Corruption internationale : la Suisse peut faire mieux
Transparency International, une ONG qui lutte contre la corruption, publie un nouvel indice. Il classe 19 pays en fonction de la manière dont est perçu le comportement de leurs entreprises en matière de pots-de-vin. La Suisse prend le cinquième rang.
Transparency International, une ONG qui lutte contre la corruption, publie un nouvel indice. Il classe 19 pays en fonction de la manière dont est perçu le comportement de leurs entreprises en matière de pots-de-vin. La Suisse prend le cinquième rang.
Le résultat est jugé plutôt moyen par les responsables de la section helvétique de Transparency International : 7,7 sur une échelle qui va de 10, note qui correspond à un niveau de corruption perçu comme négligeable, à 0, pour de hauts niveaux de corruption. La Suisse est devancée par quatre pays : la Suède, l’Australie, le Canada et l’Autriche. Et la France, par exemple, ne se classe que treizième. Tout au bas, on trouve la Chine et la Corée du Sud.
Mais il est important de préciser que ce classement n’est pas basé sur des faits, une compilation de cas de corruption. Il s’agit en fait d’un sondage, effectué dans quatorze pays émergents, comme la Colombie ou la Pologne. C’est le reflet de la manière dont on perçoit, sur place, l’attitude des entreprises basées dans les principaux pays exportateurs : dans quelle mesure ont-elles recours à des pratiques douteuses, comme la distribution de pots-de-vin?
Parallèlement à cette étude, Transparency International publie la cinquième édition de son baromètre des corrompus. C’est-à-dire le classement de 99 pays en fonction de l’image qu’ils ont quant au degré de corruption de leurs fonctionnaires. Là aussi, donc, il s’agit de perceptions. La Suisse prend le neuvième rang, le Danemark arrivant en tête, avec le plus bas niveau de corruption, et le Cameroun arrivant en queue.
Mais la Suisse pourrait faire mieux. C’est en tout cas l’avis de Philippe Lévy, le Président de Transparency Switzerland. Pour lui, il existe un amalgame entre le rôle de la place financière suisse et les pratiques de corruption ou de blanchiment d’argent sale. Autre explication : la Suisse est le siège de beaucoup de grandes entreprises exportatrices de biens d’équipement, un secteur sensible.
Il faut dire aussi que Berne a pris du retard dans la ratification de la Convention de l’OCDE sur la corruption d’agents publics étrangers, un texte qui est entré en vigueur en février dernier. Le projet d’adaptation du droit pénal suisse aux exigences internationales est en ce moment devant le Parlement, tout comme celui qui vise à supprimer la déductibilité fiscale des pots-de-vin. La Chambre du peuple vient, au début de ce mois, de donner son feu vert. Reste à convaincre le Conseil des Etats.
Voilà de quoi, si tout va bien, modifier l’image de la Suisse, qui pourrait, dans les années à venir, gagner quelques rangs dans l’indice de Transparency International.
Pierre Gobet
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