Pots-de-vin chez Elf : l’un des principaux intermédiaires veut revenir en Suisse
André Guelfi, l’un des principaux intermédiaires des détournements de fonds de l'affaire Elf, est recherché par le juge suisse Paul Perraudin. Son avocat vient jeudi à Genève pour négocier un compromis.
André Guelfi, l’un des principaux intermédiaires des détournements de fonds de l’affaire Elf, est recherché par le juge suisse Paul Perraudin. Son avocat vient jeudi à Genève pour négocier un compromis.
Les ennuis d’André Guelfi, aujourd’hui âgé de 80 ans, commencent en 1997, lorsqu’il est inculpé par un juge d’instruction parisien pour recel d’abus de biens sociaux dans le cadre de la tentaculaire affaire Elf. Ce Français né au Maroc, résident à Lausanne depuis un quart de siècle, est incarcéré 36 jours. Depuis, cet ami intime de Juan Antonio Samaranch (il prête au président du CIO son jet privé), s’est réfugié dans l’île de Malte.
Mi-septembre, Paul Perraudin, juge d’instruction à Genève, en charge du dossier Elf, envoye un mandat d’arrêt international à son encontre. Il le soupçonne d’avoir reçu indûment, à l’occasion du rachat en 1991 par la compagnie pétrolière française de la raffinerie allemande Leuna, 28 millions de francs français (6,85 millions de francs suisses). Une somme qui aurait notamment transité par sa société suisse New Sporting, et par l’île d’Antigua.
André Guelfi, qui aurait reçu de la part des autorités françaises l’assurance de ne pas être inquiété, réside depuis la semaine dernière à Paris. Il a néanmoins chargé Francis Chouraqui, son avocat français, d’entrer en contact avec le juge genevois Paul Perraudin, afin de lui proposer une entrevue. Les termes du marché seraient les suivants : André Guelfi accepterait de répondre à une convocation du magistrat genevois, à condition de pouvoir sortir libre du Palais de justice. Tout au plus, l’homme, dont la fortune était estimée en 1998, selon le magazine économique Bilanz, à 256 millions de francs, accepterait jusqu’à trois ou quatre jours de détention, pour sauver les apparences.
Selon la justice suisse, lors du rachat de la raffinerie Leuna par Elf, 312 millions de francs français (76,3 millions de francs suisses) auraient transité par la société Nobleplac, appartenant à André Guelfi, et domiciliée au Liechtenstein. André Guelfi continue de nier tout enrichissement personnel dans cette opération. Toutefois, il reconnaît que ces commissions ne correspondent à aucun travail réel, mais il rejette la responsabilité des détournements de fonds sur les anciens dirigeants d’Elf.
Ian Hamel
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