Fonds juifs : les banquiers français de plus en plus isolés
Après les banques suisses et autrichiennes, J.P. Morgan vient de conclure un accord pour régler la question des avoirs juifs. La banque américaine était la cible d’une plainte pour son rôle dans les spoliations effectuées en France sous l’Occupation.
Après les banques suisses et autrichiennes, J.P. Morgan vient de conclure un accord pour régler la question des avoirs juifs. La banque américaine était la cible d’une plainte, aux Etats-Unis, pour son rôle dans les spoliations effectuées en France sous l’Occupation. Les établissements français, eux, restent sous pression.
Il y a eu d’abord les Suisses. En août 1998, l’UBS et le Credit Suisse, cibles d’une plainte collective aux Etats-Unis, acceptaient de payer 1 milliard 250 millions de dollars. Au début de cette semaine, c’est Bank Austria qui annonçait la conclusion d’un accord similaire, d’un montant de 40 millions de dollars.
Mais l’Hexagone est aussi concerné et c’est maintenant au tour de JP Morgan d’arriver à un arrangement. Selon un avocat américain, représentant les plaignants, la banque versera 2,75 millions de dollars. Elle échappera ainsi aux actions en justice lancées, il y a deux ans, pour compenser les spoliations d’avoirs juifs en France durant l’Occupation.
Pourtant, ce cas fait figure d’exception : celui d’une banque étrangère, impliquée à cause des activités, durant la guerre, de sa succursale de Paris. L’Anglaise Barclays était aussi parvenue, il y a un an, à un accord séparé du même type.
Car les établissements français, de leur côté, continuent de résister à la pression venue d’outre-Atlantique. Ils ont refusé jusqu’ici tout accord avec les avocats américains et les organisations juives internationales.
Les banques françaises mettent en avant le travail de la Mission Matteoli, mise sur pied par le gouvernement Jospin, pour faire toute la lumière sur la question des spoliations. Elles se sont d’ores et déjà engagées à suivre les recommandations de la Mission, qui doit rendre son rapport final avant la fin de l’année.
Ce n’est pas assez, répondent les avocats américains, qui reprochent aux banques françaises un manque de coopération. Il faudrait, disent-ils, qu’elles prennent pour modèle l’accord conclu avec J.P. Morgan.
Pierre Gobet
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