La voix de la Suisse dans le monde depuis 1935
Les meilleures histoires
Démocratie suisse
Les meilleures histoires
Restez en contact avec la Suisse

RETROSPECTIVE 1999: les banques suisses attirent encore l’argent des dictateurs

Marcos, Bongo, Suharto, Abacha, Salinas, Lazarenko, la liste est interminable. Les chefs d'Etats étrangers apprécient toujours le charme des coffres helvétiques pour y cacher les fonds publics qu’ils ont détournés.

Marcos, Bongo, Suharto, Abacha, Salinas, Lazarenko, la liste est interminable. Les chefs d’Etats étrangers apprécient toujours le charme des coffres helvétiques pour y cacher les fonds publics qu’ils ont détournés. A chaque fois qu’un dictateur tombe, les yeux se tournent vers les banques suisses.

Malgré le récent renforcement de la législation anti-blanchiment, l’argent des dictateurs du tiers-monde afflue encore en Suisse. Les nombreuses affaires qui ont éclaté cette année le prouvent. Les sommes en jeu sont énormes. Rien que pour l’ex-général nigérian Sani Abacha, la dernière affaire en date, 550 millions de dollars sont actuellement bloqués dans une dizaine de banques helvétiques.

Mais il n’y a pas que les dictateurs du tiers-monde qui privilégient la Suisse. Les dossiers concernent aussi l’Europe. L’Italie bien sûr (Bettino Craxi), mais aussi la France et l’Allemagne (dossiers Elf, Roland Dumas et Helmut Kohl), l’Espagne (Luis Roldan), la Russie ou l’Ukraine.

Comme la place financière helvétique dispose de professionnels reconnus, fiables et discrets, elle reste un lieu prisé par les politiciens ou les chefs d’Etats. Il est vrai que le fameux secret bancaire suisse a fait la réputation de ses établissements au niveau planétaire. Pourtant, il n’est pas absolu. Ainsi, si une enquête pénale est ouverte, le juge peut demander la levée du secret. En outre, contrairement à la légende, les comptes anonymes n’existent pas en Suisse. Le banquier a l’obligation de connaître l’ayant droit économique de l’argent déposé.

Les spécialistes estiment que les véritables forteresses pour dissimuler des fonds sont ailleurs. Elles s’appellent Londres, Vienne ou Gibraltar. «Au Liechtenstein, certains comptes bancaires sont si secrets que parfois ils s’évaporent», ironise un enquêteur. Mieux, dans des paradis fiscaux des Caraïbes, il est plus facile d’acheter une banque que de la cambrioler.

Le problème c’est que certaines banques helvétiques acceptent avec un peu trop de complaisance ce type d’argent. Pourtant, début 1998, la Commission fédérale des banques a envoyé une circulaire pour demander aux établissements bancaires de refuser les sommes provenant de détournement de fonds publics et d’examiner attentivement leurs relations avec les hauts responsables d’Etats étrangers. Mais, dans la plupart des cas, ce n’est qu’après la destitution d’un dictateur que les banques s’inquiètent.

Luigino Canal


Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision