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Gelson Fernandes, Cap Vert - Sion - Manchester

Gelson Fernandes utilise la technique pour rester en contact journalier avec la Suisse swissinfo.ch

Le milieu de terrain de Manchester City et de l'équipe de Suisse a reçu swissinfo à Manchester au rythme du Zouc et du Funana, musiques de prédilection du Cap Vert.

Ce contenu a été publié le 23 avril 2008

Né il y a 21 ans dans ces îles au large du Sénégal, Gelson Fernandes est arrivé en Valais à l'âge de cinq ans et a fait toutes ses gammes de footballeur au FC Sion. Depuis près de six mois, sa carrière explose.

T-Shirt et survêtement bleus aux couleurs de son club des Citizens, Gelson Fernandes garde un œil sur l'écran de son ordinateur portable où les courriels se succèdent à un rythme effréné. Les nouveaux moyens de communication sont bien utiles pour tromper la solitude d'un footballeur exilé.

Téléphone portable dans une main et presse du jour dans l'autre, le jeune milieu de terrain de Manchester City vient de terminer le repas du soir en compagnie de ses coéquipiers. Demain, City affronte l'Arsenal de son coéquipier de l'équipe de Suisse Philippe Senderos et Gelson Fernandes doit encore aller se faire masser avant de se laisser aux bras de Morphée.

Sion-Manchester, aller simple

Transféré l'an dernier à Manchester, l'ancien joueur du FC Sion a réussi à s'imposer comme titulaire indiscutable dans son rôle de demi-défensif. Il y a des signes qui ne trompent pas: son club vient de lui trouver un nouvel appartement, un joli duplex non loin du centre-ville de la cité mancunienne.

Il sourit, Gelson, comme il en a l'habitude. Mais là, il a vraiment de quoi: «Je voulais jouer en Angleterre et j'y suis. Ici, c'est mon football. Il y a une grosse intensité physique et des accélérations à répétition. Je suis encore trop brouillon pour jouer en Italie ou en Espagne. Ici, j'ai ma place.»

Sortir les crocs

Tout va bien, d'accord. Mais son passage du FC Sion à Manchester City s'est davantage fait dans la douleur que dans la douceur.

«Quand tu débarques dans une équipe où il y a trente joueurs et que 25 d'entre eux sont internationaux dans leur pays, tu es obligé de te battre pour faire ton trou. Il faut sortir les crocs et ne pas penser une seule seconde que tu es le petit Suisse, sinon tu es foutu.»

Dans ce monde, pas de place pour celui qui se plaint et qui baisse les bras. Pas de pitié non plus pour les mauvaises performances. Oublié le cocon de Tourbillon où Gelson était l'enfant chéri du club. Où son papa est toujours concierge du stade. Le changement de statut est, disons... «vertigineux».

«Quand tu débarques, d'abord, tu n'es même pas convoqué pour le match. Et le jour où tu reçois ta chance, tu dois prouver... prouver à ton nouveau club qu'il ne s'est pas trompé en misant sur toi et montrer que tu es capable de jouer à ce niveau. Pour moi, ce test a eu lieu contre Porthmouth. Et Dieu merci, tout s'est bien passé. Depuis, les choses sont devenues plus simples, mais je dois continuer à me battre.»

Par ailleurs, Gelson a dû se faire à un nouveau pays, une nouvelle mentalité. Se déplacer, faire des papiers ou les courses, tout est plus compliqué dans un environnement inconnu. A cela s'ajoute le manque ressenti envers les proches, principalement les parents, le frère, la sœur.

En six mois, Gelson Fernandes a cependant réussi à trouver ses repères: «Je peux enfin dire que je me sens vraiment à l'aise dans ce club et dans cette ville».

De l'autre côté de l'Océan

Six mois, c'est aussi le temps qu'il lui a fallu pour ne plus être impressionné par les montagnes et la neige à son arrivée en Suisse. «Je me rappelle que je suis arrivé en train depuis Paris et que cette vision m'a marqué.»

A ce moment-là, Gelson Fernandes avait cinq ans. Il venait de quitter le soleil de son Cap Vert natal pour rejoindre, avec maman, son père arrivé en Suisse quelques années plus tôt. «Quand tu joues avec les autres gamins, tout va très vite. Et puis quand tu es petit, tu vis les choses différemment. Après quelques mois je me sentais valaisan.»

Des souvenirs de sa prime enfance? Gelson n'en a pas trop. «Mis à part que j'aimais déjà courir et taper dans un ballon. Et la mer aussi.. Ouais, l'océan, immense. Ce dont je suis sûr, c'est que ces cinq ans ont été très importants dans ma construction personnelle.»

Il retourne d'ailleurs régulièrement au Cap Vert pour se ressourcer. Et il y sera sûrement juste avant juin pour faire le vide avant le grand saut dans l'Euro.

«Le Cap, c'est l'océan, le sable, la plage, les poissons, les plats à base de maïs, qui me manquent tellement, et surtout, une grande joie de vivre. Quand j'arrive, je vais tout de suite embrasser mes deux grands-mères, Zita et Marie-José. Et puis là-bas, les gens attendent Gelson, pas Fernandes qui joue à Manchester City. A mes yeux, la grande différence avec l'Europe, c'est que dans ces îles, les gens savent être heureux avec ce qu'ils ont!»

Voyager en musique

Premier capitaine de couleur d'une équipe nationale junior, membre à part entière du groupe qui va jouer l'Euro, Gelson Fernandes dit se sentir Suisse. Mais il revendique avec ardeur ses origines africaines.

«C'est important pour moi. Regardez ma peau, on voit tout de suite d'où je viens. C'est ma culture, mes racines. D'ailleurs, il ne se passe pas une seule journée sans que je voyage quelques instants de l'autre côté de l'Océan. Un peu de Zouc ou de Founana et je suis dans ma bulle. Dans ces moments-là, rien ne peut me perturber.»

Suisso-valaisan-capverdien! Le mélange est détonnant: la mer et les montagnes, le soleil et la neige, l'audace et la raison, le plaisir et la conséquence, le rythme et la sérénité. C'est tout cela qui le fait avancer. Et personne ne sait où il s'arrêtera.

swissinfo, Mathias Froidevaux à Manchester

Gelson Fernandes

Gelson Fernandes est né le 2 septembre 1986 au Cap-Vert.
Formé au FC Sion, il a disputé 99 matches en Ligue nationale et en Super League, le premier le 26 avril 2003 contre Lucerne (1-1).
Son transfert à Manchester City, le 14 juillet 2007, pour 9,1 millions de francs est le second transfert le plus cher pour un joueur suisse après celui de Patrick Müller, de Servette (1998) à la Juventus de Turin (12 millions).
Gelson Fernandes compte aujourd'hui huit sélections en équipe de Suisse, dont la première en août 2007 contre les Pays-Bas.
Polyglotte, Gelson Fernandes parle sept langues dont l'italien, le portugais, le français, l'allemand, l'anglais, le créole et l'espagnol (un peu)

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MANCHESTER CITY

Manchester City a été fondé en 1887. Surnommé les Citizens, ses joueurs évoluent depuis 2003 dans un nouveau stade de 48'000 places.

Le club a remporté à deux reprises le championnat d'Angleterre (1937 et 1968) et quatre Coupes. Il n'a jamais réussi à se mettre en évidence au niveau européen.

Racheté par l'homme d'affaires et ancien premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, dirigé par Sven-Goran Eriksson, Manchester City pointe en haut du classement.

L'an dernier, le club a déboursé 9,5 millions de francs pour faire venir le jeune milieu de terrain défensif suisse Gelson Fernandes. Il s'agit du second plus grand montant déboursé par un club étranger pour un joueur suisse (la Juventus avait donné 12 millions pour Patrick Müller).

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