Tour de France – aussi une illustration du fédéralisme suisse
Une fête d’été, couronnée si possible d’une victoire d’étape helvétique à Berne ou dans les montagnes valaisannes: c’est ce qu’espèrent les fans suisses de cyclisme des trois jours que va passer sur leurs terres le troisième plus grand événement sportif du monde. «Le Tour» en Suisse, c’est aussi un grand projet intérieur en matière de fédéralisme.
Le 18 juillet, la «Grande Boucle» arrive à BerneLien externe, qui sera ville-étapeLien externe pour la première fois. Après un jour de repos dans la capitale, la caravane du Tour prendra mercredi la route du ValaisLien externe. La montée vers le barrage d’Emosson, avec une arrivée à 2000 mètres d’altitude, devrait logiquement couronner un spécialiste de la montagne.
Les deux étapes suisses traverseront les cantons de Vaud, de Neuchâtel, de Fribourg, de Berne et du Valais. Si l’on parle de la sécurité du parcours, l’organisation de cette incursion helvétique devient une tâche herculéenne. Car en Suisse, pays dont la structure politique repose sur le fédéralismeLien externe, chaque commune est souveraine sur son territoire.
«Chaque commune que la caravane du Tour va traverser doit donner son accord», explique à swissinfo.ch Alexander Tschäppät. Le maire de Berne et l’entrepreneur et mécène Andy Rihs, fans enthousiastes de vélo, se sont tous deux fortement engagés pour ce passage du Tour en Suisse.
Souveraineté communale contre garde à vous
Rien que dans le canton de Berne, les promoteurs ont dû contacter 40 communes. «Toutes ont collaboré, même si certaines n’ont pas montré au départ un grand enthousiasme», relève Alexander Tschäppät. Le «non» d’une seule commune aurait en revanche pu bouleverser les plans d’étape des organisateurs français.
De quoi on parle: «Bienvenue en Suisse au Tour de France!» Pour pouvoir le dire, il aura fallu beaucoup de doigté fédéraliste. Car le refus d’une seule commune de fermer ses routes aurait bouleversé les plans d’étape.
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En France, où tout est centralisé, les choses se passent bien différemment. «Là, les communes se tiennent au garde à vous quand le Tour s’annonce. Il n’y a pas de discussion», explique le maire de Berne.
Mais malgré tout le fédéralisme suisse, les Français ont leur mot à dire. Leur exigence stricte: que les tronçons de route empruntée soient fermés pendant cinq heures.
«Les cinq cantons par lesquels passe le Tour doivent collaborer à l’organisation de la sécurité du trajet. Cette collaboration entre polices et offices de la circulation fonctionne bien», se réjouit Alexander Tschäppät.
Pendant une étape du Tour, la mobilité de tous les usagers de la route se trouve fortement limitée. Mercredi par exemple, tout le Simmental sera fermé «Vouloir livrer du béton frais ce jour-là n’est certainement pas une bonne idée», illustre le maire de la capitale.
Mais d’un autre côté, les régions que le Tour va traverser bénéficient d’une couverture TV considérable. «Les chaînes France 2 et Eurosport retransmettent les étapes en direct depuis le départ. Ce qui donne après tout de belles images du passage de la caravane à travers le Simmental».
Le Tour de France 2016 en Suisse
18 juillet: Moirans-en-Montagne (F) – Berne.
19 juillet: jour de repos à Berne.
20 juillet: Berne – Finhaut-Emosson (arrivée en montagne).
393,5 des 3519 kilomètres du Tour 2016 se courent en Suisse.
La caravane du Tour, avec les coureurs, les membres des équipes et les médias, ce sont plus de 1500 personnes, et autant de nuitées dans chaque ville-étape.
Rien qu’à Berne, 1100 bénévoles seront mobilisés pour cette fête du vélo qui va durer en tout quatre jours. La ville de Berne contribue pour 500’000 francs, et le seul canton de Berne met 1,75 million.
Le Tour de France est retransmis dans 190 pays et touche des centaines de millions de téléspectateurs, ce qui en fait le troisième plus gros événement sportif au monde.
Et ce ne sont pas des paroles en l’air d’Alexander Tschäppät. Cette année, plus de trois millions de téléspectateurs en moyenne ont suivi par exemple la 10e étape du Tour sur France 2, comme le rapporte le journal «L’Equipe».
Le Tour est retransmis dans 190 pays et touche des centaines de millions de téléspectateurs, ce qui en fait le troisième événement sportif planétaire, derrière les JO d’été et la Coupe du Monde de football.
Pédaler contre le franc fort
Le Valais aussi veut profiter de cette caisse de résonnance médiatique. Avec la spectaculaire arrivée au barrage d’EmossonLien externe, le canton va en effet lancer son offre touristique Valais Velo TourLien externe, par laquelle il entend se positionner explicitement comme destination pour les vacanciers amateurs de cyclisme.
Le but est d’offrir aux visiteurs «une expérience à vélo géniale et complète». Pour cela, Damian Constantin, directeur de cette nouvelle offre, a prévu d’y inclure aussi la culture et la gastronomie, avec des dégustations de vins et d’autres spécialités. Selon lui, «les amateurs de cyclisme forment un segment de clientèle attractif, parce que relativement fortuné. Pour une bonne offre, ils sont prêts à dépenser quelque chose».
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(Traduction de l’allemand: Marc-André Miserez)
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