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Les titres bancaires et le dollar en chute libre

L'effet de la répétition des mauvaises nouvelles aux Etats-Unis pourrait à terme se faire ressentir en Suisse. Keystone

La crise sur les marchés financiers s'est accentuée lundi. A Zurich comme ailleurs, les places boursières ont dévissé. Les valeurs bancaires ont été particulièrement sous pression. L'action UBS a reculé de plus de 10%.

L’annonce dimanche d’une nouvelle baisse des taux par la Réserve fédérale américaine (Fed) a inquiété les places financières. Le dollar a atteint un plancher historique.

Les mauvaises nouvelles sont encore venues des Etats-Unis. Le rachat de la banque américaine Bear Stearns par sa concurrente JPMorgan Chase au prix dérisoire de 236 millions de dollars (232 millions de francs) a en effet relancé les pires craintes quant à une aggravation de la crise du crédit.

Le bradage de l’établissement – numéro 5 américain de la banque d’investissement – a donné à nouveau un signal très négatif au marché.

Les Bourses ont plongé, et l’annonce surprise dimanche d’une nouvelle baisse des taux par la Réserve fédérale américaine (Fed) n’a rien arrangé. Car l’action de la banque centrale pour alimenter la liquidité et prévenir une récession outre-Atlantique ne fait qu’accentuer la crise de confiance à l’égard du dollar.

Lundi, le billet vert a donc inscrit de nouveaux records de faiblesse face à l’euro (à plus de 1,59 dollar pour un euro) et au franc suisse (moins de 96,5 centimes pour un dollar).

Les titres bancaires dévissent

Sur les marchés financiers, la tendance s’est affichée clairement à la baisse. A la Bourse suisse, l’indice Swiss Market Index (SMI) des 20 principaux titres de la place zurichoise a ainsi terminé la séance très proche de ses plus bas du jour. Il a dégringolé de 5,02% ou 357,77 points par rapport à vendredi, à 6812,22 points à la clôture, revenant à son niveau de juin 2006.

L’épisode Bear Stearns a en outre remis la pression sur les valeurs bancaires. La première banque suisse UBS, particulièrement touchée par la crise du crédit immobilier américain (subprime), a vu son action plonger de 13,85% pour tomber à des plus bas de cinq ans, à 24,50 francs.

Celle de son rival Credit Suisse a abandonné environ 8,62%. Autre valeur bancaire, Julius Bär a reculé de 8,1%. Les assurances ont suivi le mouvementdes bancaires, avec des pertes toutefois un peu moins violentes, à l’instar de ZFS (-5,9%) ou de Swiss Life (-4,8%).

Ailleurs, la Bourse de Tokyo a dégringolé de 3,71%. En Europe, les marchés ont immédiatement décroché en accélérant leur chute dans l’après-midi avant de se stabiliser. La Bourse de Francfort a par exemple perdu 4,18%, tandis que Londres et Paris ont résisté un peu mieux, avec des reculs respectifs de 3,86% et 3,51%. Vers 18h00, la Bourse de New York perdait quant à elle plus de 1%.

Ne pas dramatiser

Les experts ne cèdent pourtant pas à l’alarmisme. «La crise financière accentue les turbulences survenues depuis des semaines déjà», explique Yvan Lengwiler, professeur d’économie à l’Université de Bâle. Selon lui, les banques centrales jouent actuellement leur rôle de pompiers.

En Suisse, il n’y a pour l’heure pas lieu de craindre davantage que le ralentissement conjoncturel en cours, après une année 2007 de très forte croissance (PIB en hausse de 3,1%). Reste que si les Etats-Unis devaient tomber dans une longue récession les effets s’en feraient ressentir, estime Aymo Brunetti, chef économiste au SECO.

Et ce risque a considérablement augmenté avec la répétition des mauvaises nouvelles, précise Aymo Brunetti. Les Etats-Unis demeurent un acteur majeur de l’économie mondiale, même si leur poids relatif diminue au fil des années, notamment avec la place prise par l’Asie, Chine en tête, relèvent encore les observateurs.

Le récent renforcement du franc, y compris face à l’euro, inquiète également, jusqu’à la Banque nationale suisse (BNS) qui a dit la semaine passée suivre la situation.

Mais il n’y a pas lieu de dramatiser, relève Hans-Ulrich Bigler, directeur de l’association faîtière de l’industrie des machines (Swissmem). «Les entreprises contrôlent les variations de taux de change de près et doivent se couvrir contre les effets négatifs», poursuit-il.

Pour mémoire, le secteur exporte quelque 70% de sa production à destination de l’Union européenne et 10% vers les Etats-Unis.

swissinfo et les agences

Malgré la crise sur les marches financiers, les perspectives de croissance restent positives pour l’économie suisse. L’institut conjoncturel de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (KOF) a confirmé ses prévisions lundi.

Les experts zurichois tablent toujours sur une hausse réelle de 2,1% du produit intérieur brut (PIB) de la Suisse en 2008 et de 2% en 2009. Ils sont sur la même longueur d’ondes que l’Institut Basel Economics (BAK), dont les spécialistes ont annoncé vendredi les mêmes prévisions (2,1% en 2008 puis 2%).

Pour sa part, le Fonds monétaire international (FMI) est plus pessimiste. Pour la Suisse, il pronostique une hausse du produit intérieur brut (PIB) frôlant à peine 1,5% pour cette année et l’an prochain.

D’après les experts, la Suisse devrait surmonter la crise financière sans trop de peine. Les conséquences de la faiblesse du dollar, qui pèse sur l’industrie d’exportation, devraient être compensées par le dynamisme de la consommation privée et par la robustesse de la conjoncture.

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