RETROSPECTIVE 1999: quel avenir pour la Bourse suisse?
Les entreprises se sont lancées dans une course aux alliances pour satisfaire leurs actionnaires. Mais la mondialisation ne connaît pas de limites et ce sont les Bourses elles-mêmes qui risquent de disparaître dans des fusions mondiales.
Va-t-on assister à une nouvelle version de l’arroseur arrosé? Les entreprises se sont lancées dans une course aux alliances pour satisfaire leurs actionnaires. Mais la mondialisation ne connaît pas de limites et ce sont les Bourses elles-mêmes qui risquent de disparaître dans des fusions mondiales.
Pour les Européens, il faudra s’unir pour éviter d’être avalés car, de l’autre côté de l’océan, les choses bougent. Le Nasdaq, la Bourse électronique américaine des valeurs high tech, s’attaque au Vieux Continent. Il a annoncé la création d’un Nasdaq Europe pour la fin 2000, puis d’un Nasdaq Japon. A terme, c’est la naissance d’une Bourse mondiale opérationnelle 24h sur 24 qui est prévue.
Devant cette menace, huit Bourses européennes (Amsterdam, Bruxelles, Francfort, Londres, Madrid, Milan, Paris et Zurich) ont conclu une alliance pour créer une structure commune dès novembre 2000. Mais il ne sera pas simple de concilier les diverses pratiques en vigueur. Ainsi, il y a encore des divergences sur des points en apparence banale, tels que les horaires d’ouverture. Cela illustre bien les difficultés qu’il faudra surmonter pour mettre en place un réel marché européen unifié des capitaux.
Face à ces grandes manoeuvres, le droit de timbre fédéral que doit appliquer la Bourse suisse (SWX) sur les transactions boursières est un handicap important qui lui fait perdre du terrain par rapport aux places étrangères. Une part considérable du marché boursier helvétique est en train de se déplacer à l’étranger: alors que 249 sociétés étrangères étaient cotées sur la SWX en 1993, il n’en reste que 177 aujourd’hui. Ce phénomène de délocalisation touche également les actions suisses qui filent vers Londres. Entre 1996 et 1998, le volume d’échanges des titres helvétiques à la City a quintuplé. La SWX n’a pas le choix. «L’avenir se trouve dans une collaboration avec d’autres partenaires», répète constamment Antoinette Hunziker-Ebneter, directrice de la SWX.
En fait, si le secteur est en pleine effervescence, c’est à cause de la pression exercée par Internet. Ce réseau planétaire est en train de rebattre les cartes de la concurrence. Par un simple clic, quiconque peut intervenir sur les marchés financiers en temps réel et gérer directement son portefeuille. Actuellement, plus de 30 pour cent des transactions sur le Nasdaq s’effectuent par le biais de réseaux de communication électroniques. Moins chères et plus rapides, ces Bourses virtuelles sont appelées ECN par les spécialistes. En Suisse, les transactions sur Internet représentent déjà plus de 10 pour cent des échanges. Ces nouvelles formes d’exécution des ordres pourraient bien mettre tout le monde d’accord en avalant l’ensemble des Bourses de la planète.
Luigino Canal
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