Comptes en Suisse d’un ancien dictateur nigérian: la justice bloque 550 millions de dollars
Cette mesure touche sept banques à Genève et trois à Zurich. Elle concerne quelque 120 comptes appartenant au général Sani Abacha, chef de l'Etat nigérian jusqu'à sa mort en 1998. Une enquête pour blanchiment d'argent a été ouverte à Genève.
Cette mesure touche sept banques à Genève et trois à Zurich. Elle concerne quelque 120 comptes appartenant au général Sani Abacha (photo), chef de l’Etat nigérian jusqu’à sa mort en 1998. Une enquête pour blanchiment d’argent a été ouverte à Genève.
L’affaire des comptes bancaires de l’ancien dictateur nigérian, Sani Abacha, connait un nouveau développement. Le juge genevois Georges Zecchin, en charge du dossier, a confirmé que 550 millions de dollars sont actuellement saisis par la justice suisse. Une mesure qui touche sept banques à Genève et trois à Zurich. Au total quelque 120 comptes bancaires sont concernés.
Rappelons qu’à mi-octobre, l’Office fédéral de la police bloquait à titre provisoire des comptes appartenant à l’ex-général du Nigeria. C’est sur demande du gouvernement actuel que Berne agissait. Les autorités nigérianes estiment que Sani Abacha a pillé des dizaines de milliards de dollars des caisses de son pays. Il aurait bénéficié de la complicité de sa famille et de plusieurs hommes d’affaires. Les accusations portent notamment sur l’escroquerie, le faux dans les titres et le blanchiment d’argent. Le gouvernement nigérian doit adresser avant la fin janvier une demande formelle d’entraide judiciaire à la Suisse.
«Nous avons les preuves qu’au moins 2,2 milliards de dollars ont quitté frauduleusement le pays», précise Me Enrico Monfrini dont l’étude genevoise a été chargée du dossier par l’actuel gouvernement nigérian. On sait maintenant qu’une bonne partie de cet argent se trouve toujours dans les coffres helvétiques.
A Genève, une enquête pour blanchiment d’argent a été ouverte. Alors que la Commission fédérale des banques a engagé une procédure pour déterminer si des établissements mis en cause ont accepté sans contrôle des fonds déposés par le dictateur ou son entourage. Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur le blanchiment, le 1er avril 1998, tous les intermédiaires financiers ont l’obligation de dénoncer leurs soupçons lorsqu’ils estiment être en face de clients douteux. Dans le cas de Sani Abacha, au vu des personnes impliquées et de l’importance des montants, on peut s’étonner que les banques n’aient pas fait part aux autorités suisses du moindre soupçon sur ces fonds alors que le Nigeria était montré du doigt au niveau mondial, notamment pour des affaires de corruption et de trafic de drogue.
Luigino Canal
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