Défiance vis-à-vis du franc suisse et de l’euro en Asie
A Tokyo, le franc suisse a franchi vendredi le seuil des 1,60 franc par rapport au dollar. Son niveau le plus bas depuis 1989. Et, toujours par rapport au dollar, l'euro n'a jamais été aussi faible.
A Tokyo, le franc suisse a franchi vendredi le seuil des 1,60 franc par rapport au dollar. Son niveau le plus bas depuis 1989. Et, toujours par rapport au dollar, l’euro n’a jamais été aussi faible.
Ce n’est pas l’europhorie à Tokyo, mais l’europhobie. Aussi bien contre la monnaie européenne que contre le franc suisse. Pour les investisseurs asiatiques, le franc est, de facto, intégré dans la zone euro. Il a perdu son statut d’ultime valeur refuge. C’est donc à ses risques et périls que le gouvernement suisse a choisi de lier le sort du franc à celui de l’euro. Et pour le moment, le résultat n’est pas heureux.
Depuis son lancement, l’euro a perdu 15 pour cent de sa valeur contre le dollar, 22 pour cent contre le yen. Les proportions sont les mêmes pour le franc. A court terme, il est sûr qu’un franc faible est un bonus pour les exportations suisses. D’autant que le risque d’une hausse de l’inflation importée en Suisse est faible.
Mais aux yeux des investisseurs asiatiques et américains, l’euro et le franc faibles sont aussi le reflet de problèmes plus profonds. A l’exemple de la décision du chancelier allemand de sauver de la faillite la deuxième plus grande compagnie de construction du pays. Ou son ingérence dans la tentative de rachat de Mannesmann par Vodaphone, la société anglaise de télécoms. Ces deux exemples montrent que l’Europe continentale, Suisse incluse, restent des économies encore très socialisées, protégées de la concurrence extérieure. Allergiques à la déréglementation à la mode anglo-saxonne.
Si le franc et l’euro sont faibles, c’est, enfin, parce que les investisseurs asiatiques, mais aussi européens, préfèrent déplacer leurs capitaux en Amérique du Nord ou en Asie, dans des économies plus ouvertes, offrant un potentiel de croissance plus grand.
Georges Baumgartner
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