaux-de Fonds le 18 février.

swissinfo, Ghania Adamo

«La dispute», Théâtre de Vidy-Lausanne, jusqu’au 6 février.
«La fausse suivante» à Morges, Théâtre de Beausobre, le 27 janvier. Sierre, Théâtre les Halles, 4 et 5 février. Avenches, Théâtre du Château, 9 et 10 février. Lausanne, Théâtre de l’Arsenic, du 17 au 19 février. Winterthur, Théâtre Winterthur, le 21 février.
«L’Ile des esclaves», La Chaux-de-Fonds, Théâtre populaire romand, du 18 au 27 février.

– Pierre Carlet Chamblain de Marivaux est né en 1688 à Paris.

– Moraliste, romancier, journaliste, c’est surtout le dramaturge qui est célèbre.

– Membre de l’Académie française, il est l’auteur de La surprise de L’Amour (1722), de La double Inconstance, du Jeu de l’Amour et du Hasard (1730), des Fausses Confidences (1737).

– Marivaux meurt en 1763.

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