
Affaire Elf: enquête bloquée par le Liechtenstein

Lundi doit s'ouvrir à Paris le premier procès de l'affaire Elf. Un procès rendu possible, en partie, grâce à la collaboration de la justice suisse. En revanche, l'enquête reste bloquée à Vaduz.
Roland Dumas, inculpé pour «complicité et abus de biens sociaux», a déjà annoncé qu’il ne serait pas présent au procès qui débute lundi. Agé de 77 ans, il a adressé trois certificats médicaux à la 11e chambre du Tribunal correctionnel de Paris en novembre 1999, attestant de l’incompatibilité de son état de santé «avec la tenue d’un procès censé durer au moins deux semaines».
L’ancien ministre, et ancien président du Conseil constitutionnel, est pourtant la vedette de cette gigantesque affaire qui secoue la France depuis 1997. La compagnie pétrolière Elf est soupçonnée d’avoir arrosé la classe politique française via sa filiale suisse, Elf Aquitaine International, installée à Genève, notamment durant le second septennat de François Mitterrand.
L’ancien ministre français est notamment soupçonné d’avoir favorisé l’embauche de sa maîtresse, Christine Deviers-Joncour, chez Elf. Sous le nom de «Christine Dejon», cette dernière bénéficiait d’un salaire de 40.000 francs français à Genève (environ 10.000 francs suisses), sans pour autant fournir un travail automatiquement perceptible.
Si la justice suisse a collaboré à cette enquête, permettant de mettre la main sur une partie du trésor de guerre de Christine Deviers-Joncour (26 millions de francs français), en revanche, l’enquête est bloquée à Vaduz.
«Malgré leurs promesses, les autorités du Liechtenstein n’ont jamais répondu aux 7 commissions rogatoires que j’ai envoyées depuis 1998», dénonce Paul Perraudin, le juge genevois en charge du dossier Elf, contacté par swissinfo cette semaine.
Résultat, les justices suisse et française ignorent toujours quels sont les véritables bénéficiaires des copieux pots-de-vin (on parle d’un milliard de francs suisses) versés par le groupe Elf entre 1989 et 1993. Des commissions parties de Suisse et englouties au Liechtenstein dans des sociétés-écrans.
Ian Hamel

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