La voix de la Suisse dans le monde depuis 1935
Les meilleures histoires
Démocratie suisse
Les meilleures histoires
Restez en contact avec la Suisse

Affaire Elf: la Suisse veut forcer l’Allemagne à enquêter

Le pétrolier français Elf avait racheté la raffinerie Leuna installée en Allemagne de l’Est, ainsi que les stations services Minol pour 5 milliards de francs français. Keystone

Depuis quatre ans, la justice suisse détient les preuves que des proches d'Helmut Kohl ont perçu des commissions lors du rachat de la raffinerie allemande Leuna par la compagnie française Elf. Faute de réaction allemande, comment activer le dossier?

L’Office fédéral de la justice vient de transmettre à l’Allemagne une demande de délégation de poursuites pénales contre des suspects allemands pour des faits instruits sur le sol suisse. Derrière le vocabulaire judiciaire se dissimule une procédure pratiquement inédite.

En clair, les magistrats suisses, et notamment Bernard Bertossa, procureur général du canton de Genève, disent à leurs homologues allemands: comme vous ne voulez rien faire directement qui puisse nuire à vos hommes politiques, nous, les Suisses, nous allons agir. Toutefois, nous vous demandons un coup de main, celui de mener des investigations sur votre propre territoire.

En effet, l’Allemagne ne livre pas ses ressortissants à la justice d’autres pays. Les hommes politiques allemands inculpés par la Suisse ne seront pas livrés à la Confédération. En revanche, si Berlin accepte la proposition de Berne, elle aura » immédiatement accès à tout le dossier » concernant l’affaire Leuna.

L’histoire remonte à 1992. Le pétrolier français Elf décide de racheter la raffinerie Leuna installée en Allemagne de l’Est, ainsi que les stations services Minol. L’opération se monte à 5 milliards de francs français. Dans le même temps, Elf charge un intermédiaire installé à Lausanne, André Guelfi, de verser autour de 300 millions de francs français à deux personnages proches des services secrets.

Il s’agit pour la France de Pierre Léthier, un résident genevois aujourd’hui en fuite, et pour l’Allemagne de Dieter Holzer. Le juge Paul Perraudin, en charge du dossier, découvre que des commissions ont atterri dans les poches d’hommes politiques proches d’Helmut Kohl. Notamment Ludvig-Holger Pfahls, ancien secrétaire d’Etat à la Défense de 1987 à 1992.

Malgré un rapport fort précis de 17 pages envoyé au parquet d’Augsbourg en octobre 2000, la justice allemande n’a jamais manifesté le moindre intérêt pour ce dossier. Pire, six parquets allemands se sont déclarés les uns après les autres » incompétents » dans cette affaire. La justice suisse va-t-elle créer un électrochoc? Bernard Bertossa n’a pas caché son pessimisme face au » silence complet » allemand.

Ian Hamel

Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision