
La libre circulation est bonne pour l’économie

A moins de deux mois de la votation populaire, le patronat et le KOF, le Centre de recherches conjoncturelles de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, présentent une étude qui démontre les bienfaits de la libre circulation pour la croissance du pays.
Grâce à la libre circulation, le produit intérieur brut (PIB) a enregistré entre 2002 et 2007 une hausse annuelle de 0,16% supérieure à ce qui se serait produit sans l’accord. «L’impact est modeste mais non négligeable lorsqu’il est cumulé sur plusieurs années», déclare vendredi Jan-Egbert Sturm, directeur du KOF, en présentant cette étude commandée par economiesuisse et l’Union patronale.
Ainsi, fin 2007 le PIB se situait 5,5 milliards de francs au-dessus du niveau qui aurait été atteint sans la libre circulation. Les chercheurs sont partis du principe que si la Suisse n’avait pas ratifié cet accord, elle aurait poursuivi sa politique de contingentement des travailleurs étrangers.
L’immigration aurait aussi enregistré une hausse, car la Suisse se trouvait dans une période de croissance. Mais quelque 4000 travailleurs étrangers en moins seraient venus dans le pays chaque année, ont estimé les chercheurs.
Pas de quoi avoir peur
L’étude du KOF réfute les craintes qui se sont exprimées avant l’entrée en vigueur de la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’UE. Cette dernière n’a ni fait monter le taux de chômage ni fait baisser les salaires nominaux. Le salaire moyen a même légèrement augmenté en raison de la venue de nombreux travailleurs qualifiés.
Conclusion surprenante: l’immigration de travailleurs hautement qualifiés a même fait reculer le taux de chômage des étrangers résidant en Suisse. Selon Jan-Egbert Sturm, cela s’explique par le fait que la possibilité d’engager des cadres européens permet également de créer des emplois moins qualifiés.
La libre circulation des personnes n’a par contre pas eu d’effet sur le taux de chômage des Suisses entre 2002 et 2007. Le KOF en déduit que l’engagement d’employés européens complète la main d’oeuvre suisse et qu’elle permet d’attirer les travailleurs qualifiés nécessaires en cas de pénurie.
Cas particulier
Pourtant, les conclusions du KOF divergent de celles des études similaires effectuées dans d’autres pays européens. Là-bas, les effets de la libre circulation sont soit nuls, soit plutôt négatifs. Jan-Egbert Sturm explique cette différence par le fait que la Suisse attire plus de travailleurs qualifiés que ses voisins.
A long terme, le KOF ne peut pas prévoir si la libre circulation fera grimper le taux de croissance de la Suisse. Certes, en théorie, un afflux de travailleurs hautement qualifiés accroît presque automatiquement la productivité du travail. Mais le fait que la libre circulation soit en vigueur depuis peu de temps rend les prévisions incertaines.
Confirmation
L’étude du KOF est la seconde qu’economiesuisse et l’Union patronale suisse (UPS) présentent dans le cadre de leur campagne en faveur de la reconduction de la libre circulation et de son extension à la Roumanie et la Bulgarie, soumises aux citoyens le 8 février.
Thomas Daum, directeur de l’UPS relève que l’étude statistique du KOF confirme les résultats de la première étude, menée sous forme de sondage auprès des entrepreneurs. Selon eux, la libre circulation répond mieux aux besoins d’embauche des entreprises que les anciens contingents. De plus, en cas de récession les employés européens peuvent repartir plus facilement.
swissinfo et les agences
Rudolf Minsch, chef économiste d’economiesuisse, a profité de la présentation de cette étude pour rappeler les conséquences d’une résiliation de l’accord sur la libre circulation des personnes en cas de refus le 8 février.
En raison de la «clause guillotine», les six autres accords bilatéraux I seraient automatiquement annulés après six mois. «Nous devrions alors nous rendre à Bruxelles pour mendier à genoux de nouvelles négociations. Cela n’est certainement pas dans l’intérêt de la Suisse», avertit Rudolf Minsch.
Et d’ajouter que «Le maintien des accords bilatéraux est vital pour de nombreuses entreprises, en particulier dans la situation actuelle».
L’accord bilatéral sur la libre circulation des personnes avec les 15 premiers Etats membres de l’UE est entré en vigueur le 1er juin 2002.
En septembre 2005, le peuple suisse a accepté son extension aux 10 pays qui ont adhérés à l’UE en 2004.
L’accord entre la Suisse et l’UE est limité à 2009. Alors que cette dernière le prolongera tacitement, il est soumis au référendum facultatif en Suisse.
Parallèlement à la reconduction de l’accord, la Suisse doit aussi se prononcer sur son extension aux deux nouveaux pays membres de l’UE, la Roumanie et la Bulgarie.
Le Parlement ayant décidé de lier les deux objets en un «paquet» unique, les citoyens suisses sont donc appelés le 8 février prochain à dire «oui» ou «non» au prolongement ET à l’extension de la libre circulation.

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