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UBS rachète 20 milliards de placements risqués aux USA

UBS toujours plus sous pression Keystone

UBS fait face à une pression toujours plus forte aux Etats-Unis. Le numéro un bancaire suisse a conclu un accord à l'amiable avec les autorités américaines dans lequel il s'engage à racheter des placements risqués (ARS) devenus sans valeur pour 19,4 milliards de dollars (21 milliards de francs).

UBS a confirmé l’accord vendredi soir. Celui-ci intervient quelques jours après l’annonce de la démission du juriste en chef de la banque d’investissement d’UBS aux USA (démission déjà en lien avec les produits financiers ARS).

Ce nouvel accord de principe a été conclu avec les autorités américaines de régulation et les Etats de New York et du Massachusetts.

Dans le détail, UBS s’engage à reprendre pour 8,3 milliards de dollars à des clients privés sur une période de deux ans. La banque va, de plus, racheter dès 2010 pour 10,3 milliards de dollars d’obligations ARS aux investisseurs institutionnels.

«Cette solution nous permet de venir en aide aux investisseurs qui ont été naturellement frustrés par l’échec du marché des ARS. Notre position soutient le marché en fournissant des liquidités et répond aux attentes des investisseurs privés et institutionnels», explique Marten Hoekstra Head of UBS Wealth Management Americas dans un communiqué.

Amende de 150 millions

UBS accepte également de verser 150 millions de dollars d’amende aux autorités du Massachussetts et de New York sans pour autant reconnaître d’erreur.
Les ARS (auction-rate securities) sont des obligations dont le taux d’intérêt est réactualisé sur un rythme hebdomadaire ou mensuel par le biais d’un mécanisme d’enchères.

A chaque enchère, l’investisseur qui détient ces obligations peut s’en défaire, en les cédant à un autre, ce qui les rend théoriquement très faciles à vendre. La propagation de la crise financière a cependant bloqué le mécanisme d’enchères courant février, empêchant les investisseurs de les revendre.

Le ministre de la Justice de l’Etat de New York Andrew Cuomo avait lancé la fronde fin juillet, en déposant un recours contre l’UBS, l’accusant d’avoir trompé des milliers d’investisseurs américains. Il réclamait la restitution de 25 milliards de dollars. Les Etats du Texas, du Massachusetts et les autorités américaines de régulation n’allaient pas tarder à suivre le mouvement.

Evasion fiscale

Des enquêtes ont par ailleurs montré que plusieurs responsables de UBS – dont le juriste en chef démissionnaire David Aufhauser – s’étaient défaits de leurs produits ARS avant la crise.

Pour UBS, cette affaire intervient quelques semaines seulement après la mise au jour de sa complicité dans des démarches d’évasion fiscale de milliers de ses clients américains.

L’établissement a d’ailleurs indiqué depuis qu’il mettait un terme aux opérations bancaires effectuées pour ses clients américains depuis l’étranger.

Ces démêlés avec la justice américaine s’ajoutent aux graves difficultés rencontrées par la banque depuis le début de la crise des «subprime», qui l’ont notamment contrainte à lever 28,9 milliards de francs pour se renflouer.

Limiter la casse

Interrogé par swissinfo, l’analyste de la Banque cantonale de Zurich Andreas Venditti estime que le fait de racheter des produits dévalués au prix où ils ont été vendus pourrait causer de nouveaux soucis à UBS à l’avenir.

«La grande question est de savoir à combien se monteront les pertes nettes liées à ces rachats», dit-il.

Pour l’analyste, l’accord conclu par UBS vise principalement à limiter la casse et à défendre au mieux la réputation de la banque déjà mise à mal. De nombreux clients «sains» pourraient en effet décider de retirer leurs avoirs pour les placer ailleurs.

Reste que UBS n’est pas l’unique banque d’importance à subir de plein fouet la crise des ARS. US banks Citigroup, Merill Lynch ou Credit Suisse sont aussi frappés.

«Cela pourrait profiter aux plus petites banques privées», conclut Andreas Venditti.

swissinfo

Résultat de la fusion en 1997 entre la Société de Banque Suisse (SBS) et l’Union de Banque Suisse, UBS est la plus grosse banque helvétique et la dixième mondiale.

UBS est une banque globale intégrée dont les activités vont de la gestion de fortune (numéro un mondial) à la banque d’investissement en passant par la gestion d’actifs et la banque de détail.

Elle emploie 83’800 collaborateurs – 38% en Amérique, 34% en Suisse, 17% en Europe et 11% en Asie. La banque a également annoncé la suppression de 5.000 emplois, dont 1.500 en Suisse.

Fortement ébranlée par la crise du «subprime» aux Etats-Unis à travers sa banque d’investissement, UBS a dû jusqu’ici procéder à des dépréciations d’actifs pour 37 milliards de francs.

Elle a été recapitalisée en deux temps cette année – 13 milliards de francs grâce à deux fonds souverains et 15 milliards à travers ses actionnaires.

Peter Kurer a remplacé Marcel Ospel à la présidence du conseil d’administration.

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