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Ascom toujours plus dans le rouge

Keystone

Le groupe bernois est en mauvaise santé. Mardi, Ascom annonce une perte de 100 millions de francs sur les six premiers mois de l'année.

D’ici le printemps prochain, 150 emplois vont encore disparaître en Suisse. En attendant la suite.

Rien ne va plus sur les marchés des télécommunications. La chute enregistrée au deuxième trimestre a joué un mauvais tour à Ascom, qui accumule les restructurations depuis plusieurs années.

En six mois, les divisions Energy Systems (approvisionnement en énergie) et PBX (centraux téléphoniques pour entreprises) ont perdu respectivement 5 et 9 millions de francs suisses.

A l’échelle du groupe, la perte opérationnelle avant amortissements se monte à 34 millions de francs. Au premier semestre 2001, elle n’était encore que de 3,1 millions.

Perte sèche

Et ce n’est pas tout: la mauvaise conjoncture a contraint Ascom a procédé à des amortissements «inattendus» sur le goodwill et le parc immobilier, pour un montant total de 74 millions de francs.

La perte nette est donc de 100 millions (contre 26 millions au premier semestre 2001), pour un chiffre d’affaire qui dépasse de peu le milliard de francs.

«Ces résultats ne sont pas satisfaisants, nous devons continuer à réduire nos coûts», a averti le président de la direction d’Ascom Urs T. Fischer.

Cadres menacés



Dans l’immédiat, 150 emplois passeront à la trappe en Suisse d’ici au printemps 2003. Ces suppressions de postes toucheront les activités hors production, comme l’informatique, les finances, le service du personnel ou la communication.

Les employés concernés devraient être principalement des cadres. Ascom n’a pas pu en dire plus pour l’instant, mais des licenciements paraissent inévitables.

La réaction de la FTMH ne s’est pas fait attendre. Le syndicat se dit «consterné» et juge que ces suppressions d’emplois ne sont pas dues à la morosité économique, mais à l’émergence de nouveaux problèmes au sein du groupe.

De 10 000 à moins de 6000

Actuellement, Ascom n’emploie plus que 7955 personnes dans le monde, alors qu’elles étaient encore 10 130 il y a douze mois.

Et l’érosion va se poursuivre. En juin de cette année, Urs T. Fischer avait annoncé qu’à la fin 2003, le groupe devrait compter moins de 6000 collaborateurs.

Ascom ne se contente pas de réduire ses effectifs. Le groupe cherche toujours à conclure des partenariats ou à se séparer des divisions qui n’entrent pas dans ses quatre activités de base.

Désormais en effet, le groupe entend se centrer sur des secteurs à fort potentiel de croissance, résistants aux aléas de la conjoncture et relativement peu gourmands en investissements.

Quatre piliers

Ces quatre piliers sont la transmission de données, la communication vocale, la sécurité des réseaux et les systèmes de péages, parcmètres et automates à billets pour les transports publics.

Mais même parmi les «bons élèves», les faux pas ne sont pas exclus. Ainsi, la division Transport Revenue (péages, parcmètres et automates) a subi une perte opérationnelle de 15 millions de francs au premier semestre.

Le secteur est rentable aux Etats-Unis et en France, mais déficitaire en Suisse.

En sursis

Déficitaire également, le système Powerline Communications (accès Internet par la prise électrique) accuse une perte opérationnelle de 19 millions de francs au premier semestre.

Malgré cela, Urs T. Fischer croit toujours en les chances de cette technologie, destinée selon lui essentiellement aux marchés d’Europe de l’Est, d’Amérique du Sud et d’Asie.

La semaine dernière, Powerline a perdu son plus gros client, le groupe énergétique allemand RWE. Un retrait que le patron d’Ascom juge «regrettable, mais pas décisif».

Il n’empêche: le groupe se devra convaincre deux ou trois importants fournisseurs d’électricité à se lancer avec lui d’ici le milieu de l’an prochain.

«A défaut, nous réexaminerons la situation», avertit Urs T. Fischer.

Le temps presse

Une bonne nouvelle tout de même: Ascom est parvenu en six mois à réduire son endettement d’un tiers, à 416 millions de francs. Mais, avec 20,8% de la somme du bilan, son taux de fonds propres reste trop bas.

Et il n’y aura pas de miracle au deuxième semestre. Les marchés devraient continuer à stagner et la rentabilité du groupe restera insuffisante.

Ce qui incite la direction d’Ascom à mener «très rapidement» sa restructuration à chef.

En attendant, l’annonce de ces résultats médiocres a fait chuter mardi le titre Ascom à la Bourse suisse. Coté à 5,2 francs à l’ouverture, il était tombé à 4,65 francs avant midi, avant de se redresser un peu en cours d’après-midi.

En douze mois, la capitalisation boursière du groupe s’est effondrée de plus de 90%. Ascom ne pèse désormais plus que 108 millions de francs à la corbeille.

swissinfo avec les agences

Effectifs mondiaux d’Ascom (en chiffres ronds):
10 000 personnes en 2001
8000 en 2002
Moins de 6000 en 2003
Déficit:
26 millions de francs au premier semestre 2001
100 millions de francs au premier semestre 2002

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