Le Bernois Edgar Brunner mis en cause dans l’affaire Elf
L'ancien patron de Frontier AG Bern, avait été mêlé à l'affaire des frégates vendues par la France à Taiwan. Aujourd'hui, le nom d'Edgar Hans Brunner est à nouveau cité. Mais, cette fois, dans le dossier Elf qui est actuellement jugé à Paris.
«J’ai été approché par Alfred Sirven en 1990. C’était le numéro deux d’Elf, une grande société pétrolière. Pourquoi aurais-je eu des soupçons?», raconte cet ancien juriste, actuellement à la retraite. Quelques mois plus tard, Frontier AG Bern signe un contrat de 160 millions de francs français avec la société Thomson. Son rôle? L’aider à vendre des frégates à Taiwan.
Interrogé par la justice genevoise en septembre 2000, Edgar Brunner ne fait pas de difficulté pour reconnaître que Frontier AG Bern n’était qu’une société-écran. A aucun moment, elle n’a travaillé dans le commerce des armes. Et les 160 millions de francs étaient destinés à Alfred Sirven, à Christine Deviers-Joncour, la maîtresse de Roland Dumas, et à Gilbert Miara, un autre ami de Christine Deviers-Joncour.
Mais Edgar Brunner ne s’est apparemment pas contenté de servir de prête-nom pour la vente des frégates. Le 9 juillet 1990, 4 millions de dollars sont partis de Rivunion, une petite banque installée à Genève, filiale d’Elf, vers les comptes de Frontier SA, une autre société d’Edgar Brunner, installée cette fois à Fribourg.
Frontier SA, comme Frontier AG Bern, n’est qu’une société-écran. Le 18 juillet 1990, les 4 millions de dollars repartent vers deux comptes ouverts à la banque Von Ernst et Cie à Berne. L’un des bénéficiaires est Alfred Sirven lui-même. L’autre, Mathieu Valentini, l’un de ses amis, aujourd’hui décédé. Simple hasard? Le contrat entre Thomson et Frontier AG Bern a été signé le 19 juillet 1990.
«Je suis fatigué de toutes ces histoires. Finalement, mon rôle de fiduciaires ne m’a jamais rapporté d’argent. Je n’ai eu que des ennuis avec Alfred Sirven», commente Edgar Brunner, joint jeudi à son domicile à Berne. Pourquoi avoir été choisi par Elf? Frontier AG Bern importait des calculettes japonaises en Suisse. Elle avait également vendu du lait suisse à Singapour. La société bernoise pouvait donc rendre vraisemblable l’existence de «contacts» en Asie.
Ian Hamel
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