La voix de la Suisse dans le monde depuis 1935
Les meilleures histoires
Démocratie suisse
Les meilleures histoires
Restez en contact avec la Suisse

Une Journée de l’Holocauste, contre l’oubli

Le camp d'extermination de Chelmno, en Pologne. Une image tirée du film «Shoah» de Claude Lanzmann (CNDP) CNDP

Les écoles suisses participent vendredi à la «Journée de la Mémoire de l'Holocauste». L'occasion, pour les élèves, de parler de racisme et de tolérance.

Pour le président de la Confédération Moritz Leuenberger, il faut barrer la route au racisme et aux persécutions. Et ne jamais oublier l’Holocauste.

Cette journée commémorative est due à une initiative du Conseil de l’Europe. En 2002, les ministres européens de l’Education décidaient en effet d’organiser, dès 2003, une «Journée de la Mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité» dans les écoles.

C’est la date du 27 janvier qui a été choisie, pour marquer le souvenir de la libération du camp de concentration d’Auschwitz par l’Armée Rouge, en 1945.

En Suisse, cette commémoration a été célébrée pour la première fois en 2004, à l’initiative de la Conférence suisse des directeurs de l’instruction publique (CDIP).

Le passé… et le présent

Pour Richard Helbling, secrétaire central de la Fondation «Education et développement», il n’est pas aisé de célébrer ainsi cette commémoration dans les écoles. Une telle journée ne devrait pas constituer un événement isolé, mais s’inscrire dans un véritable suivi. Et être réellement soutenue par les autorités.

«Aujourd’hui, la problématique de l’Holocauste est très éloignée des jeunes. Cette matière devrait être rendue de manière plus vécue, plus sensible. Ce qui n’est d’aileurs pas difficile», constate Richard Helbling.

Car 60 ans après le meurtre de millions de juifs, les génocides et autres crimes contre l’humanité actuels sont tout aussi choquants: Bosnie, Rouanda, Tchétchénie – on peut s’arrêter là.

«La mémoire est un élément essentiel», souligne-t-il.

Thématiser et sensibiliser

«Cette journée offre la possibilité de réfléchir à l’Holocauste, à la Shoah, mais aussi à des thématiques qui leur sont liées et qu’on peut développer dans le cadre de l’enseignement de l’Histoire», relève Michel Rohrbach, documentaliste à la CDIP. Et les façons de le faire sont multiples.

«A Genève cette année, on projette le film ‘Shoah’, de Claude Lanzmann, aux élèves. Mais bien évidemment, une seule journée spéciale consacrée à ce thème n’est pas suffisante». Les enfants et les adolescents devraient être sensibilisés à cette problématique pas à pas, suivant leur âge, ajoute-t-il.

Des expositions ont été montées pour l’occasion, d’autres, déjà existantes, seront présentées – par exemple celle consacrée au «Rapport Bergier».

Les élèves pourront également découvrir les récits de témoins ou de victimes. Les thèmes du racisme, de la discrimination, des droits de l’homme et de la tolérance seront traités et discutés un peu partout. De son côté, le canton de Lucerne a publié un manuel dont le but est de proposer des idées aux enseignants.

Malgré tout, Richard Helbling émet une réserve: «Le temps de préparation a été trop bref, c’est sans doute pour cette raison que cette journée n’est pas encore réellement enracinée en Suisse».

Engagement individuel

Combien d’écoles participeront à cette Journée de l’Holocauste? La CDIP l’ignore. Selon Michel Rohrbach, de plus en plus de projets sont développés, et de plus en plus de professeurs véhiculent l’information.

Les enseignants reçoivent un soutien d’Educa, la plate-forme d’échanges de la CDIP, ainsi que de la fondation «Education et développement», qui met à leur disposition des propositions de projets et du matériel pédagogique.

Quoi qu’il en soit, si cette Journée est commémorée ou non, et de quelle façon, cela relève finalement des cantons, des écoles et des enseignants, et cela de façon individuelle.

Mais, qui sait, peut-être y aura-t-il beaucoup de jeunes qui, comme cet écolier lucernois, commenceront par ne pas vraiment s’intéresser au thème de l’Holocauste… avant de changer de point de vue. En prenant conscience, à travers des exemples concrets, de ce qu’ont été ces années d’horreur.

«Je pense que c’est important de parler de ça, dit-il. Chez nous, à l’école, le fascisme est aussi un thème récurrent.»

swissinfo, Gaby Ochsenbein
(Traduction et adaptation de l’allemand : Bernard Léchot)

En 2002, le Conseil de l’Europe propose une «Journée de la Mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité».
Le 27 janvier – date de la libération du camp de concentration d’Auschwitz (1945) – est choisi.
En 2004, cette commémoration a été célébrée pour la première fois en Suisse.
Depuis 1996, une journée annuelle existe en Allemagne.

– Suite à la publication de la commission indépendante d’experts Suisse – 2e Guerre mondiale (Commission Bergier), le gouvernement a débloqué 15 millions de francs sur cinq ans.

– Cet argent est destiné à des projets de formation et de prévention sur les droits de l’homme et de l’antisémitisme. 2,5 millions vont aux écoles.

– La fondation «Education et développement», ainsi qu’Educa, propose aux enseignant des projets et du matériel pédagogique.

Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision