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Petit Swissmetro veut devenir grand

Le train du futur à nouveau sur les rails. (Image: www.swissmetro.com) Swissmetro proposes high-speed transport thanks to futuristic technology

Avant de foncer à 500 km/h dans son tunnel, Swissmetro roulera bientôt en modèle réduit. Le financement de ce premier test est désormais assuré.

Du coup, Swissmetro SA renouvelle sa demande de concession pour Lausanne-Genève et présente une étude de faisabilité pour Bâle-Zurich.

Il y a six mois, personne ne donnait cher de l’avenir de Swissmetro SA. En décembre 2002, la société se voyait contrainte de diviser par vingt la valeur de ses actions et de se réorganiser en profondeur.

Puis en avril dernier, elle nommait à sa présidence un poids lourd du parlement fédéral. Parfait bilingue et patron de l’association faîtière nationale des petites et moyennes entreprises, Pierre Triponez semble l’homme idéal pour rallier ses pairs à la cause de ce projet futuriste.

«Un de mes devoirs, et un des buts que je me suis fixés, c’est de réveiller le monde politique», confirme le Radical (droite) bernois.

Vendredi, Pierre Triponez et ses collègues du conseil d’administration de Swissmetro SA présentaient à Berne leurs raisons de croire en l’avenir du projet.

Et celles-ci sont on ne peut plus concrètes.

Un petit train qui ne sera pas un jouet

HISTAR, tout d’abord. C’est le nom de code de la maquette au 1/10ème dont les ingénieurs ont absolument besoin pour poursuivre leurs études.

Prévue dès le départ, celle-ci a enfin trouvé son financement. Berne a accepté, via sa Commission pour la technologie et l’innovation, d’y injecter deux millions de francs.

Il s’agira de construire, sur le site de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) – véritable berceau de Swissmetro -, un tunnel de 50 cm de diamètre et de 500 m de long pour y tester le comportement d’une maquette du futur train.

«Il ne s’agit pas de nous offrir un beau jouet», précise Marcel Jufer, vice-président de l’EPFL. HISTAR permettra en effet de faire avancer la recherche fondamentale et de tester des maquettes d’autres types de véhicules à grande vitesse, qu’ils soient ferroviaires ou routiers.

Lausanne-Genève en 10 minutes pour 18 francs

Autre pièce nouvelle à verser au dossier Swissmetro: la nouvelle demande de concession pour le tronçon Lausanne-Genève.

Il y a quatre ans, le gouvernement avait prié les pères du projet de revoir leur copie, jugée peu convaincante sur le plan financier. C’est désormais chose faite.

Selon les calculs des experts de l’EPFL, cette première tranche coûterait 3,5 milliards de francs. La Confédération serait sollicitée pour un prêt à long terme de 1,2 milliards et les deux cantons de Vaud et de Genève pour 700 millions.

Le solde serait à trouver auprès des banques et des actionnaires de Swissmetro.

Pour ses calculs, Swissmetro est partie d’un billet Lausanne-Genève à 18 francs, afin de rester compétitif par rapport aux autres moyens de transport.

Ainsi, le tronçon parviendrait à équilibrer ses comptes en cinq ans et deviendrait rentable au bout de huit ans.

Bâle-Zurich en 15 minutes pour 20 francs

Mais Swissmetro ne tient pas à rester une idée purement romande. En même temps que cette nouvelle demande de concession, la société présente donc une étude de faisabilité technique pour un tronçon Bâle-Zurich.

En fait, il s’agirait ici de relier directement les aéroports des deux villes, avec des embranchements vers leurs gares centrales. Swissmetro mettrait ainsi Unique à 15 minutes d’Euro Airport et le ticket ne devrait pas coûter plus de vingt francs.

Avec les restrictions annoncées sur l’aéroport de Zurich et le détournement prévisible de certains vols sur Bâle, cette étude tombe à pic. Elle a d’ailleurs été demandée expressément par le gouvernement fédéral.

Reste à savoir comment trouver les 6,5 milliards de francs nécessaires…

L’indispensable volonté politique

Il est donc clair que Swissmetro ne se fera pas sans une bonne dose de volonté politique.

«Certains parlementaires sont assez positifs, note Pierre Triponez. Mais ils ont aussi des craintes et des doutes. Mon travail sera donc de leur prouver que le projet est effectivement réalisable. Et que pour le bien-être de la Suisse, ce pourrait être quelque chose de formidable.»

Alors qu’ils rêvent déjà d’un Eurometro, qui pourrait à terme remplacer les liaisons aériennes continentales, les promoteurs de Swissmetro restent très prudents lorsqu’il s’agit d’avancer des dates.

«J’ai toujours dit que j’aurais de la chance si je vois le premier coup de pioche de mon vivant», rappelle Rodolphe Nieth, qui inventa le concept il y a bientôt trente ans.

Quant à Pierre Triponez, il n’envisage pas le voyage inaugural avant 2025.

swissinfo, Marc-André Miserez

– Swissmetro SA est désormais présidée par le député Pierre Triponez, par ailleurs président de l’USAM, l’association faîtière des PME helvétiques.

– La société vient de déposer une nouvelle demande de concession pour le tronçon Lausanne-Genève, avec un plan financier entièrement revu.

– Dans le même temps, elle a réalisé une étude de faisabilité technique pour relier les villes et les aéroports de Bâle et de Zurich.

– Elle a également obtenu de Berne le financement pour une maquette au 1/10ème, indispensable pour étudier le comportement d’un train lancé à 500 km/h dans un tunnel sous vide d’air partiel.

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