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Saperlipopette! Plonk & Replonk montent sur scène

«Dernier thé à Baden-Baden» à voir du 26 au 30 janvier. TPR/Camille Mermet

A la demande du Théâtre Populaire Romand, les deux dessinateurs et humoristes suisses ont écrit «Les monologues d’un agent double», autrement intitulé «Dernier thé à Baden-Baden». Leur pièce sera créée à la Chaux-de-Fonds le 26 janvier. Entretien surréaliste.

Leur théâtre d’opération, c’est avant tout la carte postale: 10 cm x 15 cm d’image détournée au profit d’une satire souvent féroce. La Suisse, son lac Léman, ses bateaux à vapeur, ses jardins, ses montagnes, son armée, ses officiers… tout le monde en prend pour son grade.

Epingler la vanité autant que la bonhomie, détrôner les croyances et installer la résistance. Les cartes des Plonk & Replonk sont des morceaux de vie arrachés à la routine et livrés au rire. Publiées par séries, elles s’exposent dans les musées et se vendent chez les libraires.

Aujourd’hui, leurs deux auteurs réarment leur satire et agrandissent leur surface d’intervention pour lui donner la dimension d’une scène. Une vraie scène, Beau Site, à la Chaux-de-Fonds, là où le TPR (Théâtre Populaire Romand) a élu domicile, comme Plonk & Replonk d’ailleurs. C’est donc pour le TPR que les deux enfants du pays ont écrit un spectacle annoncé détonnant: «Dernier thé à Baden-Baden», monté par le directeur des lieux, Andréa Novicov.

Le moteur du spectacle? Un agent double qui répond au nom d’Otto. Pour en parler, voici donc Plonk & Replonk.

swissinfo.ch: Une des séries de vos cartes postales s’intitule «Métiers d’antan». Y avez-vous songé en propulsant Otto dans un monde où la bipolarité n’existe plus?

Plonk & Replonk: On peut dire qu’un agent double au service de l’anti-contre espionnage suisse, c’est une personne qui exerce un futur métier d’antan, vu qu’on est passé de la guerre froide à la super guerre tiède.

swissinfo.ch: Ah! Parce qu’il est suisse, Otto?

P & R: Disons que c’est un vestige ambulant de l’après-guerre, qui travaille pour le compte d’un bureau caché dans les Alpes et chargé, depuis 1948, de neutraliser le monde à coups de meules de fromage.

swissinfo.ch: Mais vous ne répondez pas vraiment à la question : est-il, oui ou non, Suisse, Otto?

P & R: Bon… c’est un peu ambigu car il a été cloné. Le problème, c’est qu’on ne sait pas s’il a été cloné à partir d’un poil du nez du soldat inconnu ou s’il a vraiment des parents naturels. Autre ambiguïté: il s’est dédoublé après le clonage. Il pourrait donc avoir deux nationalités, une suisse et une autre helvétique. Mais alors pour l’écriture du scénario, je ne vous dis pas…

swissinfo.ch: Ça été difficile?

P & R: Ah oui! Vous imaginez un peu, un homme qui coiffe deux personnages et arrive à se situer dans deux points de l’espace en même temps. Ceci dit, pour «dessiner» ce rôle double, on a dû se masquer – avec une main – un des deux yeux. Ça a réduit de moitié la difficulté.

swissinfo.ch: Vous êtes complètement «Au-dessous du Réel» ici, pour reprendre encore un des titres donné à vos séries de cartes…

P & R: En effet, le «Réel» se situe à 1100 mètres d’altitude, et nous, on est coincé ici à 1000 mètres. Donc on reste largement «Au-dessous».

swissinfo.ch: Votre Otto, n’est-il pas à mi-chemin entre la légende et la sornette?

P & R: On peut dire qu’il est complètement dans les deux, ce qui rajoute à sa dualité. Son côté légendaire, ce sont ses exploits d’agent secret. Quant à son côté sornette, ce sont les bruiteurs qui le créeront sur scène.

swissinfo.ch: Et ces bruits correspondent à quoi?

P & R: Ce sont des klaxons, on s’assied dessus et ça fait pouèt pouèt dans les fesses.

swissinfo.ch: Andréa Novicov qui met en scène votre «Dernier thé à Baden-Baden» dit qu’avec vous, il a voulu marier l’aspect bidimensionnel de la carte postale et celui tridimensionnel du théâtre. Vous qui abordez la scène pour la première fois, comment vivez-vous ce mariage?

P & R: On réalise qu’il est très dur de jouer avec le temps sur un plateau. Bien plus dur que sur un petit bout de carton. Une image imprimée, vous pouvez vous arrêter dessus une minute ou une heure. C’est vous qui êtes le maître de la durée. Le théâtre, en revanche, vous le subissez. Vous ne pouvez pas revenir en arrière ou suspendre le cours d’une séquence. Il nous a donc fallu travailler sur des mécaniques qui ne nous sont pas coutumières.

swissinfo.ch: Est-ce que ce premier travail théâtral ajoutera quelque chose à votre gloire de «faiseurs d’images»?

P & R: Oh! On ne cherche pas la gloire, on cherche à s’amuser.

Ghania Adamo, swissinfo.ch

«Dernier thé à Baden-Baden, les monologues d’un agent double» au Théâtre Populaire Romand, Beau Site, La Chaux-de-Fonds.
Du 26 au 30 janvier. Puis les 4, 5 et 6 février.

Alias Hubert et Jacques Froidevaux, deux frères éditeurs, dessinateurs, satiristes et «faiseurs d’images», selon leur formule.

Vivent et travaillent à La Chaux-de-Fonds.

Ont créé des séries de cartes postales anciennes, retouchées et détournées de leur sens premier avec un humour absurde.

Leurs thèmes sont souvent puisés dans les mythes helvétiques.

Leurs cartes sont distribuées en Suisse, en Belgique et en France. Elles ont fait l’objet de nombreuses expositions.

Ont publié des livres illustrés, dont «La face cachée du Léman, mythes, légendes et sornettes».

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