De la route au rail pour désengorger le Gothard

Ouverture, lundi, de la chaussée roulante sur la ligne Lötschberg-Simplon. Désormais, les routiers peuvent prendre le train entre Fribourg-en-Brisgau (Allemagne) et Novare (Italie). Un ferroutage qui devrait contribuer à alléger sensiblement le trafic poids lourd sur l'autoroute A2.
Le nouveau corridor de ferroutage à travers les Alpes est prêt. Basée sur le modèle de trafic combiné «Hupac», la chaussée roulante permet le transport des camions jusqu’à 44 tonnes. Et cela sur les cinq trains mis quotidiennement en circulation entre le sud de l’Allemagne et le nord de l’Italie.
«Dès septembre, nous passerons à sept aller-retour par jour. Et, en 2002, quelque 105 000 poids lourds au total devraient pouvoir être transportés», lance Claudio Ghiringhelli, directeur de RALpin, le consortium créé par Hupac SA, le BLS et les CFF, les sociétés chargées de la gestion de la nouvelle infrastructure.
L’inauguration du nouveau couloir anticipe de quelques mois la fin effective des travaux effectués entre Frutigen (Oberland bernois) et Domodossola (Italie). Vers fin 2002, quand ces travaux seront terminés, l’utilisation intensive du nouvel axe pourrait désengorger les routes de quelque 350 000 camions par année.
Les camions dits «P80» – ceux qui pèsent jusqu’à 44 tonnes pour une hauteur de 4 mètres et une largeur de 2,5 mètres – pourront désormais emprunter le nouveau corridor.
Une nouvelle importante. Jusqu’ici, les «P80» étaient en effet exclus des lignes «Hupac». Or, ils représentent 90% des poids lourds qui circulent actuellement dans l’Union européenne.
Mais, avec la capacité initiale de 105 000 camions par année, les trains pourront assurer le transport d’à peine 10% des poids lourds qui traversent les Alpes.
L’avenir n’appartient donc pas vraiment à la chaussée roulante. Mais plutôt au transport par conteneurs, nettement meilleur marché.
Certes, selon le vice-directeur de l’Office fédéral des transports, la nouvelle chaussée roulante ne va pas réaliser des miracles. Mais chaque solution qui permet d’alléger le trafic sur l’autoroute du Gothard est la bienvenue.
Le trajet entre Fribourg-en-Brisgau et Novare dure entre huit et neuf heures. Avec un horaire étudié tout particulièrement pour attirer les usagers concernés.
En fait, la plus grande partie des trains circuleront le soir ou la nuit. Autrement dit, quand le transit à travers la Suisse est interdit.
Autre atout. Les chauffeurs peuvent se reposer dans les wagons qui leur sont réservés durant le voyage. Une solution qui devrait leur permettre de respecter les heures de repos légales.
Cette solution représente donc aussi un gain de temps et d’argent pour les entreprises.
Concernant les prix, un camion de 40 tonnes devra débourser 550 francs pour un trajet de jour et 720 francs la nuit. «Il s’agit, assure Claudio Ghiringhelli, sans aucun doute, d’un prix concurrentiel par rapport à la route.»
En passant par la route, le routier doit déjà payer 150 francs de taxe sur le trafic lourd. A cette somme, il faut ajouter les dépenses liées au voyage lui-même, et les heures de travail du chauffeur. Sans oublier les bouchons du Gothard. Toute une série de facteurs qui influencent sur le prix du transport par la route.
A noter enfin que la chaussée roulante qui s’ouvre ce lundi n’est pas unique. Il existe en effet déjà quatre liaisons de trafic combiné «Hupac» à l’heure actuelle en Suisse: Fribourg-Milan, Singen-Milan, Fribourg-Lugano, et Bâle-Lugano.
Marzio Pescia

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