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Le dimanche doit rester un jour sans travail

Le comité référendaire ne veut pas de shopping le dimanche. Keystone Archive

Les Suisses devront sans doute voter sur l’ouverture des magasins le dimanche. Un référendum a été officiellement lancé jeudi.

L’opposition à cette libéralisation du commerce, voulue par le gouvernement réunit syndicat, organisations de consommateurs, petits commerçants et milieux religieux.

Fin septembre, le Parlement avait accepté la proposition du gouvernement d’assouplir la Loi sur le travail. Ce faisant, le dimanche deviendrait un jour de travail comme les autres dans tous les commerces et services des gares et des aéroports.

Mais cette décision se heurte à une alliance de partis politiques, de syndicats, d’Eglises, d’organisations de consommateurs ainsi que de représentants des arts et métiers.

Contre la «tactique du salami»

Lors du lancement officiel du référendum, jeudi à Berne, les opposants ont souligné que l’ouverture des magasins le dimanche est un non-sens économique qui ne créera aucun emploi et désavantagera massivement les petits commerçants.

Le référendum est également dirigé contre une motion du Conseil des Etats (sénat) transmise au gouvernement et qui prévoit la généralisation de la libéralisation du travail dominical dans tous les secteurs.

Il ne faut pas que l’autorisation généralisée du travail le dimanche passe grâce à la tactique du salami, dénoncent les syndicats. Les assouplissements prévus aux interdictions qui ont été jusqu’ici la règle doivent être refusés.

Le prix à payer pour une généralisation du caractère ouvrable du dimanche serait trop élevé, plaident les syndicats Travail.Suisse et Syna.

La semaine, notamment, ne deviendrait qu’une suite informe de jours de travail et de congés, mettant en péril la cohésion sociale.

Il n’est cependant pas question de rejeter par principe le travail le dimanche, mais seulement de ne l’accepter que lorsqu’il existe des raisons justifiées, qu’elles soient techniques, économiques ou liées spécifiquement à l’activité exercée.

Pas de raison économique sérieuse



Une libéralisation des heures et des jours d’ouverture des magasins ne va ni augmenter le revenu disponible des ménages, ni les inciter à consommer davantage, souligne le député socialiste Alain Berset. Les ventes ne seront pas stimulées et il n’y aura aucune augmentation significative de la création d’emplois.

La nouvelle répartition des emplois pourrait même mener à une diminution du nombre des emplois dans les branches concernées.

Une enquête menée en Allemagne a en effet montré que la libéralisation des heures d’ouverture des commerces s’accompagne non seulement d’un transfert des achats vers le dimanche, mais également d’un transfert des emplois des magasins spécialisés vers les magasins à grande surface – ces derniers, fait essentiel, employant moins de main-d’œuvre.

Les petits et moyens magasins ne peuvent en effet pas étendre l’occupation de leur personnel à tous les jours de la semaine.

Selon Alain Berset, le projet de libéralisation des heures et jours ouvrables «est une attaque massive contre les commerces de détail». Selon le député, près de 95% des commerces suisses emploient en effet moins de 10 personnes.

En cas de dérégulation, ils ne seraient donc pas en mesure de supporter la concurrence des plus grands opérateurs du marché.

Le jour du Seigneur



Outre les organisations syndicales, politiques et de consommateurs, le comité comprend également la Commission nationale suisse ‘Justice et Paix’, représentante des Eglises.

Pour cette dernière, «Il s’agit de savoir dans quelle société nous voulons vivre demain». Les deux grandes Eglises du pays, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse et la Conférence des évêques suisses partagent l’inquiétude de voir le dimanche, jour de repos et de congé, «vidé de sa substance».

swissinfo et les agences

Le comité référendaire a jusqu’au 27 janvier pour récolter les 50’000 signatures nécessaires.
Les opposants espèrent atteindre ce but en 6 à 8 semaines.

– L’assouplissement de la Loi fédérale sur le travail prévoit d’autoriser le travail dominical dans les commerces sis dans les aéroports, ainsi que dans les gares qui attestent d’un chiffre d’affaires annuel d’au moins 20 millions de francs ou les gares revêtant une importance régionale.

– 25 centres ferroviaires seraient concernés.

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