Des saint-bernard bientôt des plats chinois

Une industrie de la viande de saint-bernard va-t-elle se développer en Chine? Des éleveurs chinois de chiens suisses en sont persuadés. Au grand dam de sociétés européennes de protection des animaux qui tentent de stopper leur exportation.
Datong, une ville de deux millions d’habitants à 254 km à l’ouest de Pékin, s’enorgueillit de posséder le plus grand centre d’élevage de saint-bernard en Chine. Le seul aussi à être géré par une entreprise d’Etat. Les célèbres chiens suisses sont accouplés à des animaux locaux pour servir à la production de viande.
D’après Julia Chao du groupe de presse américain Cox News qui l’a visité, ce centre d’élevage a été créé par la ville de Datong, désireuse de compenser la perte d’emplois, consécutive à la fermeture de certaines de ses mines de charbon. Il compte 90 saint-bernard, une minorité étant d’origine suisse. La plupart des bêtes viennent de Russie et du Kazakhstan, suite aux pressions exercées par des groupes de protection des animaux en Suisse qui s’évertuent à empêcher leur exportation vers des pays d’Asie.
Pour le moment, le centre de Datong assure ne pas tuer de saint-bernard. Mais cela ne les empêche pas de vendre ces chiens, une fois croisés, à des boucheries de la province méridionale du Guangdong. Plus encore dans le nord-est de la Chine où vit une forte minorité coréenne qui estime que la consommation de viande de chien s’inscrit dans sa tradition alimentaire. Leur prix s’échelonne entre 3600 et 6000 dollars.
Mais à Datong, une étude de marché a convaincu la ville de faire de son centre d’élevage «la plus grande usine de viande de chien de Chine». Ce n’est qu’une question de temps. En attendant, des éleveurs accourent de tout le pays pour se procurer certains de ces saint-bernard aux yeux bridés.
Ils sont attirés par la publicité du centre pour qui l’élevage de chiens suisses est trois fois plus rentable que celui de poulets et quatre fois plus que celui de porcs. Surtout s’ils servent, ensuite, de mets aux nombreux amateurs de viande de chien recensés en Chine.
Georges Baumgartner, Tokyo

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