Quatre étoiles: Le Soleil de Saignelégier

Notre série coups de coeur sur les restaurants de Suisse romande prend fin aujourd´hui avec le Café du Soleil, au coeur du Jura. Là où les paysans et les ouvriers du coin boivent leur demi à deux pas d´une exposition d´art contemporain.
Le Café du Soleil est né en 1980 de l’utopie de quelques jeunes subversifs qui rêvent de solidarité et d’ouverture. Ensemble, ils ont repris cette ferme-auberge de plus de deux siècles pour en faire un endroit pas comme les autres.
Pendant dix ans, il est exploité sur le principe du collectif autogéré. «Du pur et dur», ajoute Claudine Donzé, coordinatrice culturelle. Pas de hiérarchie, tous ont le même salaire. Les décisions se prennent en commun.
Mais très vite le Soleil dérange. Les concerts de free-jazz et les expos d’art contemporain heurtent les sensibilités locales. Le café va traverser plusieurs crises. Paradoxalement, la clientèle est toujours plus nombreuse.
Le groupe du début va changer. Plusieurs personnes s’en vont, d’autres arrivent. Et dans les années 90, on passe à un système différent. «L’autogestion, c’est bien tant qu’il y a de la passion. Cela ne peut pas durer toujours», lance Claudine Donzé.
Aujourd’hui, les salaires ne sont plus les mêmes pour tous. Mais le projet de départ n’est pas totalement oublié. Cinq responsables se partagent la gestion. Les décisions se prennent toujours en commun. La programmation culturelle est encore assumée par des bénévoles.
Il reste aussi la volonté d’ouverture. Dans les activités culturelles, notamment par Internet. En décembre, une opération multimédia unique a été organisée. Une rencontre entre le Café du Soleil et Le Molière de Belfort, en France voisine. Un écran et des micros posés sur les tables ont permis aux clients de communiquer en dégustant le même menu.
Volonté d’ouverture qu’on retrouve dans les plats aussi. Tous les soirs de pleine lune, Maïté, la cuisinière, prépare le couscous. Une tradition qui dure depuis des années. La cuisine quotidienne est familiale. Elle est préparée le plus souvent avec des produits de la région.
Aujourd’hui, le café est reconnu. Il a surmonté ses nombreuses crises. Plus que cela. Il se développe. Une salle polyvalente vient d’être aménagée. Elle s’ajoute à la galerie d’art, aux chambres d’hôtel et bien sûr au bistrot.
Parce qu’au-delà des projets culturels, il ne faut pas oublier le bistrot. Le vrai. Avec son pinard et ses mégots. «Un endroit où on cause», ajoute Maïté. Finalement, c’est lui qui donne toute sa vie au Café du Soleil.
Alexandra Richard

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