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Ciba en mains allemandes

BASF est prêt à avaler Ciba. Keystone

La firme suisse de spécialités chimiques Ciba pourrait très bientôt tomber dans les mains de son rival allemand BASF. Un accord est intervenu sur une transaction de l'ordre de 6,1 milliards de francs.

L’accord porte sur une offre publique d’achat amicale de BASF sur Ciba. Lors d’une prochaine assemblée générale extraordinaire, le conseil d’administration de Ciba demandera à ses actionnaires d’accepter cette OPA au prix de 50 francs par action. Cette offre est de 32% supérieure à la valeur atteinte par l’action à la fermeture des marchés vendredi soir.

A noter que la transaction comprend l’endettement de l’entreprise suisse qui s’élève actuellement à 2,2 milliards de francs.

Bonnes perspectives

L’entreprise suisse a récemment beaucoup souffert de l’envolée du prix des matières premières, du tassement de son carnet de commandes ainsi que de l’émergence de nouveaux concurrents en Asie et au Moyen-Orient.

A Bâle, l’offre de BASF a donc été accueillie favorablement par le conseil d’administration de Ciba qui doit faire face au mécontentement de ses actionnaires. En effet, le groupe a essuyé une perte de 569 millions de francs pour le seul premier semestre 2008.

«Cette transaction se base sur un prix correct pour nos actionnaires, offert par un partenaire privilégié capable de relever les défis croissants de notre branche», a déclaré le président de Ciba Armin Meyer dans un communiqué.

Les analystes partagent cette vision. Ils estiment que ce rapprochement a un sens du point de vue industriel, tout particulièrement pour le groupe suisse.

Surprise

«Les perspectives à long terme de Ciba sont certainement bien meilleures au sein d’une entité combinée qu’en faisant cavalier seul, déclare à swissinfo Martin Vögtli, analyste auprès de Sal Oppenheim. Si vous considérez le prix proposé, c’est certainement bénéfique pour Ciba. Nous ne nous attendions pas à ce que l’action Ciba atteigne un tel niveau avant longtemps.»

Toutefois, Martin Flückiger, analyste chez Helvea, estime que Clariant, autre rival de Ciba également basé à Bâle, aurait constitué une meilleure opportunité pour BASF.

«Nous sommes quelque peu surpris que BASF ait décidé de reprendre Ciba plutôt que Clariant étant donné que le nombre de synergies est plus importante entre BASF et Clariant qu’entre BASF et Ciba», déclare-t-il.

Deux tiers du capital

BASF, qui se fixe pour objectif d’acquérir au moins deux tiers du capital du groupe helvétique, compte finaliser la transaction au plus tard au premier trimestre 2009. La période d’offre devrait commencer le 1er octobre et le groupe de Ludwigshafen assure que le financement est déjà assuré.

Il s’agit pour BASF de sa plus grosse acquisition, avec le rachat en 2006 du spécialiste américain des catalyseurs Engelhard pour 3,8 milliards d’euros.

En rachetant Ciba, BASF va pouvoir étendre son offre dans les domaines de la chimie fine et des spécialités, moins sensibles à la conjoncture que ses activités dans la chimie de base.

BASF compte en outre mener à son terme la restructuration et la consolidation des activités Papiers chimiques de Ciba «en l’intensifiant». Le directeur général du géant allemand s’est refusé à précisé la teneur des synergies possibles avec le groupe suisse, indiquant que les détails seraient dévoilés «à la fin novembre».

swissinfo et les agences

Ciba est l’une des trois entreprises créées après la séparation de Ciba-Geigy et de Sandoz en 1996. Les deux autres sont Novartis et Syngenta. Initialement baptisée Ciba Spécialités Chimiques, Ciba a raccourci son nom l’an dernier.

Basé à Bâle, le groupe fournit des colorants et des pigments pour le textile, les voitures, la cosmétique, les plastiques, le papier et les constructions industrielles.

BASF se qualifie de leader mondial de la chimie. L’entreprise allemande fabrique toute une série de produits dans les domaines des plastiques, de l’agriculture, du papier, du textile, de la construction, de la pharmacie, de l’automobile et des secteurs du pétrole et du gaz.

Le groupe occupe quelque 95’000 collaborateurs dans plus de 170 pays. Son chiffre d’affaires a été de 32 milliards d’euro au premier semestre 2008, en hausse de plus de 10% par rapport au premier semestre 2007.

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