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Flambée des cours du cacao et prix du chocolat en question

La première des deux récoltes de fèves de cacao n'a pas été bonne. Reuters

Selon les fabricants suisses de chocolat, la flambée des cours du cacao pourrait engendrer une hausse des prix à la consommation.

Ceci s’explique en partie par l’attentat manqué contre le Premier ministre ivoirien et la crainte d’une escalade de la violence dans le pays, premier producteur de cacao au monde.

Selon l’Organisation Internationale du Cacao (ICCO), le cours du cacao sur le marché mondial est en constante progressions depuis le début de l’année. Début juillet à Londres, le cours de la fève a atteint son plus haut niveau depuis quatre ans.

Mais le géant alimentaire Nestlé, qui possède notamment la marque Cailler, estime que cette hausse des cours n’aura pas de répercussion sur la marche de ses affaires.

La multinationale veveysane, qui possède deux usines en Côte d’Ivoire, indique que ses besoins en cacao sont en grande partie couverts pour cette année et qu’elle ne voit aucune raison de revoir son objectif de croissance de 5 à 6% pour 2007.

Reste que le porte-parole de la société François-Xavier Perroud admet tout de même que si le prix du cacao devait rester aussi élevé, les consommateurs pourraient tout de même finir par payer leur chocolat plus cher à l’avenir.

«Dès lors que vous vous retrouvez en situation de pénurie, dit-il, il est évident que vous répercutez une partie de la hausse des prix sur les consommateurs.»

Un climat défavorable

Premier producteur mondial de chocolat basé à Zurich, Barry Callebaut – qui possède également deux usines en Côte d’Ivoire – estime que ces prix élevés sont susceptibles de se maintenir pour un certain temps

La première des deux récoltes annuelles en Afrique de l’Ouest n’a en effet pas été bonne. En cause, une mauvaise pluviométrie qui a notamment engendré une très mauvaise récolte dans la région de Daloa. Celle-ci produit 25% du cacao ivoirien.

Pour la porte-parole de Barry Callebaut Josiane Kremer, ce contexte peut sans aucun doute déboucher sur une hausse des prix à la consommation. Mais il est trop tôt pour savoir dans quelle proportion.

De côté de Lindt et Sprüngli, on indique que l’analyse du marché du cacao suit son cours et qu’il est impossible de déterminer aujourd’hui si les prix à la consommation vont augmenter.

Les spéculations boursières

Franz Schmid, directeur de l’union suisse des fabricants de chocolat, Chocosuisse, admet que si le cours du cacao continue de monter, les fabricants devront répercuter cette hausse sur les consommateurs. «Une élévation des prix devient inévitable», reconnaît-il.

Dans son analyse trimestrielle, l’Organisation Internationale du Cacao (ICCO) à Londres prévoit un déficit global de cacao pour cette année. Selon elle, la production globale va chuter de 7,4% à 3,44 millions de tonnes alors que la demande va augmenter de 1,8% à 3,55 millions de tonnes.

Pour Laurent Pipitone, statisticiens de l’ICCO, les spéculations boursières de la part de certains courtiers participent également à la flambée des prix. Toujours selon lui, il reste difficile d’évaluer les réelles répercussions car certains indicateurs annoncent un surplus de cacao pour 2008.

swissinfo, Adam Beaumont

Les plus grands producteurs mondiaux de cacao sont la Côte d’Ivoire, le Ghana et l’Indonésie. Près de 90% de la production provient de petites plantations de moins de cinq hectares.

L’ICCO estime à plus de 2,5 millions les petites entreprises productrices de cacao dans le monde.

Les fabricants suisses de chocolat ont enregistré l’an dernier des ventes records de 1,53 milliard de francs suisses, notamment en raison d’une augmentation marquée des exportations, selon Chocosuisse.

Après la guerre civile de 2002-2003, le pays s’est retrouvé divisé en deux, le nord contrôlé par les rebelles et le sud par les troupes du gouvernement. Les derniers accords de paix ont été signés à Ouagadougou début mars.

Selon un rapport de l’organisation de lutte contre la corruption Global Witness, les rebelles et le gouvernement ont utilisé la production du cacao pour financer la guerre.

Le Suisse Walter Kälin, délégué spécial de ONU pour les droits humains des déplacés, vient juste de terminer une visite de cinq jour en Côte d’Ivoire. Il demande à la communauté internationale des moyens supplémentaires pour assurer la sécurité et le retour des déplacés ivoiriens dans leur village.

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