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Les travailleurs de la construction menacent de faire grève

Les travailleurs de la construction portent le cercueil de la convention nationale de travail. Keystone

Près de 17'000 travailleurs de la construction sont descendus dans la rue samedi à Zurich afin de protester contre le vide conventionnel auquel le secteur sera confronté dès octobre.

Lors de cette manifestation nationale, les syndicats ont reproché aux patrons, qui ont résilié la convention nationale de travail, de détruire la paix sociale.

Répondant à l’appel des syndicats Unia et Syna, les manifestants ont fustigé l’attitude de la Société suisse des entrepreneurs (SSE). Affluant de toute la Suisse par trains et bus spéciaux, ils ont rempli les rues du centre de Zurich dès la mi-journée.

Les travailleurs de la construction ont fait part de leur craintes quant aux risques d’une sous-enchère salariale dès l’année prochaine, ceci en l’absence de convention nationale collective de travail (CN).

La CN de la construction a en effet été résiliée par la SSE pour le 1er octobre 2007. En lieu et place de ce texte, qui garantit notamment des minimas salariaux aux travailleurs, la SSE a fixé le montant des hausses salariales pour 2008 sans négocier avec les syndicats, comme c’est d’habitude le cas dans le cadre du partenariat social.

Vote en faveur de la grève

Dans ce contexte tendu et à l’approche de la date fatidique du 1er octobre, les travailleurs du gros-œuvre se sont mobilisés en masse. Alors que les organisateurs attendaient 12’000 personnes, ce sont 17’000 manifestants qui ont défilé sur les bords de la Limmat. La police, qui n’a signalé aucun incident, estime pour sa part l’affluence à 15’000 personnes.

Responsable du secteur de la construction du syndicat Unia, Hansueli Scheidegger a assuré que les travailleurs étaient prêts à se battre. Il a présenté les urnes contenant 36’211 bulletins de vote recueillis au cours des dernières semaines sur tous les chantiers de Suisse. A l’occasion de ce scrutin, 30’598 travailleurs de la construction, soit 84,5% d’entre eux, se sont déclarés favorables à la grève pour défendre la convention collective.

Aujourd’hui déjà, a expliqué Hansueli Scheidegger, une entreprise sur quatre ne respecte pas les salaires minimaux. «Sans CN, la sous-enchère salariale échappera à tout contrôle», a-t-il averti.

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Conventions collectives de travail

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Soutien de la gauche

Président du syndicat Syna, Kurt Regotz a quant à lui reproché aux entrepreneurs de détruire la paix sociale. Les membres de Syna ont également donné leur feu vert au principe d’arrêts de travail régionaux et occasionnels, voire de grèves.

Au lendemain de la décision de la SSE de fixer sans concertation les salaires pour l’an prochain, Unia et Syna avaient répliqué que les patrons «prenaient congé du partenariat social». Selon eux, la SSE ne laissait ainsi plus aucune chance d’issue favorable à la prochaine réunion de négociation pourtant agendée au 4 octobre.

Samedi, diverses personnalités politiques ont également exprimé leur soutien aux manifestants. Parmi elles, Hans-Jürg Fehr, président du parti socialiste (PS), le député écologiste Joseph Lang, ainsi que le président de l’Union syndicale suisse (USS), Paul Rechsteiner.

swissinfo et les agences

Ces dernières années, les rapports paritaires se sont durcis en Suisse.

Dans la branche du gros-œuvre, un vide conventionnel règnera à partir du 1er octobre 2007.

La Société suisse des entrepreneurs (SSE) a en effet décidé en mai de ne pas renouveler la Convention nationale de travail (CN).

Le 18 septembre dernier, une assemblée extraordinaire de la SSE a décidé, face à l’impasse des négociations avec les syndicats, de fixer elle-même des mesures, notamment quant aux hausses salariales pour 2008 (2,7% au maximum).

Les syndicats ont durement critiqué la «politique du fait accompli» pratiquée par la SSE. Ils ont tiré la sonnette d’alarme face à la sous-enchère salariale dans la branche de la construction. Selon eux, une entreprise sur quatre ne respecte pas les minima salariaux inscrits dans la CN.

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