Une banque suisse met l’eau à la Bourse
Une banque privée de Genève, Pictet & Cie, innove: elle lance le premier fonds de placement international dans le secteur de l’eau. L’entrée en bourse de cet élément naturel montre bien où se situent désormais les grands enjeux de la vie quotidienne.
Une banque privée de Genève, Pictet & Cie, innove: elle lance le premier fonds de placement international dans le secteur de l’eau. L’entrée en bourse de cet élément naturel montre bien où se situent désormais les grands enjeux de la vie quotidienne.
La demande en eau est en constante augmentation, les services des eaux ont de plus en plus de difficultés à maintenir leurs niveaux de prestation, ce secteur est en train de se restructurer et de se privatiser à une allure rapide, l’arrivée en bourse et l’internationalisation des nouvelles sociétés spécialisées ainsi créées prend de l’ampleur, bref la Banque Pictet & Cie ne manque pas d’arguments pour expliquer cette initiative originale.
Ce nouveau fonds de placement international est constitué de 80 titres dont les deux tiers sont des sociétés actives dans la distribution et le traitement de l’eau. Le tiers restant inclut des fournisseurs d’équipements ou diverses activités comme la chimie de l’eau et le contrôle antipollution, et, dans une très petite proportion (2 pour cent seulement) les eaux minérales ou en bouteille. La banque précise qu’elle n’investira que dans les seules sociétés dont le secteur de l’eau représente au moins 20 pour cent de leur chiffre d’affaires.
Voilà une information dont la symbolique déborde largement le champ de la finance. Depuis des années, les spécialistes en hydrologie annoncent que «l’eau à la carte, c’est fini». Les statistiques laissent penser en effet que la consommation mondiale d’eau va doubler, peut-être même tripler d’ici cinquante ans. Si l’on applique cette règle élémentaire du marché qui veut que les prix d’une denrée augmentent lorsqu’elle se fait rare, l’eau devrait donc désormais faire l’objet de spéculations comme n’importe quel produit.
La Banque Pictet & Cie n’imagine pas un tel scénario. Parce que dans un domaine aussi sensible il y aura toujours des régulations gouvernementales. Et parce que son initiative repose sur une démarche éthique. Ce qu’elle propose, dit-elle, est précisément une alternative à la spéculation en même temps qu’un moyen de sensibiliser le monde de la finance à des enjeux environnementaux.
Bernard Weissbrodt
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