Des perspectives suisses en 10 langues

Les banquiers suisses amadouent Washington

Le président de l'Association des Banques Suisses (ABS) a fait les yeux doux aux autorités américaines. Qui ont promis à Urs Roth un statut particulier.

Une clause gênante du Patriot Act ne devrait plus toucher la Suisse.

Urs Roth a passé quatre jours dans la capitale américaine pour faire le point sur la lutte contre le financement du terrorisme, présenter quelques doléances et évoquer le problème d’extraterritorialité posé par le Patriot Act.

Le président de l’Association des Banques Suisses a rencontré Jimmy Gurulé, le sous-secrétaire au Trésor chargé de la traque des fonds d’Al-Qaïda. Et il a eu des entretiens à la Réserve Fédérale, la banque centrale américaine.

Sans oublier un détour par le Congrès où il a discuté avec des élus de la Chambre et du Sénat, impliqués dans la politique étrangère et la législation bancaire.

Le meilleur allié

L’objectif était de «parler de questions que l’ABS trouve préoccupantes», a déclaré à swissinfo Urs Roth qui souligne cependant que «la Suisse est un très bon allié, voire le meilleur allié des Etats-Unis dans le combat contre l’argent du terrorisme».

Au premier rang des “questions préoccupantes”, le patron de l’ABS mentionne «la nécessité de trouver le bon équilibre entre la lutte contre la criminalité financière et la protection de la vie privée».

M. Roth déplore en effet qu’après les attentats du 11 septembre 2001, «certaines autorités essaient de profiter de l’occasion pour faire passer des lois qui heurtent le respect de la vie privée».

L’exemple le plus flagrant de ces dérapages lui semble être le cas de l’Allemagne qui oblige maintenant les banques à établir une connexion en ligne entre les comptes de leurs clients et le ministère des Finances.

Mais M. Roth évoque aussi une proposition de loi que l’Administration Bush envisage de soumettre au Congrès.

Cette proposition obligerait les banques à communiquer au ministère américain des informations sur les intérêts perçus par des clients étrangers ne résidant pas aux Etats-Unis et originaires de certains pays.

Pas de Patriot Act pour les banques suisses

M. Roth fait valoir qu’une telle mesure serait contraire aux lois existantes qui exonèrent d’imposition ce type de clients.

Cet ancien directeur juridique de l’UBS estime que les étrangers sont réticents à contester les mesures prises ou envisagées par les gouvernements allemand et américain parce que «personne ne veut être mis dans le même panier qu’Oussama».

Il indique néanmoins qu’il «s’attend à ce que les banques perdent des clients». Son message paraît avoir trouvé un écho auprès de ses interlocuteurs puisque «les responsables américains comprennent bien que la fuite de capitaux nuirait à l’économie de leur pays déjà mal en point».

M. Roth a également attiré l’attention du Département du Trésor sur une clause du Patriot Act, une loi adoptée juste après les attentats.

La clause en question autorise le gouvernement américain à saisir les fonds qu’un client “suspect” a confié à une banque étrangère, que ce client soit Américain ou non.

Jimmy Gurulé a noté le problème d’extraterritorialité soulevé par le Patriot Act. Le sous-secrétaire américain a même promis au président de l’ABS que cette clause ne serait pas appliquée à la Suisse.

swissinfo/Marie-Christine Bonzom à Washington

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision