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e-government, la Suisse se hâte lentement

Seulement un tiers des Suisses utilisent régulièrement Internet. Keystone

Un sondage révèle que la population suisse est favorable au vote électronique comme à la création d’un guichet virtuel de l’administration publique.

Mais l’introduction rapide d’une plate-forme d’e-voting et d’e-government ne va pas sans poser problèmes.

Les Suisses veulent pouvoir disposer en ligne des services offerts par l’administration publique. C’est le résultat univoque d’un sondage opéré par l’Institut de recherches sociales GfS, dont les résultats ont été publiés vendredi.

Parmi les services dont la population souhaite disposer, les notifications de changement d’adresse arrivent en première position (60% des revendications). Juste devant la consultation des offres d’emplois publics (55%).

Viennent ensuite les votations et élections (52%), les informations scolaires (45%) et enfin la possibilité de postuler aux différents emplois publics (44%).

Une minorité d’utilisateurs actifs

Les chiffres présentés vendredi par Lukas Golder, politologue de l’Institut GfS, parlent d’eux-mêmes. Si 64% des ménages disposent d’une connexion à Internet, cela ne signifie pas pour autant qu’ils soient tous des utilisateurs actifs de la Toile.

30% de la population totale du pays ne se connecte pas et 7% envisage d’utiliser le Net d’ici à cinq ans. 24% seulement avouent être des utilisateurs universels, 20% des utilisateurs craintifs et 19% ne recourent à Internet que de temps en temps.

C’est pourquoi Claude Longchamp, lui aussi politologue de l’Institut GfS, estime que l’offre en ligne des autorités doit d’abord être adaptée aux desiderata des utilisateurs.

«L’Etat ne peut pas se fonder sur les attentes d’une minorité pour faire une offre intégrée. Dans le cas du vote électronique, l’infrastructure à mettre en place coûte très cher. Et si c’est une minorité de la population qui l’utilise, cela n’en vaut pas la peine», poursuit le politologue.

Stratégie judicieuse

Pour la vice-chancelière de la Confédération, Hanna Muralt-Müller, les conclusions de cette enquête confirment le bien-fondé de la stratégie des autorités. Depuis le mois de mars, le site www.ch.ch traverse une phase de tests. Il sera opérationnel d’ici la fin de l’année.

Ce portail regroupe les informations disponibles sur les différents sites de l’administration fédérale, des cantons et des communes.

En résumé, les autorités visent à échelonner dans le temps l’accès aux prestations en allant du plus simple (accès à l’information) au plus compliqué (vote électronique), laissant ainsi le temps à la population de maîtriser l’outil de communication qu’est Internet.

Pour créer le mouvement, Claude Longchamp estime que le rôle des Suisses de l’étranger est important. «Le vote électronique leur facilite la vie pour des raisons évidentes. Et à ce titre, ils sont capables d’exercer des pressions pour faire évoluer les mentalités à l’intérieur du pays.»

Priorité à la sécurisation des données

Mais pour ce qui est de remplir sa déclaration fiscale directement sur Internet ou de pouvoir remplir les formalités destinées à l’immatriculation des véhicules, il faudra encore attendre.

Pour la simple et bonne raison que la majorité des sondés se refusent encore à fournir, sous forme de bits, des données sensibles qui concernent leur sphère privée.

Car si 76% des internautes sont prêt à recourir aux services en ligne de l’Etat, c’est à condition qu’ils n’impliquent pas la divulgation de données personnelles.

En outre, 60% des sondés redoutent que les employés de l’Etat n’aient accès à trop de données personnelles par la fusion des différentes plate-formes.

swissinfo, Jean-Didier Revoin

– L’Institut GfS a interrogé 1018 Suisses âgés de 18 ans et plus entre le 2 et le 10 mai 2003 au sujet de leurs attentes en matière de services publics sur Internet.

– Le sondage a été fait par téléphone et inclut donc les personnes ne disposant pas d’un accès à Internet.

– 76% des internautes sont d’avis que les services en ligne ne sont acceptables que si la sphère privée est protégée.

– 67% de la population ne souhaite le développement des services en ligne qu’à condition qu’ils permettent de réaliser des économies.

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