Mort d’un Néerlandais très suisse

Alfred Heineken est décédé à l'âge de 78 ans. Habitué de la Suisse, il avait fait de l'entreprise familiale l'un des géants mondiaux de la bière.
La Suisse comptait en effet beaucoup pour Freddy Heineken, actionnaire majoritaire du brasseur du même nom, mort à son domicile de Noordwijk dans la nuit de jeudi à vendredi d’une pneumonie.
La deuxième fortune des Pays-Bas, avec un magot estimé à 4,3 milliards d’euros, possédait une maison à Saint-Moritz, en Haute-Engadine. C’est à Coire que l’une des bières du groupe, l’Amstel, était brassée. Au printemps 1994, Heineken avait racheté la majorité du capital de Clanda Heldengut, devenant ainsi le numéro deux sur le marché helvétique.
Le contrôle depuis Sion
Surtout, c’est à Sion, dans le Valais, que le magnat de la bière avait installé «L’Arche», société qui détient 25% de la multinationale Heineken et qui permettait d’en garder le contrôle.
Dans le privé, Alfred Heineken, dit Freddy, pouvait montrer le pire comme le meilleur de lui-même. Aimant les femmes, il ne ratait pas l’occasion de faire des plaisanteries misogynes. Malgré sa richesse, il pouvait se montrer à la limite de la pingrerie. Parfois grossier, il n’en était pas moins un proche, presque un intime, de la famille royale des Pays-Bas.
Professionnellement, Freddy Heineken aura fait de l’entreprise fondée par son grand-père en 1864, le numéro deux mondial de la bière, à peine détrôné il y a un an par le belge Interbrew. Heineken a surtout mis l’accent sur le marketing et la publicité, qu’il découvre dans les années quarante aux Etats-Unis.
Vendre de la gaieté
Il crée l’étiquette verte à étoile rouge qui n’a pratiquement pas changé depuis: «Je ne vends pas de la bière, mais de la gaieté», aimait-il à répéter. Président exécutif de 1971 à 1989, puis du Conseil des commissaires, Heineken n’a jamais quitté son groupe.
La célébrité lui a aussi occasionné un traumatisme: en novembre 1983, il est enlevé devant son bureau par quatre hommes armés. Il ne sera libéré que trois semaines plus tard, après versement d’une rançon.
Alain Franco, Bruxelles

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