Combien gagnent les Suisses?

5096 francs par mois très exactement. C’est le chiffre que nous livre l’enquête de l’Office fédéral de la statistique. Cette enquête confirme, par ailleurs, que les inégalités augmentent entre les différents secteurs de l’économie suisse.

5096 francs par mois très exactement. C’est le chiffre que nous livre l’enquête de l’Office fédéral de la statistique. Une enquête sur la structure des salaires qui confirme, par ailleurs, que les inégalités augmentent entre les différents secteurs de l’économie suisse.

5096 francs de salaire mensuel brut. Ce chiffre est le résultat d’une enquête effectuée en 1998 par l’Office fédéral de la statistique (OFS), auprès d’environ 8000 entreprises, publiques ou privées. C’est une valeur médiane, c’est-à-dire que 50 pour cent des salariés gagnent moins et que 50 pour cent gagnent plus que cette somme.

Globalement les salaires évoluent de 2,2 pour cent, par rapport à 1996. Mais ce chiffre cache d’assez grandes disparités. Par exemple entre le secteur privé, qui progresse d’environ 3 pour cent, et le secteur public, qui recule de 1 pour cent et demi. Une diminution des salaires que Didier Froidevaux, de l’OFS, attribue d’une part à la politique salariale restrictive de la Confédération et d’autre part à la séparation de la Poste et de Swisscom, désormais intégrés au secteur privé.

Autre disparité que relève l’étude: celle qui existe entre les salaires des différentes branches de l’économie suisse. Un écart qui, de plus, se creuse. Les salaires progressent dans les branches les mieux rémunérées, comme la recherche et le développement (3,7 pour cent), l’enseignement (4,4 pour cent) ou encore les banques (9,3 pour cent). Ils ont par contre tendance à reculer (jusqu’à moins 2 pour cent) dans les secteurs les moins bien payés: industrie de l’habillement, hôtellerie et restauration, industrie du cuir.

Mais c’est aussi à l’intérieur d’une même branche économique que le niveau des salaires varie, et même de manière considérable. Là, c’est le niveau de qualification qui est déterminant. Que ce soit dans l’électronique, le textile ou l’habillement, la différence va du simple au double entre les tâches les plus simples et les travaux les plus qualifiés.

Enfin, le fossé reste important entre le niveau de rémunération des femmes et celui des hommes, même si ce fossé s’est un peu comblé en deux ans. Pour le secteur privé, la différence était de 23 pour cent en 1996, elle reculé à 21 pour cent en 1998. Différence plus petite dans le secteur public: elle est passée de 11 à 9 pour cent.

Mais si l’on prend le salaire net, ce que reçoivent réellement les salariés, sans corriger les données concernant le travail à temps partiel, les différences entre les deux sexes sont criantes. Près de 45 pour cent des femmes reçoivent en effet un salaire net mensuel inférieur ou égal à 3000 francs. Alors que seuls 8 pour cent des hommes sont dans cette situation.

Pierre Gobet