Affaires de corruption au Kremlin
La Suisse a décidé de geler des comptes dans une vingtaine de banques helvétiques, soit au total plus de 40 millions de dollars déposés au nom de Boris Berezovski, homme d'affaires influent et proche du président russe Boris Eltsine.
La Suisse a décidé de geler des comptes dans une vingtaine de banques helvétiques, soit au total plus de 40 millions de dollars déposés au nom de Boris Berezovski (photo d’archive), homme d’affaires influent et proche du président russe Boris Eltsine. Mais cette décision n’inquiète pas outre mesure le Kremlin. D’autant que le procureur général de Russie qui avait demandé la collaboration des autorités judiciaires suisses n’est plus en poste aujourd’hui.
Le clan Eltsine aurait de quoi craindre le pire, il n’en est rien, car derrière l’action de la justice suisse, se profile l’ombre d’un homme, qui n’a aujourd’hui plus de pouvoir, c’est le procureur général Iouri Skouratov, écarté de son poste au printemps dernier.
Celui-ci avait entamé une lutte qui promettait d’être sans merci contre la famille Eltsine, arrêtée en plein vol par les services secrets russes qui ont su habilement le piéger en lui proposant les services de prostituées offerts par un homme sur qui il enquêtait, Iouri Skouratov s’est retrouvé du jour au lendemain au ban du pouvoir. Mais les jalons qu’il avait réussi à poser en Suisse par l’intermédiaire de Carla del Ponte, alors procureur de la Confédération, ont tout de même porté leurs fruits. Les autorités suisses ont gelé plusieurs comptes du sulfureux Boris Berezovski, un proche de la famille.
Reste que depuis la mise à l’écart de Iouri Skouratov, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la Moskova. Le président russe a changé deux fois de gouvernements pour finalement placer à la tête du cabinet des ministres l’ancien chef des services secrets : Vladimir Poutine. Celui-ci a commencé à faire le ménage, en remplaçant il y a trois jours le ministre de la justice. Objectif caché pour Boris Eltsine : que Vladimir Poutine freine l’action des organes judiciaires, et lui succède dans un an au poste de chef de l’Etat pour le protéger de ces affaires potentiellement explosives.
Moscou, Mathieu Jego.
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