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La Suisse peine à combler son retard de productivité

En termes de productivité, la Suisse est dans la moyenne. Keystone

Les travailleurs suisses étaient légèrement plus productifs en 2006 mais toujours en retard par rapport à plusieurs pays développés, y compris leurs voisins.

Selon un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), la valeur ajoutée par personne employée y a atteint près de 50’000 francs, soit moins que la France avec ses 35 heures.

Les travailleurs français (54’609 dollars), autrichiens (48’162), italiens (46’154) et allemands (42’345) devancent largement leurs homologues suisses.

En outre, la productivité de ceux-ci est moindre par heure travaillée. Ainsi, les Français atteignent 35,08 dollars de l’heure, soit un tiers de plus que les Suisses.

«En comparaison avec l’Union européenne – hormis les nouveaux membres qui ont adhéré en 2004 et 2007 – la productivité est nettement plus basse en Suisse», indique Marie-Claire Sodergren, économiste à l’OIT.

Elle précise à swissinfo que ce chiffre est d’autant plus surprenant que la Suisse bénéficie d’un taux de chômage peu élevé (4% en 2006) et d’un taux d’occupation relativement élevé.

Pour Marie-Claire Sodergren, cette médiocre productivité (elle a augmenté d’à peine 0,5% l’année dernière) pourrait être imputable à un manque de compétitivité et d’innovation ainsi qu’à une surcharge de réglementations.

Flexibilité du marché du travail


Boris Zürcher, économiste à Avenir Suisse, estime qu’une partie de l’explication réside dans le fait que le marché du travail offre une meilleure inclusion sociale.

«En France, il est beaucoup plus difficile de trouver un emploi et, de ce fait, ceux qui travaillent sont plus productifs. En revanche, ils doivent payer pour ceux qui ne travaillent pas», indique-t-il à swissinfo.

«D’autre part, la Suisse bénéficie d’un des taux d’intégration sociale les plus élevés en Europe, ce qui implique des dépenses sociales moindres.»

En Suisse, la participation au marché du travail atteint 60% de la population, alors qu’elle tourne autour des 50% en France et en Belgique.

Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), avec 78%, la Suisse bénéficie du deuxième taux d’occupation au monde chez les actifs de 15 à 64 ans. Alors que la moyenne de l’OCDE est de 65%.

Mais Boris Zürcher admet que le taux de croissance de la productivité n’a rien eu d’extraordinaire ces quinze dernières années, en raison du «carcan de réglementations» qui pèse sur le marché intérieur.

«Il y a une énorme disparité en Suisse. La productivité dans les secteurs bancaire et pharmaceutique est très élevée mais plutôt basse dans le commerce de détail et l’agriculture. Ce qui fait que la moyenne est plutôt basse.»

Réformes économiques



L’année dernière, un rapport de l’OCDE avait déjà mis le doigt sur un «écart de productivité» par rapport à d’autres pays développés et appelé à des réformes afin de stimuler la croissance.

Aymo Brunetti, chef économiste au Secrétariat d’Etat à l’économie estime que la réglementation plus dure qui règne sur les marchés du travail français et allemand a pour effet que moins de travailleurs productifs sont exclus de la main d’œuvre.

«Nous avons une industrie d’exportation extrêmement productive mais d’autres secteurs sont plus protégés contre la concurrence que d’autres, comme l’agriculture, le commerce de détail et la construction. Dans ces derniers, le taux d’occupation est très élevé, mais la productivité est plus basse.»

Aymo Brunetti ajoute que la Suisse cherche à accroître la concurrence du marché intérieur afin d’augmenter la productivité, «parce que nous avons là un potentiel».

«Il s’agit d’améliorer les chiffres mais de maintenir une grande flexibilité du marché du travail et de la combiner avec une concurrence accrue sur les marchés.»

swissinfo, Adam Beaumont
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)




Selon l’OIT, les Etats-Unis ont la plus forte productivité du travail dans le monde.

En 2006, l’écart s’est creusé entre les Etats-Unis et la plupart des pays développés.

Avec 63’885 dollars de valeur ajoutée par personne employée, les Etats-Unis mènent devant l’Irlande (55’986), le Luxembourg (55’641), la Belgique (55’235) et la France (54’609).

Les Américains effectuent un plus grand nombre d’heures de travail par an.

La Norvège détient le plus haut niveau de productivité par heure(37,99 dollars), suivie par les Etats-Unis (35,63) et la France (35,08). La Suisse est dans la moyenne (26,58).

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