Saia-Burgess prépare le combat contre Sumida

Saia-Burgess fabrique des composants électriques, principalement pour l'industrie automobile. Saia-Burgess

Saia-Burgess, fabricant suisse de composants électroniques, étudie toutes les options possibles pour résister à l’OPA inamicale du japonais Sumida.

Lundi, le directeur général Daniel Hirschi a indiqué que l’indépendance était préférable à un rachat par le concurrent nippon.

«Nous avons prouvé en être capables par le passé, et nous sommes convaincus de pouvoir atteindre nos buts dans le futur», a martelé Daniel Hirschi, directeur général (CEO) de Saia-Burgess, lundi en conférence téléphonique.

La société basée à Morat examine toutes les options à disposition pour contrer l’offre publique d’achat (OPA) de Sumida. Elle n’exclut pas l’entrée en scène d’un «chevalier blanc», soit un repreneur qu’elle choisirait. Des discussions sont en cours avec des partenaires potentiels, mais pour l’heure, aucun détail n’a filtré.

Saia-Burgess connaît le marché et sait où elle peut croître: telle est la riposte formulée face au groupe nippon. Ce dernier offre 950 francs par action, un prix qui valorise la société suisse à 583 millions de francs et qui est jugé insuffisant par le conseil d’administration. Il ne reflète pas la valeur de l’entreprise, selon Daniel Hirschi.

Ambitions d’ici 2008

Le groupe vise des ventes pour 1 milliard de francs d’ici à 2008. L’Amérique du Nord et la Chine seront placés au cœur de la stratégie. En matière de rentabilité, la part de l’EBITA (résultat d’exploitation avant amortissements) au chiffre d’affaires devrait s’inscrire à 10% et celle du bénéfice net dépasser 7%. «Des objectifs ambitieux, mais réalistes», a commenté Daniel Hirschi.

Saia-Burgess continue de miser sur des acquisitions et de mettre l’accent sur l’innovation. Le CEO a, de fait, souligné le volume des investissements effectués en recherche et développement: il a progressé de 10,4% à 31,2 millions en 2004.

A plus court terme, Saia-Burgess continue de prévoir une croissance du chiffre d’affaires de 10% environ cette année, par rapport aux 568,4 millions de francs de 2004. L’EBITA de l’an dernier devrait être dépassé.

S’appuyant sur les performances du groupe, en particulier depuis 2003, Saia-Burgess se trouve suffisamment solide pour se développer seule. Ses ventes ont grimpé de 15,9% l’an dernier. Le bénéfice net est passé de 20,8 millions de francs en 2003 à 26,3 millions.

Sumida pourrait délocaliser

Le patron du groupe a par ailleurs rejeté l’argument de possibles synergies évoqué par Sumida. Selon lui, les deux firmes n’ont pas les mêmes clients.

Côté effectifs, Saia-Burgess emploie quelque 3700 personnes au total. Le site de Morat compte environ 600 collaborateurs. Sumida dit vouloir conserver le site de Morat, et poursuivre la collaboration avec la direction actuelle.

Son patron Shigeyuki Yawata a toutefois précisé dimanche dans la presse que le «profil professionnel» pourrait se modifier. Le département de recherche et développement resterait en Suisse, mais la production pourrait être délocalisée vers un pays où les salaires sont moins élevés.

Sumida a précisé jeudi soir qu’il prévoyait de présenter une offre aux actionnaires le 22 juillet. Le groupe basé à Tokyo dit détenir, au 30 juin, environ 20% des titres de Saia-Burgess. Il veut reprendre la totalité du capital ou au moins 50,1% de celui-ci.

swissinfo et les agences

Faits

L’histoire de Saia-Burgess remonte à 1920. L’entreprise était alors établie à Berne.
L’année dernière, l’entreprise suisse a dégagé un bénéfice net de 26,3 millions de francs pour un chiffre d’affaires de 568,4 millions.
Saia-Burges employait 3630 personnes à la fin 2004, dont 600 à Morat.
L’entreprise est entrée à la Bourse suisse en 1998.