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Grotto, Boccalino, Merlot: la tradition vit sa révolution

Beaucoup de clichés, véhiculés par (ou pour) les touristes, cachent le vrai visage du Tessin. swissinfo.ch

Quand il va au Tessin, le touriste cherche le Grotto. Il en trouve. Mais pas forcément un authentique. Et il veut boire du Merlot dans un Boccalino. Mais, cette image, les producteurs de vin veulent la dépoussiérer.

Le vrai Grotto doit être situé dans une grotte naturelle. Il doit servir des plats tessinois. «Aujourd’hui, plusieurs restaurants se font appeler ‘Grotto’ et servent des crevettes par exemple», regrette le gastronome Luigi Bosia, auteur de plusieurs guides et recettes.

A l’origine, il s’agissait de caves à vin. De longues tables étaient installées à l’extérieur. Les Tessinois y mangeaient en famille. Petit à petit, le Grotto s’est transformé en lieu public. L’endroit où on se réunissait pour jouer à la boccia.

C’est probablement avec le développement du tourisme que de faux Grotti ont poussé ici et là. Parfois en pleine ville. Quand il vient au Tessin, le touriste cherche le Grotto. Pour un restaurant, afficher ce mot sur son enseigne, c’est s’assurer un bon bénéfice!

Le touriste cherche aussi le Boccalino, ce bol dans lequel on boit le vin. «Le mauvais vin», selon Guido Brivio. Producteur dans le Mendrisiotto, il rêve de voir tomber ces clichés. Image poussiéreuse peu compatible avec une revalorisation du vin.

«Ne me parlez plus de Boccalino, salame, risotto…», lâche Guido Brivio. Sa révolution, il l’a d’ailleurs vécue en même temps que celle du Merlot. Il a été l’un des premiers à lancer le Merlot blanc. «Nous étions plus révolutionnaires que les révolutionnaires!»

Il y a quinze ans environ, des œnologues ont apporté un vent frais qui a donné une nouvelle image au Merlot. Une jeune génération de techniciens a renouvelé les méthodes de production.

En 1985, les premières expériences en barrique ont apporté une qualité internationale au vin tessinois. Et, dix ans plus tard, le canton a introduit une appellation contrôlée, Ticino DOC. «Un pas très important pour la reconnaissance à l’étranger», souligne Guido Brivio.

Actuellement, le Tessin produit 6 millions de bouteilles par année et 90% des consommateurs sont suisses. Guido Brivio, lui, exporte 5% de ses 200 000 bouteilles. «Uniquement la meilleure qualité pour promouvoir le produit». Elles partent vers New-York et Tokyo notamment.

«Le Tessin a une volonté très forte d’améliorer l’image de son vin», se réjouit Guido Brivio. L’association Ticino Wine est chargée de promouvoir les produits de la région et de développer la collaboration avec le tourisme. Par exemple, avec la création d’une route du vin. Le projet devrait se concrétiser en 2002.

Alexandra Richard, Lugano

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