Suharto a-t-il eu des comptes en Suisse? L’Indonésie abandonne l’enquête

Le gouvernement indonésien a annoncé l'abandon de l'enquête ouverte contre Suharto. C'est notamment en Suisse que l'ancien président était soupçonné d'avoir dissimulé de l'argent. Une délégation indonésienne avait d'ailleurs fait le voyage de Berne.

Le gouvernement indonésien a annoncé ce lundi l’abandon de l’enquête ouverte contre l’ancien président Suharto pour abus de pouvoir et mauvais usage de fonds public. Décision prise faute de preuves selon Djakarta. C’est notamment en Suisse que Suharto était soupçonné d’avoir dissimulé de l’argent. Une délégation indonésienne avait d’ailleurs fait le voyage de Berne.

Dans le sillage de la chute de Suharto, la Suisse avait donné en mai dernier un accord de principe afin de collaborer avec la justice indonésienne dans une enquête pour mauvais usage de fonds publics. Mais il lui fallait une demande d’entraide judiciaire en bonne et due forme, et les autorités suisses attendent maintenant des précisions de Jakarta. L’éventualité d’un blocage de comptes dans des banques helvétiques ne se pose plus pour l’instant, en dépit des soupçons de plusieurs ONG reprochant à l’ancien chef d’Etat un enrichissement illicite aux dépens de la population indonésienne.

En fait, la décision de la justice indonésienne ne surprend guère à quelques jours de la présidentielle du 20 octobre, dans la mesure où les milieux politiques sont aux prises avec de multiples défis. Non seulement l’avenir du président Habibie est loin d’être assuré alors que la tension monte à nouveau à Timor entre les deux parties de l’île, mais les forces armées semblent peu enclines à renoncer à leur rôle politique. Il faut aussi rappeler qu’une bombe avait récemment été désamorcée devant le bureau du procureur à Jakarta et le message avait paru suffisamment clair pour ajourner l’annonce d’une décision concernant Suharto.

Reste que dans ces conditions, la justice helvétique ne peut rien faire, sinon attendre que la situation se décante à Jakarta pour agir si on le lui demande à nouveau.

Claude Levenson