Les docteurs du FMI au chevet de la Suisse
Aux réunions annuelles du FMI et de la Banque Mondiale à Washington, les experts estiment que la morosité de l'économie suisse va se poursuivre l'an prochain.
Pour accélérer la croissance, le FMI propose un remède de cheval.
Dans ses «Perspectives sur l’Economie Mondiale» publiées à l’occasion des réunions annuelles, le Fonds Monétaire International (FMI) fait état d’une stagnation de l’économie suisse.
En effet, le FMI estime que la croissance de la Suisse sera de 0,9% cette année, un taux inchangé par rapport à l’an dernier et inférieur de plus de deux points au chiffre de 2000.
A cause du recul des investissements
Si le FMI table sur un léger sursaut l’an prochain, la croissance ne devrait cependant pas dépasser 1,9%. Ce qui place la Suisse en retrait face à la zone euro dont l’économie devrait croître au rythme de 3,3% en 2003.
Par ailleurs, le FMI prévoit un taux de chômage de 2,7% cette année, soit une augmentation de 0,8%. Et selon le FMI, le chômage restera au même niveau l’an prochain.
L’organisation internationale explique que, bien que l’inflation demeure contrôlée en Suisse, à environ 1%, l’économie du pays a souffert du recul des investissements, de la diminution des exportations et de la hausse du franc.
«La production se situe en deçà du potentiel et les signes d’une reprise sont faibles», note le conseil d’administration du FMI, dans un rapport établi après la récente visite en Suisse d’une équipe d’économistes de l’institution.
Le FMI se réjouit, certes, de voir le gouvernement helvétique s’engager l’an prochain dans une politique visant la réduction de l’endettement et l’équilibre budgétaire. Mais il invite la Banque Nationale Suisse (BNS) à procéder à un resserrement monétaire.
Il demande aussi au gouvernement «d’éviter les dérapages dans la mise en oeuvre du budget». Il prévient que «la priorité doit être accordée à la limitation des dépenses, plutôt qu’au relèvement des impôts.»
Constituer une réserve
Au vu de la persistance du chômage, le FMI conseille aussi aux autorités suisses de «construire une réserve» de manière à préserver la caisse d’assurance-chômage des fluctuations des cotisations.
En ce qui concerne la gouvernance des entreprises et des banques, le FMI soutient l’action du gouvernement helvétique et salue la Suisse pour son combat contre le blanchiment de l’argent sale et sa participation à la lutte contre le financement du terrorisme.
Injecter plus de concurrence
Il encourage néanmoins les autorités suisses à surveiller plus étroitement les cabinets d’audit et demande à la Commission des Banques de faire plus d’inspections sur le terrain.
Le FMI souhaite aussi que le gouvernement «revoit le traitement préférentiel des banques cantonales et aille plus loin dans l’intégration de la supervision des banques et des compagnies d’assurance».
Face à la stagnation de l’économie suisse, les docteurs du FMI prônent un remède de cheval qui est en même temps une réforme en profondeur.
Il s’agit d’ «injecter plus de concurrence dans les secteurs protégés du marché intérieur». C’est-à-dire, notamment, libéraliser les télécommunications et l’énergie, et supprimer les subventions agricoles.
swissinfo/Marie-Christine Bonzom à Washington
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